Après l’introduction de la série « Coronaspection », qui réunit 40 chefs religieux du monde entier pour réfléchir aux défis spirituels posés par le Covid-19, y compris « vu de Rome », avec le pape François et le rabbin Ricardo Di Segni, “Coronaspection” propose une autre contribution chrétienne significative, également italienne, et propose en contre-point une contribution musulmane.
Coronaspection est une série de 40 entretiens vidéo réalisés avec des chefs religieux de 15 pays et 7 religions sur les défis du Covid-19 par Alon Goshen-Gottstein, un spécialiste des études juives et un théoricien et activiste dans le domaine du dialogue interreligieux (cf. https://fr.zenit.org/articles/coronaspection-cest-le-moment-pour-les-chefs-religieux-de-faire-preuve-dunite/).
Il est fondateur et directeur de l’Elijah Interfaith Institute depuis 1997. Il s’est spécialisé dans le rapprochement de la dimension théologique et académique avec une variété d’initiatives pratiques, impliquant notamment les dirigeants religieux mondiaux.
Maria Voce est présidente du mouvement des Focolari (https://elijah-interfaith.org/addressing-the-world/coronaspection/voce): “Ce mouvement catholique est présent dans le monde entier et tire son inspiration initiale de la reconnaissance de l’amour de Dieu comme antidote à l’effritement de la vie civile en temps de guerre. Il est fondé sur une vision d’unité et de fraternité de l’humanité”, souligne « Coronaspection ».
« Coronaspection » met son message “en lien avec celui de l’Imam Feisal Abdul Rauf, un auteur et activiste soufi de renom qui, à sa manière, cherche également à réaliser une vision d’unité dans la société et entre les religions” (https://elijah-interfaith.org/addressing-the-world/coronaspection/abdul-rauf), estimant que dans les deux contributions, on peut “ reconnaître un principe fondamental commun à l’œuvre dans leurs vies spirituelles respectives – l’amour”.
Voici notre traduction de la synthèse de l’intervention de Maria voce publiée par « Coronaspection »
Pour Maria Voce, nous pouvons considérer l’amour comme le moteur principal de son travail et de son organisation. Ses décisions pendant la crise du Covid-19 sont guidées par le principe de l’amour, à la lumière duquel elle a cherché à établir des relations avec les personnes touchées par ses décisions. L’amour est également la force spirituelle par laquelle on peut faire face à l’un des principaux défis posés par la situation du Covid. Les entretiens avec les dirigeants ont posé la question de savoir comment faire face à la peur et à la panique. S’appuyant sur les enseignements de la fondatrice des Focolari, Chiara Lubich, Voce revient à l’enseignement fondamental selon lequel seul l’amour bannit la crainte.
L’amour est façonné sur l’amour d’une mère. L’amour d’une mère pour ses enfants lui donne le courage d’entreprendre des exploits exceptionnels, même si la peur reste dans son cœur.
L’enfermement pendant le Covid est vu dans la perspective de l’amour. La vie en étroit contact et les défis qui en découlent sont autant d’occasions et d’invitations à mettre l’amour en pratique. L’amour doit être créatif. Laissons l’amour nous suggérer non pas des centaines mais des milliers de façons d’être là pour les autres, qu’ils soient proches ou lointains, en utilisant également tous les moyens techniques à notre disposition. Des problèmes peuvent se poser à l’avenir, même lorsque cette pandémie sera terminée. Nous les verrons avec la conviction qu’il y a Quelqu’un qui fait avancer l’histoire pour notre bien.
Ce Quelqu’un est Dieu qui est Amour, qui aime tout le monde et qui ne peut donc pas ne pas tirer du bien de toutes ces situations. Il est clair que la vision chrétienne de Dieu en tant qu’amour constitue le fondement de la place centrale de l’amour dans son message, comme le principe fondamental pour faire face aux défis, qu’ils soient occasionnés par le Covid-19 ou autrement. L’amour est également le fondement de l’espérance. Son point de vue est fondamentalement optimiste. Cet optimisme vient de la foi en l’amour de Dieu. Dieu aime la création, ses créatures, tous les peuples et Dieu est Amour. Cela devient donc la base d’une vision de la vie qui est une vision d’espérance. Tant que nous sommes dans le monde, nous devons vivre par amour, afin de pouvoir laisser au monde un message d’amour qui se prolongera dans l’éternité.
Synthèse de l’intervention de l’imam Abdul Rauf, par “Coronaspection”
Si l’amour est le message central de Maria Voce, c’est aussi l’un des messages importants de l’imam Abdul Rauf. Le message de Rauf s’articule autour d’une tentative d’obtenir une vision de la réalité à la manière de Dieu, ce qu’il appelle une perspective théocentrique. Cela touche au cœur de la définition de l’identité de soi. Nous devons trouver la partie vraiment stable de notre identité, qui est l’image divine et le souffle divin en nous. En réalité, nous sommes tous un. La recherche de l’unité qui sous-tend la quête des Focolari est ici affirmée comme étant fondée sur le principe le plus important de l’Islam, plus important que toute observance spécifique – l’unité de Dieu. Cela conduit à son tour Abdul Rauf à l’amour. Citant Jésus, l’imam Abdul Rauf rappelle les deux grands commandements : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
L’amour de Dieu et l’amour du prochain dépendent de l’amour de soi. Le plus grand amour de tous est l’amour de Dieu pour lui-même, et il nous a créés comme une expression de son amour pour lui-même. On aime Dieu en aimant l’autre, et en aimant la création. Le coronavirus met à l’épreuve notre capacité à nous aimer les uns les autres. Lorsque vous aimez Dieu, vous aimez aussi la solitude, elle-même une des conséquences du coronavirus. On avance donc sur deux chemins : l’amour de Dieu dans la solitude et l’amour de l’autre, dans l’action et les bonnes actions. Comme Voce, Abdul Rauf considère le travail des professionnels de la santé comme une expression de l’amour. Que ce soit dans la solitude et la contemplation ou dans l’action et le service, la communauté dans son ensemble manifeste une vision intégrée de l’amour dans ses deux manifestations interdépendantes, l’amour de Dieu et l’amour de l’autre.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat