Réseau contre la traite Talitha Kum © Vatican Media

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Talitha Kum: des religieuses "en première ligne" dans la lutte contre la traite des personnes

10ème anniversaire du réseau mondial de sauvetage

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Le pape a exprimé sa « reconnaissance » et ses « encouragements » au réseau de religieuses Talitha Kum pour l’oeuvre accomplie « dans un domaine aussi complexe et aussi dramatique ». « Vous avez choisi d’être en première ligne », leur a-t-il dit, les félicitant de « travailler ensemble », « un exemple pour toute l’Église ».
Le pape François a reçu en audience les participantes à la première Assemblée générale de Talitha Kum – Réseau mondial de la vie consacrée contre la traite, qui se tient à Rome du 21 au 27 septembre, ce jeudi matin 26 septembre 2019, dans la Salle du Consistoire du Palais apostolique du Vatican.
« Dans la lutte contre la traite, a d’une part souligné le pape, les congrégations religieuses réalisent de manière exemplaire leur tâche d’animation charismatique des Églises locales ». D’autre part, il a invité les Églises locales et les évêques à « impliquer celles-ci dans la phase de projet et dans l’action pastorale », « afin de rendre plus rapide et efficace l’oeuvre de l’Église ».
Le pape François a toujours soutenu et encouragé les religieuses de Talitha Kum afin qu’elles puissent continuer à accompagner les victimes de la traite des êtres humains et à prévenir ce phénomène, en sensibilisant les institutions et les citoyens. Le 10 mai dernier, le pape François a lancé la campagne « Les sœurs guérissent les cœurs » (Nuns Healing Hearts) en l’honneur du dixième anniversaire du réseau.
Pour plus d’informations, le site de Talitha Kum est ici.
Voici notre traduction du discours du pape François.
HG
Discours du pape François
Chères sœurs,
Je suis vraiment heureux de pouvoir vous recevoir aujourd’hui, à l’occasion de votre première Assemblée générale. Je remercie Soeur Kafka et Soeur Bottani pour leur présentation. Talitha Kum est née en 2009 d’une intuition missionnaire de l’Union internationale des Supérieures générales et se présente aujourd’hui comme un réseau mondial qui coordonne les efforts des instituts de vie consacrée engagés contre la traite des personnes. En seulement dix ans, elle est arrivée à coordonner 52 réseaux de religieuses présentes dans plus de 90 pays sur tous les continents. Les chiffres de votre service parlent d’eux-mêmes : deux mille personnes engagées, plus de quinze mille victimes de la traite assistées et plus de deux-cent mille personnes touchées par des activités de prévention et de sensibilisation.
Je me félicite de l’oeuvre importante que vous réalisez dans un domaine aussi complexe et aussi dramatique. Une oeuvre qui unit la mission et la collaboration entre les instituts. Vous avez choisi d’être en première ligne. C’est pourquoi les nombreuses congrégations qui ont travaillé et qui travaillent comme « avant-gardes » de l’action missionnaire de l’Église contre le fléau de la traite des personnes méritent notre reconnaissance (cf. Discours aux participants à la Conférence sur la traite des personnes, 11 avril 2019). Et aussi travailler ensemble : c’est un exemple. C’est un exemple pour toute l’Église, y compris pour nous : hommes, prêtres, évêques… C’est un exemple. Avancez comme cela !
Votre première assemblée s’est donné comme objectif principal l’évaluation du chemin parcouru et l’identification des priorités missionnaires pour les cinq prochaines années. Vous avez décidé de vous concentrer, pendant les diverses sessions de travail, sur deux questions principales liées au phénomène de la traite. D’un côté, les grandes différences qui marquent encore la condition féminine dans le monde et qui découlent principalement de facteurs socio-culturels. De l’autre, les limites du modèle de développement néo-libéral qui, avec sa vision individualiste, risque de déresponsabiliser l’État. Il s’agit sans nul doute de défis complexes et urgents qui requièrent des réponses adéquates et efficaces. Je sais que, pendant votre assemblée, vous vous êtes efforcées d’identifier des propositions de solutions, en soulignant les ressources nécessaires pour les réaliser. J’apprécie ce travail de planification pastorale en vue d’une aide plus qualifiée et profitable aux Églises locales.
