« Si au lieu de faire la course aux armements, nous faisions la course à la sécurité alimentaire, à la santé et au travail ? » C’est la question de soeur Alessandra Smerilli, coordinatrice d’un groupe de travail de la Commission vaticane pour le Covid-19, lors d’une conférence de presse ce 7 juillet 2020.
La religieuse est intervenue pour faire le point sur les travaux de cette commission voulue par le pape pour faire face aux conséquences de la pandémie. Professeur d’économie, elle coordonne le groupe de travail dédié à ce thème.
« Un mal commun et global s’affronte seulement si nous comprenons que tous les êtres humains sont liés : une humanité au destin commun », a-t-elle souligné lors de cette conférence : « On s’en sort seulement avec l’engagement de tous… Aucun Etat ne pourra s’en sortir seul », a-t-elle encore averti en souhaitant des investissements publics « considérables » dans la santé, dans l’écologie et dans l’aide aux entreprises.
S’inquiétant des « dimensions désastreuses » de la crise économique et sociale, elle a recommandé « vision, courage et collaboration internationale ».
« La pandémie a révélé nos fragilités, à partir des systèmes de santé : les dimensions et la gravité de la pandémie a mis en difficulté aussi des systèmes de santé bien financés », a constaté soeur Alessandra. « Nous avons compris que les systèmes de santé du monde entier ont besoin de meilleurs investissements de qualité. Nous avons besoin de protection vis-à-vis des maladies contagieuses, et d’investir dans la prévention : le COVID-19 a révélé le financement insuffisant des traitements des maladies contagieuses. »
En plaidant pour des « solutions créatives », la religieuse a posé une série de questions pour un examen de conscience : « Que demandent les citoyens en ce moment ? Ont-ils besoin d’un État militairement fort, ou d’un Etat qui investit dans les biens communs ? Comment chaque citoyen voudrait-il que son argent soit dépensé aujourd’hui ? Cela a-t-il du sens de faire des investissements massifs dans les armes si ensuite les vies humaines ne peuvent être sauvées car il manque les structures de santé et les traitements adéquats ? »
« Aujourd’hui, a insisté sœur Alessandra, la première sécurité est celle de la santé et du bien-être. A quoi servent des arsenaux pour être plus en sécurité, si ensuite il suffit d’une poignée de personnes infectées pour répandre l’épidémie et provoquer tant de victimes ? »
Et de mettre en garde : la course aux armements est « un cercle vicieux qui ne finit jamais, poussant à accroître toujours plus les dépenses militaires ». Une course qui ne s’arrête qu’avec « une volonté collective d’auto-limite ». Nous avons besoin de leaders courageux qui montrent qu’ils croient au bien commun, qu’ils s’engagent pour garantir ce dont il y a le plus besoin aujourd’hui. »