Après huit années de guerre en Syrie, il est « urgent », estime le cardinal Parolin, de « sortir de la stagnation politique et d’avoir le courage de chercher de nouvelles voies de dialogue et de nouvelles solutions, dans un esprit de réalisme et de souci des personnes concernées ».
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, est intervenu lors de la 74ème Assemblée Générale des Nations Unies sur la Réunion ministérielle de haut niveau sur la Syrie, à New York, le 24 septembre 2019. Évoquant les souffrances de la population civile, il a demandé que les sanctions soient abrogées, le retour volontaire soutenu et que la présence des chrétiens soit encouragée.
Le représentant du Saint-Siège a aussi invité à « respecter strictement les principes du droit international humanitaire », « surmonter les intérêts partisans et respecter les droits et aspirations de la population syrienne ».
Voici notre traduction du discours du cardinal Parolin, prononcé en anglais.
HG
Discours du cardinal Pietro Parolin
Madame la Haute Représentante,
Je voudrais exprimer ma gratitude à l’Union européenne pour avoir organisé l’événement d’aujourd’hui et mon soutien à ses diverses initiatives, en particulier les conférences de Bruxelles, qui visent à trouver une solution politique durable au conflit en Syrie. Le Saint-Siège continue de suivre avec beaucoup d’inquiétude cette tragédie qui afflige le peuple syrien depuis plus de huit ans, créant une situation humanitaire dramatique. C’est dans ce contexte que le pape François a écrit au président Bachar al-Assad fin juin.
Le Saint-Siège a toujours insisté sur la nécessité de respecter strictement les principes du droit international humanitaire et de rechercher une solution politique viable pour mettre fin au conflit, surmonter les intérêts partisans et respecter les droits et aspirations de la population syrienne. Cela doit se faire avec les outils de la diplomatie, du dialogue, de la négociation et avec la participation de la communauté internationale.
En ce qui concerne les souffrances de la population civile, le Saint-Siège tient à souligner trois aspects :
- les sanctions imposées créent également de lourds fardeaux pour la population civile. En fait, les organismes de bienfaisance qui travaillent sur le terrain ont souligné à maintes reprises les effets néfastes de ces sanctions sur les civils, demandant qu’elles soient abrogées ;
- la question du retour des réfugiés et de la réconciliation. Le Saint-Siège invite la communauté internationale à soutenir et à encourager leur retour volontaire et en toute sécurité, ainsi que celui des personnes déplacées ;
- les chrétiens et les minorités religieuses ont toujours joué un rôle spécifique dans le tissu social du Moyen-Orient. Leur présence doit être soutenue et encouragée en tant que contribution à la cohésion sociale ainsi qu’au processus de réconciliation nécessaire. Comme l’a souligné le pape François dans son dernier discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège : « Il est extrêmement important que les chrétiens aient une place dans l’avenir de la région ». Le Saint-Siège espère que « les autorités politiques ne manqueront pas d’assurer leur sécurité et tout ce dont elles ont besoin pour continuer de vivre dans les pays dont ils sont des citoyens à part entière, et de contribuer à leur croissance » (1).
Le Saint-Siège encourage vivement la communauté internationale « à ne pas négliger les nombreux besoins des victimes de cette crise, et surtout à laisser de côté les intérêts particuliers pour être au service de la paix et mettre un terme à la guerre » (2).
Après huit douloureuses années de conflit, il est nécessaire, et même urgent, de sortir de la stagnation politique et d’avoir le courage de chercher de nouvelles voies de dialogue et de nouvelles solutions, dans un esprit de réalisme et de souci des personnes concernées. C’est non seulement la stabilité du Moyen-Orient qui est en jeu, mais aussi l’avenir même des jeunes, dont beaucoup sont nés et ont grandi en dehors de leur pays, qui sont souvent privés de possibilités d’éducation et ne disposent pas des produits de première nécessité pour vivre. Trop souvent, ils deviennent la proie facile de la criminalité et de la radicalisation. C’est une question de dignité et de civilité.
Je tiens à vous assurer que le Saint-Siège et l’Église catholique en général maintiendront leur engagement à encourager la recherche de solutions viables à la crise et continueront de prêter attention à la situation humanitaire, en apportant une aide aux populations touchées par le conflit en Syrie et aux réfugiés, ainsi qu’aux communautés qui les accueillent, sans aucune distinction fondée sur l’identité religieuse ou ethnique, pour ceux qui en ont besoin.
Merci, Madame la Haute Représentante.
NOTES
- Pape François, Discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, 7 janvier 2019.
- Pape François, Discours aux participants à la réunion de travail sur la crise en Syrie et dans les pays voisins, 14 septembre 2018.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat