À l’approche de Pâques, la Congrégation pour l’éducation catholique publie un communiqué dans lequel elle demande « à chacun d’apporter son soutien et sa sécurité aux enfants et aux jeunes » et à « affronter ce moment particulier » de la pandémie « avec patience et dans un esprit de collaboration intelligente et active ».
Le texte, écrit le 7 avril 2020, est signé par le cardinal Giuseppe Versaldi, préfet de la congrégation, et Mgr Angelo Vincenzo Zani, secrétaire.
La congrégation exprime un souhait que « cette crise » devienne « une occasion pour les établissements d’enseignement catholique du monde entier de confirmer le témoignage de leur identité et de leur mission en tant que communauté de foi et de charité ».
La Congrégation souhaite également « exprimer sa proximité et ses encouragements » à toutes les écoles catholiques, aux facultés ecclésiastiques et aux universités catholiques. Elle remercie en particulier les directeurs, les recteurs, les doyens, les enseignants et le personnel administratif.
« Le souhait pascal » – adressé par la congrégation à tous les fidèles – « est de renouveler notre foi dans la réalité mystérieuse de la résurrection du Fils de Dieu qui donne sens et illumine tout ».
Voici le texte du communiqué publié par la congrégation romaine en six langues, dont le français.
MD
Communiqué de la Congrégation pour l’éducation catholique
Le temps que nous sommes en train de vivre, à cause de la propagation de la pandémie causée par le Covid-19, est un temps auquel nous n’étions pas préparés. Nous sommes bouleversés par cet événement traumatisant, survenu soudainement, qui crée une urgence extraordinaire. Il y a ceux qui luttent contre la mort, ceux qui luttent contre la peur, ceux qui ont perdu leur emploi et, pire encore, ceux qui ont perdu de la famille ou des amis.
La dimension d’inattendu et d’imprévisible a pris la place de toutes nos certitudes. Cette pandémie met en évidence les fragilités et les blessures de notre société : les pauvres, les sans-abri, les personnes âgées, les prisonniers, les déséquilibres sociaux, les égoïsmes individuels et nationaux.
Au cœur de ce black-out, qui a produit une rupture profonde dans notre vie ordinaire et dans la société du troisième millénaire, nous avons le devoir de ressentir à nouveau et plus profondément le sens de l’existence, de trouver le moyen de recommencer à vivre, en repartant sur de nouvelles bases, même si nous savons que ce ne sera plus comme avant.
Une indication claire nous est offerte par l’expérience que le Pape François nous a fait vivre par la prière du vendredi 27 mars 2020, sur la Place Saint-Pierre. Il est nécessaire de faire mémoire de l’histoire vécue par Dieu avec les hommes et les femmes, telle qu’elle est conservée par les traditions de nos peuples, comme le Pape nous l’a montré en s’arrêtant devant le Crucifix face à une place déserte, fouettée par la pluie, pour comprendre que cette mort nous a sauvés et nous a tous rendus frères.
De cette icône extraordinaire, qui restera dans l’histoire, jaillit l’énergie spirituelle pour répondre à la crise aux multiples visages que nous traversons. Il s’agit, en effet, de crises personnelles, de crises de relations, pour certains aussi de crises de foi parce qu’ils ressentent l’éloignement apparent de Dieu, de crises de la communauté, d’un peuple et de ses institutions, de crises de l’histoire et du monde.
Face à cette crise et dans l’esprit d’un Carême vécu de manière exceptionnelle cette année, il y a, pour le croyant, la lumière de la Résurrection de Pâques. La mort et la résurrection de Jésus-Christ ouvrent une perspective de vie qui ne finira jamais et qui nous permet d’envisager l’avenir avec confiance et dans une espérance fondée.
