L’intercession exprime « le désir de Dieu de sauver l’homme » afin que dans le monde « tous puissent être attirés par la lumière de la miséricorde en bénéficiant du même pardon », a affirmé le jésuite Pietro Bovati, dans son avant-dernière méditation de carême pour la Curie romaine, à Ariccia, dans l’après-midi du jeudi 5 mars 2020.
Le secrétaire de la Commission biblique pontificale a développé le thème de « l’intercession » comprise comme « cette intervention de secours aimant » qui est exercée envers des personnes qui ont « besoin de pardon et de réconciliation avec Dieu », indique Vatican News en italien du 5 mars.
À la lumière du Livre de l’Exode, de l’Évangile de saint Mathieu et de la prière des psaumes, le p. Bovati réfléchit sur la prière d’intercession. C’est en regardant le Christ que l’on se sent « appelé à un amour pour le pécheur vu avec les yeux » de Dieu. Le priant, « précisément parce qu’il regarde le visage » du Christ, est poussé « à s’identifier » au pécheur, finissant par « prendre sur lui le mal d’autrui », à l’exemple du Christ.
Dans les textes bibliques, explique le théologien, « la prière que l’intercesseur adresse à Dieu » est une « demande », une « supplication » afin que le Christ pardonne. L’Écriture enseigne, poursuit-il, que « Dieu exauce avant que la demande ne soit sur les lèvres ; il sait ce dont nous avons besoin ». Nous devons toutefois demander, « parce qu’ainsi nous prenons conscience de nos nécessités », « nous faisons l’expérience du besoin », nous lui présentons « nos blessures, nos souffrances ».
L’intercession « regarde donc le visage de Dieu » et assiste à un « changement » : le passage « de la colère à la miséricorde », à la « tendresse », de sorte que s’opère un « changement radical » dans notre cœur. La prière d’intercession, explique le p. Bovati, exprime une « docilité progressive du médiateur dans l’accueil de la bonté infinie de Dieu » et, en l’accueillant en lui-même, il devient « témoin et instrument de cette miséricorde ».
« Plus il y a de péché, plus se multiplie la miséricorde »
Pour illustrer le processus « concret » d’exercice de la miséricorde divine « dont le ministre est le médiateur » et « qui se réalise avec le pardon », le prédicateur propose de relire le discours du Christ au chapitre 18 de l’Évangile de Mathieu. Il part de l’attention « au petit », c’est-à-dire la personne vulnérable, fragile : « Celui qui a une responsabilité dans l’Église » est appelé à avoir une « attitude paternelle », avec une attention pour « celui qui est plus petit », affirme le p. Bovati.
Dans la parabole de la brebis perdue, rappelle-t-il, le Christ parle d’un manque de « vigilance », de « soin personnel », d’attention « prévenante » de la part du pasteur. La « fragilité du petit se conjugue avec l’incurie du pasteur », mais cela « ne détermine pas l’issue malheureuse de la parabole, au contraire, c’est précisément l’occasion pour activer l’initiative du pasteur qui va chercher la brebis perdue ». C’est-à-dire qu’il « fait revenir le pécheur ».
« Aller chercher son frère qui s’est perdu se réalise, selon ce texte de Mathieu, par l’exercice du dialogue », affirme le prédicateur, qui consiste à entreprendre un « processus graduel » qui puisse convaincre le pécheur, passant de l’« entretien personnel » à l’« implication de témoins », de « médiateurs qui soutiennent le désir de réconciliation et qui le favorisent », jusqu’à l’implication « de toute la communauté ». La finalité atteinte par la mission de réconciliation se « rend visible » dans la prière communautaire. Le Christ réalise sa mission précisément parce que les pasteurs sont des « médiateurs » et « unissent la communauté ».
Quand l’apôtre Pierre demande : « Combien de fois dois-je pardonner à mon frère ? », le Christ encourage « à ne pas se lasser », rendant donc en un certain sens « permanent » le ministère de la réconciliation. Le numéro 70 fois 7 est compris comme une « multiplication », explique le p. Bovati, comme si, à toute limite il faille opposer un « dépassement inimaginable », « plus il y a de péché, plus se multiplie la miséricorde ».
Avec une traduction d’Hélène Ginabat