Le pape Pie XII a démontré « une charité qui n’a pas toujours été comprise », souligne Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats, à l’heure où sont ouvertes les archives relatives au pontificat du pape Pacelli (1939-1958).
Dans un entretien à Vatican News, l’archevêque fait le point sur l’Archive historique de la section pour les relations avec les Etats ouverte en 1814. Ses sources mises à disposition du public, explique-t-il, retracent « l’action de la Secrétairerie d’Etat à l’échelle internationale » et « la diplomatie du pape en défense de la paix et de la justice pour les peuples ».
Cette Archive contient deux millions de documents – 16 millions de pages – sur ce pontificat (1939-1958), qui fut, souligne Mgr Gallagher, « une période décisive dans l’histoire du XXe siècle ». Ces documents racontent notamment l’action du Saint-Siège durant la deuxième guerre mondiale : les relations diplomatiques, les questions concordataires, les œuvres humanitaires…
Le secrétaire annonce plus de 1.3 million de documents numérisés – un avantage pratique pour la conservation et pour la consultation – couvrant 10 ans du pontificat (1939-1948). L’autre moitié sera numérisée graduellement.
Mgr Gallagher mentionne particulièrement les volumes du Service d’écoute des radios étrangères (S.A.R.E.) au sein duquel, de 1944 à la fin de la guerre, un groupe de religieuses était dédié à l’écoute des principales radios afin de tenir la Secrétairerie d’Etat informée de l’évolution des conflits en temps réel sur tous les continents.
De ces documents, émerge « la figure du pape dans toute sa grandeur, comme défenseur de l’humanité et comme vrai pasteur universel », affirme-t-il : « Pacelli a été un diplomate courageux. Comme pape, il a montré une charité sans limite, qui n’a pas toujours été comprise ni partagée même entre les murs du Vatican. » Les documents mettent aussi en lumière « les efforts faits pour essayer de répondre aux demandes d’aide en faveur des persécutés et des nécessiteux » ainsi que « la haine du nazisme à l’égard de l’Eglise catholique et du pape même ».
Sur la Guerre froide, le secrétaire annonce « des documents inattendus qui offriront de nouveaux éclairages sur de nombreuses questions ». Ainsi « de récentes études indiquent qu’il y a eu dans l’après-guerre une activité fébrile de religieux envoyés par le pape pour tenter des négociations avec de hauts soviet locaux. Les sources parlent de la volonté de Pie XII de trouver un ‘modus vivendi’, mot clef de la Ostpolitik (politique vers l’Est), précise Mgr Gallagher.