La Congrégation pour l’Éducation catholique souhaite exprimer sa proximité et ses encouragements à toutes les Écoles catholiques, aux Facultés ecclésiastiques et aux Universités catholiques. Elle remercie en particulier les Directeurs, les Recteurs, les Doyens, les enseignants, le personnel administratif et de service qui, au cours de ces mois, fournissent de sérieux efforts visant à garantir le déroulement des activités scolaires et universitaires, par des modalités à distance, pour assurer la continuité et la conclusion « régulière » de l’année en cours, comme cela est indiqué dans la Note de la Congrégation sur les examens et les épreuves équivalentes des Institutions universitaires ecclésiastiques (12 mars 2020).
L’UNESCO, considérant ces jours-ci les interventions nécessaires pour faire face aux graves situations d’urgence, a, elle aussi, fait référence à l’un des objectifs de l’Agenda 2030 pour l’éducation, qui demande de « concevoir des systèmes éducatifs plus résilients et plus réactifs aux conflits, aux troubles sociaux et aux risques naturels, et de faire en sorte que l’éducation continue à fonctionner dans les situations d’urgence, pendant les conflits et dans les périodes qui leur succèdent ». Malheureusement, la soudaineté de l’événement n’a pas laissé le temps à toutes les Institutions de se préparer adéquatement et d’assurer la continuité de leurs enseignements ou d’introduire les transformations nécessaires à l’enseignement à distance.
En outre, la crise provoquée par la pandémie a créé une grave situation d’urgence non seulement pour les Institutions scolaires et universitaires, mais aussi pour les familles qui, tout en poursuivant leur travail, doivent s’adapter à la nécessité d’aider leurs enfants qui étudient désormais à la maison. Toutes ne sont pas équipées d’outils informatiques appropriés ni préparées à faire face à la présence continue de leurs enfants.
Face à cette série de problématiques, dont la première concerne la santé et toutes les précautions à prendre pour la préserver, il convient tout d’abord de répondre aux besoins immédiats pour conclure régulièrement l’année en cours. Dans le même temps, cependant, il est nécessaire de considérer le fait que la situation actuelle pourrait se prolonger et que nous devons nous organiser pour l’avenir et être capables de discerner les opportunités que cette crise nous offre.
Tout en vous invitant à vous tenir au courant de ce que les Ministères compétents pour les Écoles et les Universités mettent à disposition des établissements d’enseignement de vos pays, nous demandons instamment à chacun d’apporter son soutien et sa sécurité aux enfants et aux jeunes, et d’affronter ce moment particulier avec patience et dans un esprit de collaboration intelligente et active, aussi longtemps que nécessaire.
À la communauté d’Éphèse, saint Paul écrit : « Prenez bien garde à votre conduite (…) Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. (…) soyez plutôt remplis de l’Esprit Saint. (…) À tout moment et pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, rendez grâce à Dieu le Père » (Ep 5, 15-20). Cette crise peut devenir une occasion pour les établissements d’enseignement catholique du monde entier de confirmer le témoignage de leur identité et de leur mission en tant que communauté de foi et de charité.
Avec saint Paul, nous vous invitons à renouveler votre foi dans le Ressuscité et à vivre ce temps dans une vigilance active, en faisant le meilleur usage possible des dons reçus de Dieu.
Le souhait pascal que nous adressons à tous est de renouveler notre foi dans la réalité mystérieuse de la résurrection du Fils de Dieu qui donne sens et illumine tout. Elle nous pousse à ouvrir nos cœurs et nos esprits à Dieu et à nos frères, avec courage et détermination, et à investir nos talents dans ce « temps présent ». Il n’est pas demandé à celui qui croit de vivre une spiritualité désincarnée et abstraite, mais d’adhérer à la réalité dans laquelle il convient d’introduire la lumière, la fraternité, la joie et la paix.
Joyeuses fêtes de Pâques !
Cité du Vatican, le 7 avril 2020
Cardinal Giuseppe VERSALDI, préfet
Angelo Vincenzo ZANI, archevêque titulaire de Volturno, secrétaire