Le Saint-Siège exprime sa préoccupation face au fait que la pandémie de coronavirus « a remis en cause les normes fondamentales du droit des réfugiés, en particulier le droit de demander l’asile et le principe cardinal de non-refoulement », a déclaré Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et d’autres organisations internationales à Genève.
Il a noté également qu’« une interprétation plus large de la définition du réfugié » est « nécessaire » : « la préoccupation première et légitime » devrait être de protéger « les droits fondamentaux et la dignité humaine des personnes déplacées de force, quel que soit leur statut ».
L’observateur permanent est intervenu lors de la rencontre de la 78e Commission permanente du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés sur une déclaration intitulée « Note sur la protection internationale », le 7 juillet 2020, à Genève (Suisse).
Le Saint-Siège rappelle que « les réfugiés et les personnes déplacées ne sont pas simplement des objets d’assistance : ils sont sujets de droits et de devoirs comme tous les êtres humains ».
À cet égard, note Mgr Jurkovic, « il est regrettable que la pandémie soit également devenue une crise de protection ». Il suffit de penser, poursuit-il, « à la façon dont les réfugiés et les migrants dans les camps et, pire encore, dans les centres de détention, luttent pour respecter l’éloignement social et d’autres mesures ». Le Saint-Siège est « reconnaissant » au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés « pour les mesures qu’il a prises pour atténuer l’impact de Covid-19 dans les camps de réfugiés ».
L’observateur permanent du Saint-Siège souligne que « l’une des meilleures leçons qu’on peut tirer de la pandémie est la préparation future » : « Il pourrait peut-être être utile … de dresser une liste des meilleures pratiques dans la réponse à la protection des réfugiés », note Mgr Jurkovic.
La délégation du Saint-Siège exprime aussi « son désaccord » avec l’affirmation figurant au paragraphe 11 de la « Note sur la protection internationale », selon laquelle « le droit des réfugiés reconnaît désormais que les personnes confrontées à la persécution en raison de leur âge, de leur sexe et de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre peuvent être des réfugiés ». Les catégories « orientations sexuelles » et « identité de genre », utilisées dans le texte, explique l’observateur permanent, « ne trouvent pas de définition claire et convenue en droit international et risquent d’introduire de nouvelles formes de catégories discriminatoires ».
En concluant, Mgr Jurkovic affirme qu’ « il ne fait aucun doute que la priorité doit être accordée à la lutte contre les causes profondes des déplacements » des réfugiés et des migrants ainsi qu’à « leur prévention ». À cet égard, dit-il, « le Saint-Siège souhaite réitérer son appel urgent aux efforts politiques et multilatéraux pour lutter contre les causes profondes des grands mouvements et des déplacements forcés de populations ».