Sainte-Marthe, messe du 27 mars 2020 © Vatican Media

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Sainte-Marthe : « L’acharnement, c’est l’oeuvre du démon » (traduction complète)

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La seule réponse c’est le silence

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L’acharnement, dont parlent les textes de ce jour, « est très subtil », fait observer le pape François lors de la messe de ce 27 mars 2020 qu’il célébrait à Sainte-Marthe, au Vatican: « Pensons à la façon dont le démon s’est acharné non seulement contre Jésus, mais aussi dans les persécutions des chrétiens ; la façon dont il a cherché les moyens les plus sophistiqués pour les pousser à l’apostasie, à s’éloigner de Dieu. Et cela, comme nous le disons dans notre langage quotidien, c’est diabolique : oui, une intelligence diabolique ».

Dans son homélie diffusée en direct par streaming, le pape François a commenté les lectures du jour tirées du livre de la Sagesse et de l’Évangile de Jean. La première dénonce les impies qui s’égarent dans leurs raisonnements et s’acharnent contre le juste, cherchant à le piéger et à le tuer. L’Évangile fait écho à cette première lecture, avec le récit de Jésus qui enseigne dans le temple à Jérusalem, où il est pris à partie, alors que les juifs cherchaient déjà à le tuer.

Le pape a conclu la célébration de la messe par l’adoration et la bénédiction eucharistique, invitant à faire une communion spirituelle, avant que soit entonnée l’hymne mariale Ave Regina Caelorum.

« Que faire au moment de l’acharnement ? », interroge le pape, dont la réponse est claire : « Ce qu’a fait Jésus : se taire ». « Uniquement le silence, jamais la justification », a-t-il poursuivi. « Jésus a parlé, il a expliqué. Quand il a compris qu’il n’y avait pas de paroles, le silence. Et Jésus a vécu sa Passion en silence. C’est le silence du juste face à l’acharnement ». Le pape a conclu en invitant à « avoir le courage de se taire et de laisser parler les autres » lors des petits acharnements quotidiens « que sont les ragots ». « En silence, devant Dieu ».

Le pape a indiqué, au début de la célébration qu’il offrait la messe pour les personnes qui se dévouent aux autres.

Voici notre traduction de l’homélie du pape François, prononcée en italien et de la prière de S. Alphonse de Liguori pour la « communion spirituelle ».

HG

Homélie du pape à la messe

La première Lecture est presque une chronique (anticipée) de ce qui arrivera à Jésus. C’est une chronique en avance, c’est une prophétie. On dirait une description historique de ce qui est arrivé après. Que disent les impies ? « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Il est un démenti pour nos idées, sa seule présence nous pèse ;
car il mène une vie en dehors du commun. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires ». Pensons à ce qu’ils disaient à Jésus sur la Croix : « Si tu es le Fils de Dieu, descends ; qu’il vienne lui-même te sauver ». Et ensuite, le plan d’action : mettons-le à l’épreuve par « des outrages et des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui ». C’est une prophétie, vraiment, de ce qui s’est passé. Et les juifs cherchaient à le tuer, dit l’Évangile. Ils cherchaient aussi à l’arrêter, nous dit l’Évangile, « mais personne ne réussit à mettre la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue ».

Cette prophétie est trop détaillée ; le plan d’action de ces gens malveillants est fait dans les détails, sans rien omettre, mettons-le à l’épreuve par des violences et des tourments pour vérifier sa patience… tendons-lui des pièges, attirons-le dans un guet-apens, (pour voir) s’il tombe… Ce n’est pas simplement de la haine, non, il y a un plan d’action malveillant – certainement – d’un parti contre l’autre ; cela, c’est autre chose. Cela s’appelle de l’acharnement : quand le démon est derrière, toujours dans tous les acharnements, il cherche à détruire et il n’épargne aucun moyen. Pensons au début du livre de Job, qui est prophétique sur ce point : Dieu est satisfait de la manière de vivre de Job et le diable lui dit : « Oui, parce qu’il a tout, il n’a pas d’épreuves ! Mets-le à l’épreuve ! » Et le diable commence par lui enlever ses biens, puis sa santé et Job ne s’est jamais, jamais éloigné de Dieu. Mais le diable, ce qu’il fait : l’acharnement. Toujours. Derrière tout acharnement il y a le démon, pour détruire l’oeuvre de Dieu. Derrière une discussion ou une inimitié, il se peut que ce soit le démon, mais de loin, avec les tentations normales. Mais quand il y a de l’acharnement, ne doutons pas : il y a la présence du démon. Et l’acharnement est très subtil. Pensons à la façon dont le démon s’est acharné non seulement contre Jésus, mais aussi dans les persécutions des chrétiens ; la façon dont il a cherché les moyens les plus sofistiqués pour les pousser à l’apostasie, à s’éloigner de Dieu. Et cela, comme nous le disons dans notre langage quotidien, c’est diabolique : oui, une intelligence diabolique.

Des évêques d’un des pays qui a subi la dictature d’un régime athée m’ont raconté que pendant la persécution, on en arrivait à des détails comme celui-ci : le lundi de Pâques, les maîtresses devaient demander aux enfants : « Qu’avez-vous mangé hier ? » et les enfants disaient ce qu’il y avait au déjeuner. Et certains disaient : « Des oeufs » ; et ceux qui disaient : « Des oeufs » étaient ensuite traqués pour voir s’ils étaient chrétiens parce que, dans ce pays, on mangeait des oeufs le Dimanche de Pâques. Jusque là pour voir, en espionnant, où il y a un chrétien à tuer. C’est de l’acharnement dans la persécution, et cela, c’est le démon.

Alors que faire au moment de l’acharnement ? On peut faire seulement deux choses : ce n’est pas possible de discuter avec ces gens parce qu’ils ont leurs idées, des idées fixes, des idées que le diable a semées dans leur coeur. Nous avons entendu quel est leur plan d’action. Que faire ? Ce qu’a fait Jésus : se taire. C’est frappant, quand nous lisons dans l’Évangile que, devant toutes ces accusations, toutes ces choses, Jésus se taisait. Face à l’esprit d’acharnement, uniquement le silence, jamais la justification. Jamais. Jésus a parlé, il a expliqué. Quand il a compris qu’il n’y avait pas de paroles, le silence. Et Jésus a vécu sa Passion en silence. C’est le silence du juste face à l’acharnement. Et c’est valable aussi pour – appelons-les ainsi – les petits acharnement quotidiens, quand l’un d’entre nous entend qu’il y a des ragots par là, contre lui, et qu’on parle et qu’ensuite rien ne sort… se taire. Le silence. Et subir et tolérer l’acharnement des ragots. Les ragots sont aussi un acharnement, un acharnement social : dans la société, dans le quartier, sur le lieu de travail, mais toujours contre lui. Ce n’est pas un acharnement très fort, mais c’est un acharnement, pour détruire l’autre parce qu’on voit que l’autre dérange, agace.

Demandons au Seigneur la grâce de lutter contre le mauvais esprit, de discuter quand nous devons discuter ; mais face à l’esprit d’acharnement, avoir le courage de se taire et de laisser parler les autres. Même chose devant ce petit acharnement quotidien que sont les ragots : les laisser parler. En silence, devant Dieu.

Prière de S. Alphonse de Liguori pour la communion spirituelle

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Mon Jésus, je crois que tu es réellement présent dans le Très-Saint Sacrement. Je t’aime plus que tout et je te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas te recevoir sacramentellement maintenant, viens au moins spirituellement dans mon coeur. Puisque tu es déjà venu, je t’embrasse et m’unis entièrement à toi. Ne permets pas que je sois jamais séparé de toi.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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