Angélus, capture @ Vatican Media

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Angélus: le pape François s'excuse pour une impatience

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Traduction des paroles du pape avant l’angélus: « L’amour est patient »

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« La patience de l’amour: l’amour nous rend patients. Si souvent, nous perdons patience », au coeur de son message avant l’angélus de ce mercredi 1er janvier 2020, 53e Journée mondiale de la paix, le pape François a présenté ses excuses pour un mouvement d’impatience saisi par les caméras hier, 31 décembre 2019.
En effet, après la célébration des vêpres, en la basilique vaticane, le pape s’est rendu place Saint-Pierre et il s’est recueilli devant la crèche. Avant et après cette visite à la crèche, le pape a salué les personnes présentes, s’arrêtant spécialement aux enfants, les bénissant, les embrassant, les écoutant.
Des petits incidents ont toujours lieu lors de ces rencontres improvisées. Un petit garçon est dégringolé de la balustrade et le pape s’est retourné pour l’embrasser et il lui a offert un chapelet. Un choeur a chanté pour le pape un « Noël » en anglais.
Ce que montre la vidéo
Sur son passage, deux dames ont saisi la main du pape, alors qu’il s’éloignait. Mais la seconde, imitant en quelque sorte le geste de sa voisine de gauche, l’a tiré en arrière comme pour lui parler: la surprise et probablement la douleur, ont suscité l’impatience du pape, qui lui a fait lâcher prise par une tape, de sa main gauche, libre, sur les mains, pour se dégager, avant qu’un homme de la sécurité du pape ne retienne les mains de la jeune femme qui continuait de parler, comme la vidéo le montre (à 1 heure 45 minutes, 42 secondes).
En ligne, des interprétations des paroles de la jeune femme, de type asiatique, circulent. Il n’y a pour le moment aucune certitude. Le son de la vidéo de Vatican Media, qui suivait le déplacement du pape, n’est pas très audible. La femme n’a pas été retrouvée: elle seule pourrait confirmer dans quelle langue elle a parlé et ce qu’elle a dit.
Certains ont affirmé qu’il s’agissait de l’anglais parlé en Chine (comme on en parle dans d’autres pays d’Asie), le « chinglish », et que la jeune femme demandait au pape de prendre soin des chrétiens du « village chinois ». Mais aucune confirmation pour le moment.
Ce qui est sûr, parce que la vidéo le montre, c’est qu’elle a attendu la venue du pape à sa hauteur paisiblement, sans s’agiter, contrairement à beaucoup de personnes cherchant à attirer par des gestes ou par la voix l’attention du Saint-Père. Elle a pris le temps d’un signe de croix (à 1 heure 45 minutes, 33 secondes sur la vidéo de la chaîne du Vatican sur YouTube):  pour se donner du courage avant de parler?
Souvent les gens préfèrent glisser un message écrit au Pape ou à son entourage, sachant qu’il est difficile de se faire comprendre ou même entendre dans la foule. Mais il était improbable de se trouver là et de rencontrer le pape au moment où il se rendait auprès de la crèche ou après: ce n’est pas comme lors des audiences du mercredi où l’on se prépare. L’improvisation explique aussi la scène.
D’aucuns ont déploré que la sécurité du pape n’ait pas « anticipé »: mais le pape lui-même souhaite avoir un contact direct avec les gens, et évite visiblement de se laisser saisir les mains par les adultes, il va vers les enfants. Il lui tourne déjà le dos au moment où une dame, puis la jeune femme lui saisissent la main. Certes, à 83 ans et avec une certaine difficulté à marcher, ce n’était pas anodin: ce geste de le retenir pouvait lui faire perdre l’équilibre. D’où probablement la réaction d’impatience devant le danger et la torsion du poignet – du coude ou de l’épaule? du dos? -. Le visage du pape manifeste d’abord une crispation de douleur.
Pas « magique »
A l’angélus, le lendemain, 1er janvier, le pape a rappelé que le salut dans le Christ n’est pas « magique » mais « patient », et il s’est excusé de ce geste d’impatience: « Je vous demande de m’excuser pour le mauvais exemple d’hier ».
Le pape a rappelé le thème de son message pour cette Journée mondiale de la paix: « Dialogue, réconciliation et conversion écologique ».
Le pape a montré par où passe ce chemin d’espérance, par la bénédiction qu’est Jésus: « Jésus est la bénédiction pour ceux qui sont opprimés par le joug des esclavages, des esclavages moraux et des esclavages matériels. Il nous libère par son amour. A ceux qui ont perdu leur estime de soi en restant prisonnier de cercles vicieux, Jésus dit: le Père t’aime, ne t’abandonne pas, attend ton retour avec une patience inébranlable. »
Le pape s’est adressé aux victimes et aux prisonniers: « À ceux qui sont victimes d’injustice et d’exploitation et qui ne voient pas d’issue, Jésus ouvre la porte de la fraternité, où trouver des visages, des coeurs et des mains accueillants, où partager l’amertume et le désespoir, et retrouver un peu de dignité.   Jésus s’approche de celui qui est gravement malade et se sent abandonné et découragé, touche les plaies avec tendresse, verse l’huile de la consolation et transforme la faiblesse en force de bien pour défaire les nœuds les plus emmêlés. A ceux qui sont en prison et tentés de s’enfermer sur eux-mêmes, Jésus rouvre un horizon d’espérance, à partir d’un petit rayon de lumière. »
« Chers frères et sœurs, descendons des piédestaux de notre orgueil – nous avons tous la tentation de l’orgueil – et demandons la bénédiction de la Sainte Mère de Dieu, l’humble Mère de Dieu. Elle nous montre Jésus: laissons-nous bénir, nous ouvrons notre cœur à son bonté. Ainsi l’année qui commence sera un chemin d’espérance et de paix, non pas en paroles, mais par des gestes quotidiens de dialogue, de réconciliation et de souci de la création », a conclu le pape.
Voici notre traduction, rapide, de travail, des paroles prononcées par le pape François en italien.
AB
Paroles du pape François avant l’angélus du 1er janvier 2020
Chers frères et sœurs, bonjour! Et Bonne année!
Hier soir, nous avons terminé l’année 2019 en remerciant Dieu pour le don du temps et tous ses bienfaits. Aujourd’hui, nous entamons 2020 avec la même attitude de gratitude et de louange. Il n’est pas évident que notre planète ait entamé une nouvelle tournée autour du soleil et que nous, les êtres humains, continuions d’y vivre. Ce n’est pas évident, au contraire, c’est toujours un « miracle » dont il faut s’émerveiller et être reconnaissant.
Le premier jour de l’année, la liturgie célèbre la Sainte Mère de Dieu, Marie, la Vierge de Nazareth qui a donné naissance à Jésus, le Sauveur. Cet enfant est la bénédiction de Dieu pour tout homme et toute femme, pour la grande famille humaine et pour le monde entier.
Jésus n’a pas enlevé le mal du monde mais l’a vaincu à la racine. Son salut n’est pas magique, mais c’est un salut « patient », c’est-à-dire qu’il implique la patience de l’amour, qui prend en charge l’iniquité et lui enlève son pouvoir. La patience de l’amour: l’amour nous rend patients. Si souvent, nous perdons patience; moi aussi, et je vous demande de m’excuser pour le mauvais exemple d’hier. C’est pourquoi, en contemplant la crèche, nous voyons, avec les yeux de la foi, le monde renouvelé, libéré de la domination du mal et placé sous la seigneurie royale du Christ, l’Enfant couché dans la crèche.
C’est pourquoi aujourd’hui la Mère de Dieu nous bénit. Et comment la Vierge Marie nous bénit-elle? En nous montrant son Fils. Elle le prend dans ses bras et nous le montre, et ainsi elle nous bénit. Elle bénit toute l’Église, elle bénit le monde entier. Jésus, comme les anges le chantaient à Bethléem, est la «joie pour tout le peuple», il est la gloire de Dieu et la paix pour les hommes (cf. Lc 2, 14). Et c’est la raison pour laquelle le Saint-Pape Paul VI a voulu consacrer le premier jour de l’année à la paix – c’est le Jour de la paix – à la prière, à la prise de conscience et de la responsabilité pour la paix. Pour cette année 2020, le Message est le suivant: la paix est un chemin d’espérance, un chemin dans lequel nous avançons à travers le dialogue, la réconciliation et la conversion écologique.
Fixons donc notre regard sur la Mère et son Fils qu’elle nous montre. Au début de l’année, laissons-nous vous bénir! Laissons-nous bénir par la Vierge Marie avec son Fils.
Jésus est la bénédiction pour ceux qui sont opprimés par le joug des esclavages, des esclavages moraux et des esclavages matériels. Il nous libère par son amour. A ceux qui ont perdu leur estime de soi en restant prisonnier de cercles vicieux, Jésus dit: le Père t’aime, ne t’abandonne pas, attend ton retour avec une patience inébranlable (cf. Lc 15, 20). À ceux qui sont victimes d’injustice et d’exploitation et qui ne voient pas d’issue, Jésus ouvre la porte de la fraternité, où trouver des visages, des coeurs et des mains accueillants, où partager l’amertume et le désespoir, et retrouver un peu de dignité.   Jésus s’approche de celui qui est gravement malade et se sent abandonné et découragé, touche les plaies avec tendresse, verse l’huile de la consolation et transforme la faiblesse en force de bien pour défaire les nœuds les plus emmêlés. A ceux qui sont en prison et tentés de s’enfermer sur eux-mêmes, Jésus rouvre un horizon d’espérance, à partir d’un petit rayon de lumière.
Chers frères et sœurs, descendons des piédestaux de notre orgueil – nous avons tous la tentation de l’orgueil – et demandons la bénédiction de la Sainte Mère de Dieu, l’humble Mère de Dieu. Elle nous montre Jésus: laissons-nous bénir, nous ouvrons notre cœur à son bonté. Ainsi l’année qui commence sera un chemin d’espérance et de paix, non pas en paroles, mais par des gestes quotidiens de dialogue, de réconciliation et de souci de la création.
Copyright 2020 – Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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