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Le cri des migrants est celui de notre humanité
« Prions pour que le cri de tant de migrants victimes de trafics criminels soit entendu et pris en compte.»
Exercer une mission de compassion pour le monde, telle est la vocation du Réseau Mondial de Prière du Pape. Ce mois-ci, le pape porte notre attention vers des hommes, des femmes et des enfants qui ont double peine : ils sont migrants et victimes de trafics criminels. Leur cri est silencieux. Certains se noient en mer, d’autres sont victimes au cours du voyage ; tous se font discrets pour arriver au but. Leur cri cependant monte des entrailles de la terre. Un cri qui terrorise et paralyse autant qu’il interpelle la conscience.
J’ouvre l’Évangile. Jésus n’a pas une pierre où reposer sa tête (Mt 8,20). Comme eux, il est en route et il m’appelle. Autant marcher sur la mer ! « Les disciples, le voyant marcher sur la mer, crurent que c’était un fantôme et poussèrent des cris » (Mc 6,49). Ils sont autant paniqués par la tempête que par sa venue sur l’eau. Eux aussi, ils crient. Ici et là, c’est le cri de l’humanité en détresse. Il les rassure : « Ayez confiance, c’est moi, soyez sans crainte » (Mc 6,50).
La première étape est d’accepter d’entendre ce cri et d’en être touché. C’est un travail sur soi, qui peut apparaître au-delà de nos faibles forces. La prière y a toute sa place. Prier pour les migrants commence à cet endroit de notre conversion personnelle. « Mon Dieu, ne permets pas que je m’enferme et me noie dans la peur ! » L’Écriture Sainte ne cesse de répéter que l’homme est un voyageur, en marche vers « une terre qui ruisselle de lait et de miel », vers une vie en plénitude. Les migrants, et particulièrement les plus éprouvés, me rappellent que je le suis comme eux, ou que comme eux j’aurai à faire un jour une migration, d’autant plus redoutable que je me serai accroché à toutes les sécurités possibles. Ils sont mes frères et sœurs en humanité et ont bien des choses à m’apprendre.
Certes, chacun n’est pas appelé à secourir les migrants. Nous n’avons pas tous le même charisme. Il y a une affirmation que nous devons cependant graver dans nos cœurs : ils sont nos frères et sœurs en humanité. Il en va de leur existence, mais aussi de la nôtre pour ne pas perdre notre âme. À leurs cris, n’opposons pas les nôtres pour les rejeter.
P. Daniel Régent sj, directeur national