« Il faut un pacte mondial pour changer les règles du jeu économiques, notamment au niveau international », affirme le président de l’Académie pontificale des sciences sociales, le professeur d’économie politique italien Stefano Zamagni. « La nouveauté des trente dernières années est que les règles, c’est-à-dire la structure des relations économiques, génèrent des inégalités », explique-t-il.
Le président a accordé une interview à Vatican News en italien la veille de l’ouverture d’une conférence sur les Nouvelles formes de solidarité (Vers l’inclusion, l’intégration et l’innovation fraternelles) qui aura lieu le mercredi 5 février 2020 au siège de l’Académie, au Vatican.
Stefano Zamagni explique que des changements dans la structure financière d’aujourd’hui demandent des changements dans l’intervention : « Nous devons cesser de penser à corriger les inégalités en intervenant en aval et non en amont, affirme-t-il… Aujourd’hui, les inégalités sont causées par le fonctionnement de la finance spéculative internationale. »
Il explique la situation actuelle dans le monde des finances : « Jusqu’en 1980, le volume des transactions financières était plus ou moins égal au PIB mondial. Aujourd’hui, le volume des transactions est plus de 4 fois supérieur au PIB mondial. » Si, « il y a trente ans, l’objectif était de favoriser l’économie réelle en provoquant le développement », « aujourd’hui, la finance est autoréférentielle ».
Le président explique également les causes de l’enrichissement financier d’un petit groupe de personnes dans le monde : « Ceux qui s’enrichissent indûment, parce que l’enrichissement financier n’est pas dû à une capacité supérieure des personnes ou au fait qu’elles ont inventé quelque chose d’extraordinairement innovant, c’est parce qu’elles ont eu de la chance ou n’ont pas eu de scrupules moraux. »
Pour affronter cette situation, estime-t-il, il faut tout d’abord fermer « les paradis fiscaux disséminés dans le monde ». Sans cela, ajoute-t-il, « il est évident que nous ne pouvons pas intervenir beaucoup ».
Stefano Zamagni démontre aussi le lien entre les inégalités économiques et sociales et les guerres : « L’inégalité sème la haine, sème la volonté de détruire l’autre, d’où vient la violence, d’où viennent les guerres non déclarées… Il est clair que si nous voulons restaurer la sécurité, comme tout le monde dit le vouloir, la première chose à faire est de réduire les inégalités. »