Trois intellectuels turcs, experts en « théologie » et en histoire de leur pays, ont publié un appel dans lequel ils qualifient d’« une erreur grave et irréparable » la décision du gouvernement de la Turquie d’ouvrir au culte musulman l’antique basilique chrétienne Sainte-Sophie d’Istanbul, indique l’agence vaticane Fides le 22 juillet 2020.
Pour eux, la tentative de rendre au culte musulman la basilique construite par des chrétiens « offensera les non-musulmans et redonnera de l’élan à l’islamophobie, à la haine contre l’islam ».
Dans leur prise de position, Nazif Ay, Mehmet Ali Öz et Yusuf Dülger se présentent comme « théologiens kémalistes » se référant à la figure de Mustafa Kemal (1881-1938), dit « Atatürk », président de la République de la Turquie de 1923 à 1938. Kemal a inscrit la laïcité dans la constitution du pays et a supprimé le titre de religion officielle à l’islam. Il a dirigé une révolution sociale et culturelle sans précédent, qu’on appelle généralement « révolution kémaliste ». En 1934, il avait, au nom de la laïcité et de l’universalité, transformé en musée la basilique Sainte-Sophie, qui servait alors de mosquée.
Les intellectuels turcs affirment que le choix de faire à nouveau du complexe monumental de Sainte-Sophie un lieu de culte musulman annihile « les messages de réconciliation et de justice de l’islam ».
L’initiative d’une réaffectation de Sainte-Sophie au culte musulman, à partir du 24 juillet prochain, est arrivée après que le Conseil d’État turc ait annulé son statut de musée, imposé en 1934.
Le président Erdogan a décidé que la réouverture de la basilique au culte islamique aura lieu le 24 juillet, et que l’ensemble du complexe demeurera ouvert aux touristes.
il a lancé une invitation en direction du pape qui avait dit sa « douleur » devant cette décision: le porte-parole du président, Ibrahim Kalin, a déclaré le 19 juillet que tous sont invités à la réouverture officielle de Sainte-Sophie en tant que lieu de culte musulman, y compris le pape François.
Au cours des prières musulmanes, les mosaïques chrétiennes présentes à l’intérieur de la basilique seront masquées avec une tenture à fonctionnement électronique. Les techniciens préparent actuellement un dossier visant à prouver que ce système ne provoquera pas de dommages aux mosaïques.
Entre temps, des représentants de l’extrémisme islamique continuent à se plaindre pour l’absence de démantèlement des images sacrées byzantines présentes sur les murs de la basilique.