Camille de Lellis © camilliens.fr

Camille de Lellis © camilliens.fr

Demain, saint Camille de Lellis, serviteur des malades

Un article dans L’Osservatore Romano

Share this Entry

L’Osservatore Romano en italien daté du 14 juillet 2020 consacre un article, signé par Gianluca Giorgio, à saint Camille de Lellis, fondateur de l’ordre des Camiliens et, avec saint Jean de Dieu, co-patron des infirmiers et des associations d’infirmiers. L’Eglise le commémore le 14 juillet.

Voici notre traduction de l’histoire de ce saint, dont l’histoire « ressemble à celle des hommes de tous les temps : seuls et perdus dans le grand naufrage de la vie, sans horizon où espérer apercevoir la terre ». Mais il fit l’expérience de « cet amour qui n’abandonne pas, surtout aux heures où tout s’écroule ».

Saint Camille de Lellis, serviteur des malades

Avant sa conversion, saint Camille de Lellis est un homme qui mettait son cœur, à maintes reprises, dans des choses de peu d’importance : jeux, guerre, désordre. Cet état de fait se poursuit jusqu’au jour où, dans la plaine de San Giovanni Rotondo, il accueille son désir de changer de vie et de se donner à Dieu. C’est le 2 février 1575.

Dès lors, son existence change. Il veut vivre pour Dieu. Il ne s’adonne plus au jeu mais à la prière et demande à être admis comme frère laïc parmi les Frères mineurs capucins.

Les Chroniques racontent qu’il fut accueilli dans le couvent où vivra Padre Pio et qu’il passa la nuit dans la cellule numéro cinq, celle-là même qui fut habitée pendant de nombreuses années par le saint religieux de Pietrelcina.

Si tout semble désormais réglé dans sa vie, une mystérieuse plaie à la jambe va le conduire loin de cet endroit, car l’étrange maladie l’empêche de porter l’habit des fils de Saint-François. Il quitte les Pouilles pour Rome, afin de tenter de se faire soigner à l’hôpital San Giacomo à Augusta. Déçu, découragé, inoccupé, il ignore ce que l’avenir lui réserve. Son histoire ressemble à celle des hommes de tous les temps : seuls et perdus dans le grand naufrage de la vie, sans horizon où espérer apercevoir la terre. Errant dans les couloirs de l’hôpital, il découvre le regard des personnes hospitalisées. Cela le trouble et il cherche une réponse à ce qu’il voit.

Le temps passe. Quatre années se sont écoulées depuis ce jour. Il est devenu non seulement infirmier, mais aussi économe, rendant service aux malades. Il est aussi actif qu’il l’a été dans l’armée. Grand, fort, doté d’une grande volonté, loué par tous, il est surtout aimé pour sa charité qui fait de lui un père avant d’être un infirmier. Il a de nombreux amis qui l’aident et ils se réunissent dans une petite pièce, où un grand crucifix est accroché au mur pour la prière commune. La petite communauté suscite l’admiration, mais aussi l’envie et elle est la cible de méchancetés. Une nuit, des hommes entrent par effraction et jettent tout par terre : lits, médicaments, papiers, tissus pour les bandages, et le crucifix est jeté derrière la porte. Quand Camille entre, il voit la situation : il est découragé, déçu et retombe dans cet état d’esprit qui l’avait conduit au seuil de l’hôpital, des années auparavant. Il veut tout arrêter.

Que d’humanité en ces heures de la vie du « géant de la sainteté ». L’heure de l’épreuve a sonné : c’est Gethsémani. La seule chose qui lui vient à l’esprit, c’est de se renier et de faire marche arrière. On ne sait pas s’il a pleuré. Fatigué, découragé, il prie et se ressaisit comme il peut. Puis il se jette sur sa paillasse pour dormir quelques heures avant de reprendre son service. Et là, l’incroyable se produit : le saint se réveille et voit le Christ dont les bras se détachent du bois de la croix pour l’encourager, et qui lui dit : « Qu’est-ce qui t’afflige, pusillanime ? Poursuis cette entreprise (je t’aiderai) parce que ceci est mon œuvre et non la tienne ». Le bien qui est fait ne vient qu’en partie de Camille, le reste vient de Dieu.

La sculpture est exposée dans l’église de la Madeleine, à Rome, témoin silencieux de cet amour qui n’abandonne pas, surtout aux heures où tout s’écroule. Il se lève ; ce n’est plus le même Camille, c’en est un autre. Il comprend qu’il doit continuer et, avec le courage extraordinaire dont la nature l’a doté, il va s’asseoir, déjà adulte, sur les bancs du Collège romain, reprenant des études pour devenir prêtre.

Ce fait le met en garde contre la dépression d’un moment, le rendant fort face aux attaques constantes. Il est déterminé, il sait ce qu’il veut, percevant que, sans instruction, il ne peut pas défendre les malades. Le 10 juin 1584, en deux ans, brûlant toutes les étapes, il célèbre sa première messe. Lui qui avait peu de culture a maintenant les bases pour conquérir le monde de la santé par l’amour des malades et des sacrements. Il continue son existence, avec élan et un amour brûlant. Lorsqu’il rentre chez lui le soir à la maison de La Madeleine, après avoir travaillé de longues heures à l’hôpital, il assiste ses confrères souffrant de quelque infirmité, refait les lits, se charge de ce qui manque dans la vie quotidienne etc.

Il fonde l’Ordre des ministres des malades. « Ministres » c’est-à-dire serviteurs des patients, en leur étant soumis. Aux vœux de chasteté, pauvreté et obéissance, il ajoute celui de soigner les malades, même au prix de sa propre vie. Lors de la pandémie de 1606, dans leur exercice continu de la charité, de nombreux religieux meurent, à la stupéfaction de tous. Ce qui surprend chez les fils de saint Camille, c’est que le fondateur veut qu’en prenant soin des corps, ses religieux n’oublient pas la foi, se montrant toujours joyeux et prêts à sourire. Le pape Grégoire XIV approuve la règle du nouvel ordre le 21 septembre 1591. Saint Camille de Lellis a atteint son but et, bien qu’il soit le supérieur de la communauté, il est infatigable.

Il rend l’âme le 14 juillet 1614 à vingt-deux heures, attendu dans une autre réalité, bien plus belle ; il a 64 ans. Sur ses lèvres, un seul mot : « Marie », la mère tant aimée de celui qui a donné sa vie pour ces frères dans lesquels il a pu lire le doux regard de Jésus.

Il a été canonisé par le pape Benoît XIV le 29 juin 1746.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Share this Entry

Hélène Ginabat

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel