Mgr Fernando Vérgez Alzaga, capture @ Vatican Media

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Laudato si’, 5 ans après : Mgr Vérgez Alzaga illustre ce que peut être une « citoyenneté écologique »

Ce n’est pas « un choix optionnel »

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La « conversion écologique » que le pape François appelle de ses vœux dans son encyclique Laudato si’, suppose une « citoyenneté écologique » qui commence par la famille dans laquelle chacun apprend à « à prendre soin de la création à travers les petits gestes quotidiens qui se transforment en un style de vie ». C’est ce qu’a expliqué Mgr Fernando Vérgez Alzaga lors de la conférence de presse qui s’est tenue au Vatican pour le cinquième anniversaire de la publication de l’encyclique Laudato si’ ce jeudi 18 juin 2020.

Mgr Fernando Vérgez Alzaga, L.C., secrétaire général du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, est intervenu à la conférence de presse de présentation du document élaboré par un groupe interdicastériel du Saint-Siège et intitulé « En chemin vers le soin de notre maison commune. Cinq ans après Laudato si’ ». Si « être gardiens de l’œuvre de Dieu » est une vocation, a-t-il souligné en citant le pape François, « cela ne peut être un choix optionnel ».

Le représentant du Gouvernorat a ensuite illustré par de nombreux exemples les mesures concrètes appliquées au sein de l’Etat de la Cité du Vatican concernant « le recyclage des déchets, le respect de la nature, l’économie de consommation d’eau et d’énergie, le choix de sources renouvelables, en évitant les gaz à effet de serre, en cherchant à réduire la pollution atmosphérique par l’usage privilégié de transports électriques ainsi que de pesticides écologiques et d’engrais écologiques qui respectent la terre et ses fruits ».

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Fernando Vérgez Alzaga, L.C

HG

Intervention de Mgr Fernando Vérgez Alzaga, L.C

“La terre est blessée, nous avons besoin d’une conversion écologique ». Cette phrase est bien plus qu’un appel à changer les choses et à agir pour protéger et sauvegarder la création. C’est le point de départ et d’arrivée de l’encyclique du pape François, Laudato si’, dont nous célébrons le cinquième anniversaire de la promulgation. Dans son encyclique, le pontife lie la sauvegarde de l’environnement à la justice envers les pauvres et à la nécessité de redresser une économie qui ne recherche que le profit. Il n’est pas possible de sortir de la situation actuelle dans laquelle se trouve la création si l’humanité ne prend pas conscience de la nécessité de changer de style de vie. Mais aussi de notre façon de produire et de consommer. Le besoin d’un changement radical de nos comportements humains, pour que notre maison commune soit davantage respectée et protégée, fait la une des quotidiens. L’état d’urgence sanitaire en raison du Covid-19 requiert une « conversion écologique », un plus grand recours à la solidarité et à la fraternité pour éviter que ne retombent sur la création les choix égoïstes non seulement des individus, mais aussi d’entités publiques entières.

Il ne fait aucun doute que, comme l’écrit le pape François dans l’encyclique, le défi environnemental est indissociable de celui de l’éducation. La personne doit apprendre dès les premières années de sa vie, à prendre conscience de ses responsabilités. Cela signifie que l’agir doit être durable du point de vue écologique et solidaire, à commencer par la famille. Une « citoyenneté écologique » est indispensable, dans laquelle les membres du noyau familial, mais également ceux qui caractérisent la société, tendent à prendre soin de la création à travers les petits gestes quotidiens qui se transforment en un style de vie. C’est ce que nous avons cherché à faire au Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, en sensibilisant nos employés et ceux qui gravitent autour du Gouvernorat, directement ou indirectement, à une écologie intégrale qui se concrétise dans les petits gestes de tous les jours. En commençant par le recyclage des déchets, le respect de la nature, l’économie de consommation d’eau et d’énergie, le choix de sources renouvelables, en évitant les gaz à effet de serre, en cherchant à réduire la pollution atmosphérique par l’usage privilégié de transports électriques ainsi que de pesticides et d’engrais écologiques qui respectent la terre et ses fruits.

Avant encore les mesures concrètes prises par le Gouvernorat, tenant compte des principes et des indications de Laudato si’, je voudrais souligner combien, précisément dans l’esprit de l’encyclique, il convient de promouvoir une véritable « spiritualité écologique », fondée sur la suite de Jésus-Christ, dont François d’Assise a été le témoin vivant. En effet, comme l’écrit le pape, la vocation à « être gardiens de l’œuvre de Dieu fait intrinsèquement partie d’une existence vertueuse ». S’il s’agit d’une vocation, cela ne peut être un choix optionnel ou un aspect secondaire de notre relation avec Dieu et avec notre prochain, mais cela doit influencer notre agir et sur notre façon d’affronter les défis quotidiens que la vie nous présente. Ce qui est fait au niveau personnel doit se traduire également au niveau institutionnel afin de conditionner notre travail dans un sens écologique.

C’est ce que fait le Gouvernorat qui a installé, avant même la publication de Laudato si’, des panneaux photovoltaïques sur le toit de la Salle Paul VI. Ils peuvent produire de l’énergie électrique sans émission de substances polluantes. C’est l’un des objectifs fixés pour réduire la consommation des ressources. Dans ce sens, nous avons essayé d’activer une série d’interventions pour obtenir un meilleur contrôle énergétique et une diminution relative des émissions de dioxydes de carbone. Les panneaux de la Salle Paul VI ne sont que les premiers d’une série. En effet, nous avons également installé différents types de panneaux solaires au siège résidentiel de l’Observatoire du Vatican à Tucson, en Arizona. Cela a entraîné une forte réduction des coûts énergétiques et une diminution des émissions de dioxyde de carbone. En outre, depuis 2009, un système de « refroidissement solaire » est en service au Centre industriel du Vatican, nécessaire à la conversion de l’énergie solaire en énergie thermique et frigorifique utilisée pour la climatisation de la cantine de service pendant l’été.

Les systèmes électriques sont également continuellement remplacés par des luminaires à LED, des éclairages crépusculaires et des détecteurs de présence de dernière génération, qui régulent l’intensité en fonction de la variation de la lumière naturelle. La voûte de la Chapelle Sixtine est un exemple réussi de l’application du nouvel éclairage. Cela a permis de réduire d’environ 60 pour cent les coûts énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre, favorisant également un ralentissement notable du vieillissement des fresques. Sans oublier le nouvel éclairage de la Place Saint-Pierre et de la colonnade du Bernin qui permet d’économiser jusqu’à 80 pour cent d’énergie. Dans la Basilique du Vatican, l’adoption de nouveaux dispositifs a entraîné une réduction des dépenses de près de 80 pour cent.

Dans le même temps, nous avons abandonné les anciens équipements électriques qui étaient utilisés et renouvelé technologiquement les dispositifs de réseau en utilisant des systèmes d’exploitation de nouvelle génération ayant un impact environnemental moindre. Nous avons également adopté des systèmes de domotique, qui interviennent pour éteindre automatiquement l’éclairage à la fin d’une journée de travail. Cela inclut le remplacement des transformateurs électriques qui produisaient un niveau élevé de chaleur, par des transformateurs de dernière génération. Nous avons aussi procédé à un remplacement similaire dans le secteur informatique et dans le Centre de traitement des données.

Dans les Jardins du Vatican, poumon vert de l’Etat et en partie aussi de la Ville de Rome, des projets sont en cours, qui vont de pair avec le principe de l’encyclique, à savoir la défense de notre maison commune. Avec le projet « Jardins Bio », par exemple, il a été possible en trois ans seulement d’éliminer complètement l’usage de pesticides d’origine chimique, laissant place à la biodiversité et à l’emploi de produits d’origine naturelle pour le contrôle des mauvaises herbes et d’engrais d’origine organique.

Un effort encore plus proactif visant à protéger l’environnement et les ressources arboricoles existantes a été fait avec la réalisation d’un véritable recensement des plantes existantes, qui a conduit à un reboisement de l’État par la plantation de 250 nouveaux grands arbres, là où ils avaient été enlevés au fil du temps, et le remplacement d’environ 2 300 plantes pour haies, caractéristiques des jardins du Vatican.

L’une des priorités de l’État est également la protection des ressources en eau afin de réduire drastiquement les déchets, en adoptant des circuits fermés pour le recyclage de l’eau destinée aux fontaines des jardins du Vatican et au réseau de lutte contre les incendies à l’intérieur des Murs Léonins. Afin d’atteindre cet objectif, des travaux sont en cours pour rénover le système d’arrosage des Jardins, un projet réalisé à l’aide des dernières technologies, qui permet d’économiser environ 60 % des ressources en eau grâce à son automatisation et à une utilisation équilibrée et rationnelle de l’eau, en fonction également du type de culture/plantation et des conditions météorologiques.

Nous avons également pensé à concrétiser les principes de l’encyclique dans le domaine agricole. Il s’agit de l’activité agricole de l’État de la Cité du Vatican, qui se déroule exclusivement par l’intermédiaire de la Direction des Villas Pontificales dans la zone extraterritoriale de Castel Gandolfo. Tant pour la culture que pour l’élevage, qui est effectué dans l’exploitation locale, on applique des systèmes et des techniques qui respectent la terre tout en garantissant des produits d’excellente qualité.

En ce qui concerne la traction et le transport, depuis 2014, la circulation des véhicules des employés du gouvernorat au sein de l’État est limitée. Seuls ceux qui résident à plus de deux kilomètres du Vatican peuvent s’y arrêter. Un autre domaine important est l’installation d’un réseau d’infrastructure de recharge pour les véhicules électriques et hybrides. Nous avons commencé en 2018 et, à ce jour, il y a dix appareils dans l’État qui offrent vingt points de recharge. La flotte de l’État sera également progressivement renouvelée avec des véhicules électriques et hybrides en prêt gratuit ou en location pour les services de l’État, comme pour la Poste du Vatican. Toujours dans le but de réduire l’impact environnemental, nous utilisons depuis 2019 pour nos véhicules un carburant diesel automobile de type Diesel+, composé de 15% de composants verts renouvelables, obtenus à partir d’huiles végétales usagées et de graisses animales, avec une réduction de la consommation et des émissions de polluants gazeux, c’est-à-dire de monoxyde de carbone et d’hydrocarbures imbrûlés, pouvant atteindre 40%.

Une grande attention a également été accordée au chauffage et à la climatisation des bâtiments. Dans ce domaine, nous avons modernisé la centrale thermique de l’État et remplacé les systèmes de climatisation qui utilisent des gaz dérivés des chlorofluorocarbures, responsables de l’effet de serre dans l’atmosphère, par des équipements conformes aux normes internationales les plus exigeantes auxquelles l’État de la Cité du Vatican et, pour ce dernier, le Saint-Siège ont adhéré. Il a également été prévu, bien qu’avec les contraintes de respect du patrimoine architectural, historique et artistique du Vatican, d’utiliser des fenêtres et des isolants pour réduire les pertes de chaleur dans tous les bureaux du Gouvernorat.

La résolution du problème des déchets a été l’un des principaux arguments des travaux du gouvernorat. En juillet 2019, un décret du président du gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican a publié le nouveau règlement sur les déchets qui vise à assurer une gestion correcte et écologique des déchets en les traitant comme une ressource et non plus comme des déchets.

La réorganisation du système de collecte des déchets urbains a permis une différenciation de 59 % en 2019, soit 12 points de mieux que le résultat obtenu l’année précédente. Le réaménagement du centre de collecte de l’État a également entraîné une nette amélioration en matière de déchets spéciaux, non dangereux et dangereux, 99 % des déchets gérés étant triés.

Une autre étape importante pour la durabilité est la transformation des déchets. Un programme, actuellement suspendu en raison de l’urgence sanitaire provoquée par la propagation du COVID-19, qui prévoit l’installation d’un composteur électromécanique pour la transformation des déchets organiques produits dans l’Etat en un « Compost » de qualité. Ce faisant, les 600 tonnes de matière organique produites retourneront à la nature sous forme de sol.

J’aimerais souligner encore d’autres exemples :

– la présence de collecteurs / compacteurs pour les bouteilles en PET progressivement situés également à l’intérieur des Musées du Vatican qui permettent la récupération complète du matériel qui est pratiquement toujours recyclable ;

– la réduction des matériaux indifférenciés à seulement 2% (donc 98% des déchets sont correctement triés).

Ainsi, les déchets ne sont plus considérés comme une dépense à engager pour leur élimination, mais comme une ressource économique dérivant de leur utilisation rentable et vertueuse.

Les projets décrits ci-dessus ne représentent qu’une partie des nombreux projets articulés de gestion environnementale et énergétique prévus et réalisés par les différentes directions du Gouvernorat, mais le temps disponible ne permet pas d’approfondir et d’expliquer, y compris sur un plan technique, les nombreux projets en cours pour appliquer concrètement les indications contenues dans Laudato si’.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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