Mgr Follo, 28 juin 2020 © Anita Sanchez

Mgr Follo, 28 juin 2020 © Anita Sanchez

« La joie est la force pour prendre une décision », par Mgr Follo

Une invitation « à tout donner pour avoir encore plus »

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« La joie est la force pour prendre une décision », explique Mgr Francesco Follo dans son commentaire des lectures de dimanche prochain, 26 juillet 2020 (17ème dimanche du temps ordinaire – Année A).

L’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris (France), ajoute l’invitation « à tout donner pour avoir encore plus ».

Comme lectures patristiques, Mgr Follo propose un commentaire d’Origène sur l’évangile de Matthieu (10, 9-10) et un commentaire de saint Jean Chrysostome sur saint Matthieu.

AB

La joie est la force pour prendre une décision

1) Dieu et son Royaume.

En ce dimanche également, le Christ nous parle à travers des paraboles où le Royaume de Dieu est comparé à un trésor caché dans les champs (Mt 13,44), à un marchand à la recherche de perles précieuses (Ibid. 13,45), à un filet jeté dans la mer (Ibid 13,47) de la vie. Ces trois courts récits révèlent le désir de Dieu : que l’homme accepte ce Royaume qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 17) et se l’approprie, en assumant aussi la responsabilité que la grandeur du don que le Royaume implique.

Les thèmes de ces trois paraboles sont intéressants. Les deux premières sont centrées sur le trésor et sur les perles précieuses : le grand rêve de l’homme est de trouver quelque chose de précieux qui donne un sens à sa vie. Il y a une recherche ou aussi une non-recherche, une rencontre inattendue avec quelque chose qui a une très grande valeur. Il y a donc un « trouver », mais les paraboles mettent l’accent sur un autre point : la décision. En effet, aussi bien ceux qui cherchent, parce que le commerçant cherche et trouve, que ceux qui ne cherchent pas – le paysan ne cherche pas le trésor, il ne fait que travailler le champ et le trouve – tous les deux sont appelés à prendre une décision pour ce qu’ils ont trouvé. Et cette décision est dictée par la joie. La joie est la force de la décision.

En plus d’être comparé à une graine qui a la force de pousser là où elle trouve un sol fertile (Evangile du dimanche dernier), le Royaume de Dieu est présenté avec l’image d’un « trésor caché dans un champ » et « une perle de grande valeur », pour lesquelles il vaut la peine de se priver de tout pour s’en approprier. Dans ces paraboles de Jésus, nous trouvons les deux « extrêmes » à tenir ensemble et à l’intérieur desquels prendre nos décisions les plus importantes, car ils rendent notre vie vraiment évangélique : la grâce et la responsabilité. La grâce réside dans le fait que le trésor et la perle précieuse existent comme donnés, de sorte que leur recherche n’est pas vaine. La responsabilité réside dans le fait que le cadeau « acheté » doit être gardé et partagé.

Et c’est de la responsabilité que la troisième parabole d’aujourd’hui parle. Regardons cela de plus près. Le Royaume est comparable à un filet : c’est un grand filet qui est jeté à la mer et tiré. Et ce filet pêche les poissons. Maintenant les poissons attrapés de l’eau meurent, les hommes attrapés par l’eau vivent. Tout homme est recueilli dans ce filet qui, après tout, est l’annonce de la Parole de Dieu proposée à tous. C’est l’Église où tout le monde est accueilli dans ce filet et où on ne regarde pas si la personne est bonne ou mauvaise : le salut est pour tous et toutes.

Ce filet qui attire les hommes signifie que le Royaume des cieux est le salut miséricordieusement offert à chaque homme. Mais il faut « utiliser » cette miséricorde de manière responsable. Le filet accueille tout le monde, la communauté ecclésiale accueille tout le monde. Si nous n’accueillons pas chacun, nous jetons nous-mêmes dehors.

Cette parabole est un appel à la responsabilité de vivre la miséricorde. Et ici, nous gardons à l’esprit que la miséricorde vivante est un engagement plus grand que vivre la justice et qu’il ne néglige pas la justice.

Dieu est miséricorde, et ce qui compte, c’est la miséricorde. C’est précisément pour cette raison que si nous n’avons aucune pitié, nous ne sommes pas de vrais chrétiens, car le Christ, trésor incalculable et perle précieuse, est le Roi de Miséricorde.

En effet, le Royaume des cieux, source de paix, de vérité et d’amour, consiste dans la charité, la paix, l’harmonie, la joie et le salut donnés par Dieu aux hommes, en son fils, Jésus-Christ le Seigneur. C’est une nouveauté absolue dans notre histoire, pour laquelle il faut se décider promptement et de manière radicale : tel est le message des deux premières paraboles « jumelles » du trésor et de la perle. Pensons par exemple à Zachée qui « aussitôt descendit de l’arbre, rentra chez lui et y reçut Jésus avec joie, lui offrant la moitié de ses biens pour les pauvres » (cf. Lc 19,6-8), ou à la Samaritaine qui, dans la joie, aussitôt « laissa sa cruche, revint en ville et dit aux gens : j’ai rencontré le Sauveur » (cf. Jn 4,28-29).

 2) Préciosité et joie du Royaume.

L’évangéliste souligne aujourd’hui deux caractéristiques du Royaume : le caractère précieux (« le Royaume des cieux est comparable à un trésor… ; le Royaume des cieux est comparable à un négociant à la recherche de perles fines ») et la joie (« l’homme… dans sa joie, va… et achète ce champ ») pour le bien suprême qu’il a trouvé même s’il ne le cherchait pas expressément.

En effet, le paysan et le négociant trouvent des trésors de manières différentes. Le premier le trouve par hasard, parmi les ronces et les pierres, dans un champ qui ne lui appartient pas et il est complètement surpris. Le second trouve la perle parce qu’il est un connaisseur passionné et qu’il sait bien ce qu’il cherche. Dans toutes les situations, il est possible pour tous de rencontrer Dieu et d’être rejoints par lui.

Après avoir trouvé le trésor, l’homme rempli de joie va, vend tout ce qu’il a et achète ce champ. La joie est le premier trésor qu’offre ce trésor. Dieu nous séduit encore parce qu’il parle le langage de la joie qui met en mouvement, qui presse, qui pousse à décider : « l’homme suit la voie où son cœur lui dit qu’il trouvera le bonheur » (saint Augustin). La joie durable est le signe que tu avances bien, sur le bon chemin.

Nous n’avançons pas dans la vie à coups de volonté, mais pour une passion, pour découvrir des trésors (là où est ton trésor, c’est là que court ton cœur, heureux : cf. saint Augustin) ; avançons parce que nous sommes amoureux et pour la joie qui en naît. Celui qui marche vers ce qu’il aime, vers celui qu’il aime : Jésus-Christ.

Trouver le trésor ou la perle fait de nous des paysans ou des négociants qui ont de la chance. Nous ne devons pas nous en vanter, parce que, en dernière analyse, c’est un don gratuit de Dieu. Un don doit être source, non pas de vantardise, mais de gratitude et de sens de la responsabilité. Nous devons dire merci à celui qui nous a fait « buter » sur un trésor, ou plutôt sur de nombreux trésors, le long de nombreuses routes, de nombreux jours de notre vie. Si nous regardons notre vie, une chose est claire : nous avons beaucoup cherché, dans beaucoup de livres, auprès d’un grand nombre de personnes, nous avons beaucoup cherché mais je n’ai rien trouvé de mieux. On n’a vraiment rien trouvé de mieux que le Christ et l’Église. Tout vendre pour le Christ est la plus belle affaire de notre vie. Parce que cela en a fait une vie intense, vibrante, passionnée, joyeuse et pacifiée et, j’espère aussi, au moins un peu, quelque chose qui serve à quelqu’un. Nous avons compris que renoncer pour le Christ, c’est fleurir. Choisir le Christ n’est pas un devoir purement et simplement, c’est choisir un trésor qui est plénitude d’humanité, de paix et de force, de surprise, d’enchantement et de résurrection. Dieu n’est pas une obligation, c’est une perle.

Soyons reconnaissants envers le Seigneur, parce qu’avec lui, la vie n’est jamais ordinaire, jamais banale ; avec lui, la vie est étonnement, amour, paix, joie.

3) Pour le Christ, nous sommes le trésor et la perle

Je crois que je ne détourne pas la signification des paraboles de ce jour en affirmant que pour le Christ, nous sommes le trésor et la perle, qu’il nous rachète avec la « pièce de monnaie » de sa vie totalement offerte pour nous.

Il est le négociant et le paysan, il cherche dans le champ de notre vie : pour chacun de nous, pour tous nos frères et sœurs. Il renouvelle notre cœur et, de ce cœur de pierre, il fait un cœur de chair, un cœur bon, un cœur attentif. C’est notre champ qui fait murir des trésors, en nous et pour les autres, qui fait fleurir la rose qu’est notre monde.

La troisième parabole parle du filet qui ramène tout et ensuite, les pêcheurs s’assoient pour choisir les poissons. Cela nous rappelle nous aussi, nous sommes tous comme des pêcheurs : dans notre vie, dans notre cœur, nous avons ramassé de tout, nous avons fait sortir de bonnes choses et d’autres qui ne valaient rien.

C’est désormais le temps de l’intelligence du cœur, le moment de discerner, de conserver mais aussi de se libérer de ce qui fait mal.

C’est désormais le temps de faire ce que nous le suggère la dernière image de l’Évangile de ce jour : faire comme le scribe devenu disciple, qui sort de son trésor de l’ancien et du nouveau.

Aujourd’hui, nous recevons cette bonne nouvelle : tous les disciples ont un trésor, personne n’en est privé. Nous sommes donc fortement invités à regarder en nous-mêmes, dans nos archives intérieures si riches d’événements, de paroles, de rencontres et de bonheur, de personnes qui sont des trésors, d’expériences que nous oublions, que nous ne savons pas goûter, que nous gaspillons et que nous ne savons pas faire grandir.

Tandis que nous osons dire, pendant la messe, le « Notre Père », aujourd’hui, osons encore demander à Dieu notre Père des trésors non mérités. Il nous en a déjà donné tant. Demandons-lui aussi le don d’avoir des yeux qui regardent en profondeur, comme le scribe attentif. Des yeux qui sachent voir dans les mailles de notre filet les trésors amassés dans notre vie, qu’elle soit longue ou brève, les talents reçus, les personnes rencontrées.

Que ce cœur, devenu bon de la bonté du Christ, soit en nous reconnaissant comme celui d’un enfant.

4) Des perles qui ont tout donné pour la Perle

L’offrande de soi à Dieu, que nous reconnaissons dans la perle, concerne tous les chrétiens, parce que nous lui sommes tous consacrés par le baptême. Nous sommes tous appelés à nous offrir au Père, avec Jésus et comme Jésus, en faisant de notre vie un don généreux, en famille, au travail, par notre service dans l’Église, dans les œuvres de miséricorde. Toutefois, cette consécration est vécue de manière particulière par les religieux, les moines, les femmes consacrées dans le monde, qui ont choisi d’appartenir à Dieu de façon totale et exclusive. Entièrement consacrées à Dieu, ces femmes sont entièrement remises à leurs frères et sœurs, pour porter la lumière du Christ dans le monde et pour répandre l’espérance dans les cœurs découragés. Le signe particulier qui indique ce type de consécration est le voile, que l’Évêque mets sur leur tête en disant : « Recevez ce voile, signe de votre consécration ; n’oubliez jamais que vous êtes vouées au service du Christ et de son Corps, qui est l’Église » (Rite de consécration des vierges, n 25.

Ainsi comprise et vécue, la vie consacrée apparaît vraiment comme ce qu’elle est réellement : c’est un don de Dieu, un don de Dieu à l’Église, un don de Dieu à son peuple ! Toute personne consacrée est un don pour le peuple de Dieu en chemin.

En un certain sens, la vie consacrée porte à la surface ce qui appartient à tous, se faisant à la fois mémoire et prophétie, attente et anticipation dès maintenant de ce qui viendra. C’est de cette façon que la vie consacrée rend son service le plus important : se faire transparente à l’Évangile – à la racine de l’Évangile, interpellant ainsi tous les chrétiens, quel que soit le choix qu’ils ont fait.

