En célébrant la messe ce matin dans mon église vide, priant pour le personnel soignant, les familles désemparées, les défunts et mes paroissiens âgés cachés chez eux. Je dois avouer que la prière d’Azarias qui nous était proposé en première lecture (livre de Daniel 3,25.34-43) m’a fait penser à cette période bien particulière où par charité envers nos frères, nous ne pouvons plus nous regrouper dans nos églises « en ce temps, il n’est plus de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde. ».
Je sais combien cette situation est lourde à porter pour tant et tant de chrétiens. Depuis quelques jours, j’en ai entendu des remarques, oubliant parfois la charité mais manifestant le grand désarroi des uns et des autres. Il est beau et heureux de voir l’attachement de nos contemporains (croyants ou non) au bâtiment église, signe d’une Présence au milieu de son peuple. Quand les portes de l’église sont fermées. Quand les cloches n’appellent plus au rassemblement. Ce n’est pas une nostalgie, c’est un pincement au cœur ressenti comme une absence, un abandon !
Que nous reste t-il alors pour nous tourner vers Dieu ? Précisément chacun d’entre nous, en une véritable attitude « cœurs brisés, esprits humiliés » : voilà ce que nous avons à offrir en ces jours. De là où vous vous trouvez lecteurs, peut-être voyez-vous le clocher de l’église proche : osez lever les yeux pour mieux apercevoir cette Présence discrète au-dessus de nous qui ne nous abandonne pas dans notre détresse. Unissez-vous au son des cloches qui égrènent les heures et demandez-leur de faire monter vers le Ciel votre prière, unie à celle du roi Azarias : « Agis envers nous selon ton indulgence et l’abondance de ta miséricorde. Délivre-nous en renouvelant tes merveilles, glorifie ton nom, Seigneur ! »
Chanoine Denis METZINGER – curé à Paris.
17 mars 2020.