Le cardinal George Pell a été acquitté à l’unanimité par la Haute Cour de justice australienne, ce mardi 7 avril 2020: il a quitté la prison de Barwon (Etat de Victoria) après 405 jours de détention.
Des défenseurs de victimes de pédophiles continuent à ne pas croire à son innocence et déplorent la sentence, adoptée à l’unanimité par sept juges.
Déclaration du juge Kiefel
Selon Susan Kiefel, présidente, dans une déclaration d’une page et demi, les sept magistrats de la Haute Cour d’Australie ont estimé, à l’unanimité, mardi, que la juridiction inférieure « aurait dû entretenir un doute sur la culpabilité » du demandeur.
La Haute Cour a fait valoir qu’il y a « une probabilité importante qu’une personne innocente ait été condamnée parce que les preuves n’ont pas établi sa culpabilité selon le niveau de preuve requis ».
Les avocats du cardinal Pell avaient mis en lumière des « invraisemblances graves » dans les accusations, notamment concernant le temps et le lieu des agressions présumées: dans la sacristie des prêtres après une messe dans la cathédrale de Melbourne. Des invraisemblances prises en compte par la Haute Cour, indique le juge Kiefel.
Déclaration du card. Pell
Cet arrêt a réparé « une grave injustice », a déclaré l’ancien Secrétaire à l’économie du Saint-Siège qui a réaffirmé son innocence, toujours clamée à chaque étape du procès: « Mon procès n’était pas un référendum sur l’Église catholique ni un référendum sur la façon dont les autorités de l’Eglise en Australie ont traité le crime de pédophilie dans l’Église. La question était de savoir si j’avais commis ces crimes horribles, et ce n’est pas le cas. »
Le cardinal Pell avoue que cette libération se fait dans la douleur: « Je n’en veux pas à mon accusateur. Je ne veux pas que mon acquittement ajoute à la douleur et à l’amertume que beaucoup ressentent ; il y a certainement assez de douleur et d’amertume. »
Le cardinal Pell, 78 ans, avait épuisé tous les recours avec son appel à la Haute Cour, après avoir été condamné en mars 2019 à six ans de prison pour « violences sexuelles » dont auraient été victimes deux servants de messe, mineurs, en 1996 et 1997, dans la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne, alors qu’il était archevêque depuis juillet 1996. Une condamnation confirmée, le 21 août 2019, par deux voix 2 contre une par la cour d’appel de l’Etat de Victoria.
Attente de la réaction du Vatican
Le Vatican n’a pas encore officiellement réagi au moment où la nouvelle s’apprend en Europe, dans la nuit.
Le Saint-Siège avait renouvelé l’expression de sa confiance dans la justice australienne, alors que la Haute Cour avait accepté, le 13 novembre 2019, d’examiner l’appel présenté par le cardinal Pell.
Le Saint-Siège, indiquait alors le directeur du Bureau de presse Matteo Bruni, « prend acte » de la décision de la plus haute autorité, « conscient que le cardinal a toujours affirmé son innocence ».
Il redisait en même temps « une fois encore, sa proximité à tous ceux qui ont souffert à cause des abus de la part des membres du clergé ».
En février 2019, le Vatican avait annoncé l’ouverture d’une enquête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, mais elle ne devait pas se mettre en route avant la sentence de la Haute Cour.
Le cardinal George Pell n’est plus préfet du Secrétariat à l’économie son mandat de cinq ans étant arrivé à échéance le 24 février 2019. Mais l’ancien archevêque de Sydney et Melbourne avait déjà pris congé de ses fonctions au Vatican dès l’été 2017 pour rentrer en Australie et se défendre de ces accusations.