 

Lecture patristique

Origène (+ 253)

Commentaire sur l’évangile de Matthieu (10, 9-10)

(GCS 10, 10-11) 

A l’homme qui recherche de belles perles (Mt 13,45), il faut appliquer les paroles suivantes: Cherchez et vous trouverez, et: Celui qui cherche, trouve (Mt 7,7-8). En effet, à quoi peuvent bien se rapporter cherchez et celui qui cherche, trouve” ? Disons-le sans hésiter : aux perles, et particulièrement à la perle acquise par l’homme qui a tout donné et tout perdu. A cause de cette perle, Paul dit : J’ai accepté de tout perdre afin de gagner le Christ (Ph 3,8). Par le mot tout il entend les belles perles, et par gagner le Christ l’unique perle de grand prix.

Précieuse, assurément, est la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres (Lc 1,79) et qui en ont besoin (cf. Ap 22,5) jusqu’au lever du soleil. Précieuse aussi la gloire resplendissante sur le visage de Moïse (cf. 2Co 3,7) (et aussi, je crois, sur celui des autres prophètes). Elle est belle à voir, et elle nous aide à progresser jusqu’à ce que nous puissions contempler la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage: Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Mais ce qui a été glorieux de cette manière partielle, ne l’est plus, parce qu’il y a maintenant une gloire suréminente (2Co 3,10). Et nous avons besoin en un premier temps d’une gloire susceptible de disparaître devant la gloire suréminente, comme nous avons besoin d’une connaissance partielle qui disparaîtra quand viendra ce qui est parfait (1Co 13,10).

Donc toute âme qui est encore dans l’enfance et chemine vers la perfection (He 6,1) a besoin d’un pédagogue, d’économes et de tuteurs jusqu’à ce que s’instaure en elle la plénitude du temps (Ga 4,4). Ainsi, celui qui d’abord ne diffère en rien d’un esclave, bien qu’il soit maître de tout (Ga 4,1), sera finalement affranchi et recevra de la main du pédagogue, des économes et des tuteurs son patrimoine: celui-ci correspond à la perle de grand prix et à la perfection qui abolit ce qui est partiel (1Co 13,10). Il y parviendra lorsqu’il sera capable d’accéder à la prééminence de la connaissance du Christ (Ph 3,8), après s’y être préparé par les connaissances, s’il convient de les appeler ainsi, qui sont dépassées par la connaissance du Christ.

La Loi et les Prophètes parfaitement compris sont les rudiments qui nous conduisent à bien comprendre l’Évangile et tout le sens des actes et de paroles du Christ

 

Saint Jean Chrysostome

Homélie XLVI sur Mathieu

«Le royaume des cieux est semblable encore à un trésor caché dans un champ, qu’un homme ayant trouvé, cache de nouveau, et dans la joie qu’il en ressent, il va vendre tout ce qu’il a et achète ce champ (Mt 13,44).»

«Le royaume des cieux est semblable encore à un marchand qui cherche de belles perles (Mt 13,45); lequel ayant trouvé une perle de grand prix, va vendre tout ce qu’il avait et l’achète (Mt 13,46).» Comme les deux paraboles « du grain de sénevé et du levain » n’ont beaucoup de rapport ensemble, il se trouve aussi que celles du trésor et de la perle sont assez semblables. L’une et l’autre nous font entendre qu’il faut préférer la prédication de l’Évangile à tous les biens de la terre. Ces deux premières du sénevé et du levain en marquent la force, et ces deux dernières nous en font voir l’excellence. La prédication de l’Évangile croît comme « le grain de sénevé ;» elle s’étend comme « le levain » qui pénètre toute la pâte où on le mêle. Elle est aussi précieuse que « les perles, » et elle enrichit et sert à toutes choses comme « le trésor. »

Nous n’y apprenons pas seulement à mépriser tout pour nous attacher uniquement à la parole évangélique, mais encore à le faire avec plaisir et avec joie. Car celui qui renonce à ses richesses pour suivre Dieu, doit être persuadé que bien loin de perdre il gagne beaucoup en y renonçant. Vous voyez donc, mes frères, que la parole et la vérité évangélique est cachée dans ce monde comme un trésor et que tous les biens y sont renfermés. On ne peut l’acheter qu’en vendant tout. On ne peut la trouver qu’en la cherchant avec la même ardeur qu’on cherche un trésor.

