Pour parler de sexualité aux jeunes en donnant « une parole claire et authentique », les consacrés doivent se remettre en question et adopter « un langage nouveau », estime une religieuse dans les pages du mensuel de L’Osservatore Romano du mois de février 2020, « Femmes, Eglise et Monde ».
« C’est un défi, et l’enjeu est grand », écrit sœur Marta Rodriguez, car « c’est sur ces questions qu’ils s’éloignent souvent de l’Église, parce qu’ils se sentent jugés, incompris, pas écoutés ».
Elle dresse le constat que « la vie consacrée n’a toujours pas été en mesure de répondre concrètement à leurs inquiétudes, mis à part quelques exceptions méritoires ». Et elle invite à « une conversion pastorale profonde », qu’elle synthétise en trois points.
Premier point : « être des témoins crédibles ». « Les jeunes cherchent une parole qui naisse de la vie, pas seulement de l’étude », souligne la religieuse qui regrette que les consacrés soient souvent « des analphabètes affectifs, incapables d’exprimer (leur) monde émotionnel », qu’ils « gèrent leur affectivité selon des paradigmes de contrôle ou même de répression », ou qu’ils « manquent de liberté pour vivre les relations d’amitié, en particulier avec l’autre sexe ».
« Si nous n’apprenons pas les premiers à canaliser toute la force de la dimension sexuelle et affective à l’intérieur de notre propre identité, nous ne pouvons pas avoir d’autorité pour dire une parole sur l’amour et sur la sexualité à quiconque », assure-t-elle. Il s’agit de savoir « entrer dans l’intimité, en découvrant aussi nos zones vulnérables » et de « permettre à Dieu et aux autres de nous rencontrer là ».
En deuxième point, sœur Marta Rodriguez invite les consacrés à faire l’expérience de leur propre guérison afin de rejoindre les jeunes dans leur « fragilité affective » : « À la base de la difficulté des jeunes à faire des choix définitifs, il y a la peur de l’engagement et, plus profondément encore, le manque de conscience du fait qu’ils sont aimables. »
Enfin, elle conseille d’ « apprendre à poser des questions », c’est-à-dire « de surmonter la tentation de donner des réponses toutes prêtes, et d’apprendre à poser des questions qui guident les jeunes dans leur recherche personnelle ». « Cela implique, d’une certaine façon, de faire un pas en arrière et d’accepter le risque de la liberté de l’autre, qui est l’unique voie pour la véritable croissance. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat