Tirer les leçons de la pandémie de Covid-19 pour la famille humaine : c’est l’objet du Document de l’Académie pontificale pour la vie sur les conséquences de la crise sanitaire mondiale, ce 22 juillet 2020. Dans un communiqué, les rédacteurs souhaitent du « réalisme ».
Le texte – intitulé « Humanas communitas à l’ère de la pandémie : méditations intempestives sur la renaissance de la vie » – souligne l’importance d’un « changement de rythme » : « il faut des efforts globaux et une coopération internationale décidée pour affronter le défi d’un avenir plus équitable et plus juste, dont les mots-clefs seront une meilleure assistance sanitaire pour tous et des vaccinations ».
Pour l’Académie, la crise a montré « les possibilités et les limites des modèles focalisés sur l’assistance hospitalière ». La réponse à apporter à la pandémie « ne peut se réduire au plan organisationnel ou gestionnaire » mais doit aller « à un niveau plus profond ».
Sur le plan de l’éthique et de la santé publique, le texte pointe trois directions : une distribution équitable des « risques » de la vie humaine ; une attitude responsable par rapport à la recherche scientifique, qui en protège l’autonomie et l’indépendance, en dépassant des formes de soumission à des intérêts particuliers économiques ou politiques, qui la déforment ; une coopération internationale pour mettre en oeuvre le droit universel dans les soins de santé.
Parmi les rédacteurs du document : le professeur Henk ten Have, expert de bioéthique et le professeur Roberto Dell’Oro, enseignant à la Loyola Marymount University.
« Nous sommes intrinsèquement interconnectés, souligne Henk ten Have. Nous partageons tous la même vulnérabilité car nous habitons la même maison commune. » L’expérience du coronavirus, estime-t-il, « nous rend conscients que notre bien-être individuel dépend de la communauté ». Il plaide notamment pour « l’intégrité écologique ».
Pour Roberto Dell’Oro, ce document « offre une méditation sur la famille humaine au temps de la pandémie ». Il ne s’agit pas « donner des recettes économiques, mais de reconnaître qu’ensemble, comme famille humaine (humana communitas), nous devons revenir aux leçons que nous avons apprises ».
« C’est la vie qui nous enseigne, mais nous devons être conscients et attentifs, ajoute-t-il. En ce sens nous devons changer ensemble, pour avoir une attitude différente à l’égard de la vie dans son ensemble. L’Eglise nous appelle à interroger nos expériences les plus profondes, sans prêcher, mais avec réalisme : notre finitude, les limites de notre liberté, la vulnérabilité commune qui conduit à ouvrir les yeux sur ceux qui souffrent beaucoup, spécialement dans le Sud du monde. » Le document appelle « une éthique de la solidarité ».