Bien que ces défis soient importants, ce ne sont pas les seuls que nous ayons à affronter. La Section Migrants et réfugiés du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral a récemment publié les « Orientations pastorales sur la traite des personnes », un document qui explicite la complexité des défis d’aujourd’hui et qui offre des indications claires pour tous les agents pastoraux qui veulent s’engager dans ce domaine.
Je tiens à renouveler mes encouragements à tous les instituts féminins de vie consacrée qui ont permis et soutenu l’engagement de leurs sœurs dans la lutte contre la traite et dans l’aide aux victimes. Tout en vous invitant à poursuivre cet engagement, je lance aussi un appel à d’autres congrégations religieuses, féminines ou masculines, afin qu’elles adhèrent à cette oeuvre missionnaire, mettant à son service du personnel et des ressources pour pouvoir atteindre tous les lieux. Je souhaite, en outre, que se multiplient les fondations et les bienfaiteurs qui apportent leur soutien généreux et désintéressé à vos activités. À propos de cette invitation faite à d’autres congrégations religieuses, je pense aux problèmes de tant de congrégations et certaines, féminines ou masculines, pourront peut-être dire : « Nous avons tellement de problèmes à résoudre à l’intérieur, nous ne pouvons pas… ». Dites-leur que le pape a dit que les problèmes « à l’intérieur » se résolvent en sortant dans la rue, pour faire entre l’air frais.
Considérant la portée des défis que pose la traite, il est nécessaire de promouvoir un engagement synergique de la part des différentes réalités ecclésiales. Si, d’un côté, la responsabilité pastorale est essentiellement confiée aux Églises locales et aux Ordinaires, de l’autre il est souhaitable que ces derniers sachent impliquer dans la phase de projet et dans l’action pastorale les congrégations religieuses féminines et masculines ainsi que les organisations catholiques présentes sur leur territoire, afin de rendre plus rapide et efficace l’oeuvre de l’Église.
Dans la lutte contre la traite, les congrégations religieuses réalisent de manière exemplaire leur tâche d’animation charismatique des Églises locales. Vos intuitions et initiatives pastorales ont tracé la voie d’une réponse ecclésiale immédiate et efficace. Mais je tiens à redire que « le chemin de la vie consacrée, féminine ou masculine, est le chemin de l’insertion ecclésiale » (Discours écrit à la XXIème Assemblée plénière de l’UISG, 10 mai 2019). C’est le chemin qu’a fait l’Esprit Saint : il est l’auteur du « désordre » dans l’Église, avec de nombreux charismes et, en même temps, il est l’auteur de l’harmonie dans l’Église. Un chemin de richesse. Et c’est cela, être dans l’Église, avec les dons de l’Esprit Saint : c’est la liberté de l’Esprit. Et si quelqu’un parmi vous a des doutes, qu’il prenne les Actes des apôtres et regarde la créativité de l’Esprit, quand les croyants ont le courage de sortir de la synagogue, d’aller dehors. « En dehors de l’Église – de cette Église – et parallèlement à l’Église locale, les choses ne fonctionnent pas » (ibid.). Mais cette Église, riche de nombreux charismes, est celle qui nous donnera la force.
Chères sœurs, je vous bénis et je confie à la Vierge Marie vos bonnes résolutions pour l’avenir ; et je vous assure de mon souvenir dans la prière. Et vous aussi, n’oubliez pas de prier pour moi, parce que j’en ai besoin. Et je me permets un dernier conseil. Ne jamais terminer sa journée sans penser au regard d’une des victimes que vous avez connues : ce sera une belle prière. Merci.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
 

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Hélène Ginabat

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