En Amazonie, des religieuses et des évêques vivent sous menaces de mort, certains perdent la vie au service des populations d’Amazonie comme soeur Dorothy Stang, assassinée le 12 février 2005: c’est ce que rappelle le fait que l’exhortation apostolique post-synodale du pape François nouant la gerbe du synode d’octobre 2019 pour l’Amazonie soit publiée exactement 15 ans après, ce 12 février 2020.
Nous avions déjà écrit cet article en mémoire de soeur Dorothy au soir du 11 février. Or, en citant les martyrs pour la défense de la vie en Amazonie – hommes et femmes, laïcs et laïques, religieux et religieuse, prêtre – sœur Augusta de Oliveira, brésilienne, vicaire générale des Servantes réparatrices de Marie (SMR), a mentionné Dorothy Stang, au cours de la conférence de présentation du document papal au Vatican, ce 12 février.
Une clef de lecture
Le synode pour l’Amazonie (6-27 octobre 2019) avait pour thème : « Amazonie: nouveaux chemins pour l’Eglise et pour une écologie intégrale ».
Le biographe italien de soeur Dorothy, Valentino Salvoldi, a vu en elle « La première martyre de la création » (« Prima martire del creato : Dorothy Stang« , éditions Paoline, 2011).
Le 12 février 2005, soeur Dorothy Mae Stang (7 juillet 1931–12 février 2005) soeur de Notre Dame de Namur (Belgique), religieuse américaine naturalisée brésilienne, a été abattue par deux tueurs à gage, sur ordre de grands propriétaires terriens. Les assassins ont été rapidement identifiés et arrêtés. Et pourtant, ils ont été relâchés quelques jours plus tard.
« La missionnaire américaine a été tuée en février 2005, lors d’une embuscade sur une route menant à Anapu, dans l’État de Pará. Un peu plus de cinq ans plus tard, Galvão a été condamné à trente ans de prison en tant qu’instigateur du crime », rappelait L’Osservatore Romano en italien du 23 février 2019.
Elle se rendait dans une communauté pour parler des droits de l’Amazonie, lorsqu’elle a été approché par deux hommes armés. Ils lui ont demandé si elle était armée, elle a répondu que sa seule arme était la Bible qu’elle portait dans son sac, et elle a commencé à lire dans le passage des Béatitudes.
La publication de « Querida Amazonia » au jour anniversaire de son assassinat donne une clef du document du pape. En effet, au coeur de l’Amazonie, Dorothy Stang a combattu les défrichements sauvages qui effacent la forêt au profit des cultures des grands agriculteurs et des pâtures des éleveurs. Elle a donné sa vie pour les populations de la forêt. Une forêt dont l’avenir indique aussi l’avenir de la planète.
Le site Internet des soeurs de Notre Dame de Namur publie ces éléments biographiques et voit en elle une authentique « martyre »:
Sœur Dorothy Stang, d’origine américaine, avait 73 ans. Militante écologiste, elle a consacré sa vie à aider les petits paysans d’Amazonie et à protéger la forêt.
Sœur Dorothy est née à Dayton en Ohio, dans une famille de neuf enfants. Elle a été élevée dans la ferme d’une famille catholique traditionnelle. Elle est entrée dans la congrégation des Sœurs de Notre Dame de Namur en 1948 et elle a prononcé ses vœux perpétuels en 1956. De 1951 à 1966 elle a enseigné dans des classes primaires à l’école St. Victor à Calumet City, Illinois, à l’école St. Alexandre à Villa Park, Illinois, et à l’école de la très sainte Trinité à Phoenix, dans l’Arizona.
Elle a commencé son ministère au Brésil en 1966 à Coroata dans l’Etat de Maranhao. En 1983, elle se fixe à Anapu, à 700 km au sud de Belém.
Citoyenne du Brésil et des Etats-Unis
Citoyenne du Brésil et des Etats-Unis, sœur Dorothy a travaillé avec la Commission pastorale de la terre, une organisation de l’Eglise catholique qui lutte pour les droits des travailleurs agricoles et des paysans et qui défend des réformes agraires au Brésil.
Elle a été assassinée le 12 février 2005 par deux tueurs à gages, des “pistoleiros” dans l’Etat du Pará, au Brésil. Sa mort est survenue moins d’une semaine après sa rencontre avec des personnalités officielles du pays qui s’occupaient des droits humains, et des menaces proférées envers des fermiers locaux par des exploitants du bois et des propriétaires.
Avant son assassinat en 2005, sœur Dorothy avait été nommée ‘Femme de l’année’ par l’Etat de Pará pour son travail dans la région amazonienne. Elle avait aussi reçu la distinction ‘Humanitaire de l’année’ de la part de l’association brésilienne du barreau pour son travail d’aide aux travailleurs agricoles locaux.
Depuis sa mort, sœur Dorothy a été largement honorée pour sa vie et son travail par le Congrès des Etats-Unis et par nombre de facultés et d’universités à travers les Etats-Unis.
Prix des Droits humains
Elle a reçu à titre posthume le prix des Nations unies dans le domaine des droits humains en 2008. Ces honneurs posthumes ont été également remis à l’ancienne première ministre pakistanaise Benazir Bhutto, Nelson Mandela, Amnesty International et Martin Luther King. Des livres, des films, des documentaires et un opéra ont été composés à son sujet.
Par exemple, soeur Dorothy a inspiré le réalisateur Vincent Biscione lorsqu’il a lu ‘Martyr of the Amazon’ (Le martyre de l’Amazone) au sujet des efforts de soeur Dorothy pour préserver la forêt équatoriale et soutenir une agriculture durable, et de son assassinat par ceux qui sont impliqués dans l’exploitation illégale des forêts.
Vincent et son épouse Cristina ont décidé d’essayer de filmer la vie de Dorothy, en l’intitulant ‘The Hope of the Amazon’ (L’espérance de l’Amazone).