Car il y a deux choses qui nous sont entièrement nécessaires ; le mépris des biens de la vie, et une vigilance exacte et continuelle. « Le royaume des cieux, » dit Jésus-Christ, « est semblable à un marchand qui cherche «de belles perles, lequel en ayant trouvé une de grand prix, va vendre tout ce qu’il avait et l’achète. » Cette perle unique est la vérité qui est une et ne se divise point. Celui qui a trouvé cette perle précieuse sait bien qu’il est riche, mais sa richesse échappe aux autres, parce qu’il la cache, et qu’il peut tenir dans sa main ce qui le fait riche. Il en est de même de la parole et de la vérité évangélique. Celui qui l’a embrassée avec foi, et qui la renferme dans son cœur comme son trésor, sait bien qu’il est riche ; mais les infidèles ne connaissent point ce trésor, et ils nous croient pauvres parmi ces richesses.

Mais pour empêcher les hommes de s’appuyer trop sur ce qu’ils auront reçu l’Évangile, et de croire que la foi seule leur suffit pour les sauver, Jésus-Christ ajoute une autre parabole pleine de terreur. « Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer, et qui recueille des poissons de toutes sortes (Mt 13,47). »

«Et lorsqu’il est plein, les pêcheurs le tirent sur le bord, où s’étant assis ils mettent ensemble tous les bons dans des vaisseaux, et jettent dehors les mauvais (Mt 13,48). » En quoi cette parabole est-elle différente de celle «de l’ivraie, » puisque l’une et l’autre montre que de tous les hommes, les uns seront enfin sauvés, et les autres réprouvés ? Oui, en effet, nous voyons dans l’une et dans l’autre qu’une partie des hommes se perdent, mais d’une manière différente. Ainsi ceux qui étaient figurés par. La parabole des semences se perdent, parce. Qu’ils n’écoutent point la parole de la vérité ; ceux qui sont figurés par l’ivraie se perdent, par leur doctrine hérétique, et par leurs erreurs : mais ces derniers périssent à cause du dérèglement de leurs mœurs et de leur mauvaise vie. Et ceux-ci sans doute sont les plus misérables de tous, puisqu’après avoir connu la vérité et avoir été pris dans « ce filet » spirituel, ils n’ont pu se sauver dans l’Église même.

Jésus-Christ marque en un endroit de l’Évangile qu’il séparera lui-même les bons d’avec les méchants, comme un pasteur sépare les brebis d’avec les boucs ; et il dit ici au (368) contraire, aussi bien que dans la parabole de l’ivraie, que ce discernement se fera par les anges. « C’est ce qui arrivera à la fin du monde. Les anges viendront et sépareront les méchants des justes (Mt 13,49), et les jetteront dans la fournaise du feu ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents (50). » Le Sauveur parle quelquefois à ses disciples d’une manière plus simple et plus commune, et quelquefois aussi d’une manière plus élevée. Il interprète de lui-même cette parabole des poissons sans attendre qu’on l’interroge, pour inspirer encore plus de terreur. Car afin que vous ne croyiez pas qu’une fois jetés dehors les mauvais poissons n’auront plus rien à craindre, qu’ils en seront quittes pour une simple séparation, Jésus-Christ montre le châtiment qui les attendent dehors en disant qu’ils « seront jetés dans la fournaise du feu, » et il marque la violence de la douleur qu’ils souffriront en disant : « Là il y aura des pleurs et des grincements de dents. »

Considérez, je vous prie, mes frères, par combien de voies on peut se perdre. On se perd comme les semences ou « dans le chemin », ou « dans les pierres » ; ou « dans les épines. »

On se perd par l’ivraie ou l’hérésie. On se perd enfin, comme les mauvais catholiques, dans « le filet » de l’Église. Après cela est-ce sans sujet que le Fils de Dieu dit : « Que la voie qui mène à la perdition est e large, et que beaucoup y entrent ?» (Mt 7,13)

Ayant donc achevé ces paraboles et terminé ce long discours par la crainte, il l’augmente encore en s’étendant sur ce sujet et disant :

« Avez-vous entendu tout ceci ? Oui, Seigneur, « répondirent-ils (Mt 13,54). » Et les louant de ce qu’ils l’avaient compris, il ajoute: «C’est pourquoi tout docteur qui est bien instruit en ce qui regarde le royaume des cieux, est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et anciennes (Mt 13,52) »

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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