« Le patrimoine culturel des peuples autochtones, dont les langues sont d’une importance capitale, ne doit pas être considéré comme un fardeau, mais plutôt comme un enrichissement de l’identité culturelle d’un État », affirme Mgr Jurkovic. La préservation des langues autochtones, poursuit-il, « enrichit donc en humanité toute la famille des nations et fournit un éventail plus large des connaissances les plus nécessaires en matière de préservation de l’environnement ».
Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, est intervenu lors de la 42ème session du Conseil des droits de l’homme, intitulée : Panel annuel sur les peuples autochtones, le 18 septembre 2019.
Un mois avant la réunion du Synode des évêques sur la région panamazonienne, convoqué par le pape François, le représentant du Saint-Siège rappelle que « le rôle crucial joué par les communautés autochtones par rapport à leurs terres ancestrales exige un modèle de développement différent, qui prend en considération le lien entre le caractère central de la personne humaine et l’environnement, un modèle qui trouve des éléments importants dans de nombreuses coutumes et valeurs autochtones ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Jurkovic.
HG
Discours de Mgr Ivan Jurkovič
Monsieur le Président,
Par la résolution 71/178, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé que 2019 serait l’Année internationale des langues autochtones. (1) C’est une année où la communauté internationale a choisi de redoubler d’efforts « pour préserver, promouvoir et revitaliser » (2) les langues autochtones, si souvent en voie d’extinction.
« La protection des peuples autochtones et de leurs terres constitue un impératif éthique fondamental et un engagement primordial en faveur des droits de l’homme » (3) pour tous. En particulier, le droit international relatif aux droits de l’homme définit clairement la protection des langues traditionnelles dans le cadre plus large des droits politiques, sociaux, économiques et culturels auxquels les autochtones ont droit, qu’ils vivent dans des communautés autochtones ou dans des établissements urbains.
En outre, du point de vue des engagements contenus dans l’Agenda 2030, les peuples autochtones devraient être engagés en tant que partenaires essentiels dans la mise en œuvre des dix-sept objectifs, non seulement en tant que bénéficiaires, mais en tant qu’ « agents dignes de leur propre destin, compte tenu du fait que le développement humain intégral et le plein exercice de la dignité humaine ne peuvent être imposés, mais doivent plutôt se développer pour chaque individu, pour toute famille, dans les relations avec les autres et dans une relation juste avec les domaines où la vie sociale humaine évolue ». (4)
Le pape François a souligné que « la question centrale est de savoir comment concilier le droit au développement, tant social que culturel, avec la protection des caractéristiques particulières des peuples autochtones et de leurs territoires ». (5)
Le rôle crucial joué par les communautés autochtones par rapport à leurs terres ancestrales exige un modèle de développement différent, qui prend en considération le lien entre le caractère central de la personne humaine et l’environnement, un modèle qui trouve des éléments importants dans de nombreuses coutumes et valeurs autochtones.
Le patrimoine culturel des peuples autochtones, dont les langues sont d’une importance capitale, ne doit pas être considéré comme un fardeau, mais plutôt comme un enrichissement de l’identité culturelle d’un État. La préservation des langues autochtones enrichit donc en humanité toute la famille des nations et fournit un éventail plus large des connaissances les plus nécessaires en matière de préservation de l’environnement.
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège continue de promouvoir les langues autochtones, en construisant des centres d’études, en supervisant la composition de livres de grammaire et en commandant de nombreuses traductions dans ces langues. Un assortiment de ces collections est disponible pour la recherche dans certaines universités pontificales et instituts d’enseignement supérieur. (6) En outre, en divers endroits du monde, comme dans la région amazonienne, par exemple, « il existe déjà des centres de communication sociale gérés par les peuples autochtones eux-mêmes, [où] ils éprouvent la joie de pouvoir s’exprimer avec leurs propres mots et leur propre voix non seulement à leurs communautés mais aussi au monde extérieur ». (7)
Enfin, Monsieur le Président,
Le mois prochain, à Rome, se réunira le Synode des évêques sur la région panamazonienne, convoqué par le pape François, qui aura pour but de réfléchir, entre autres, à la contribution des peuples autochtones vivant dans cette région à la culture du monde, ainsi qu’à l’engagement de l’Église catholique à protéger et promouvoir leur patrimoine.
Merci, Monsieur le Président.
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
1 A/RES/71/178, OP13.
2 Ibid, PP11.
3 Document préparatoire pour le Synode sur la région panamazonienne, N.5.
4 Lettre datée du 25 septembre 2016, adressée au secrétaire général par l’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies, A/71/430, N.7.
5 Pape François, Discours aux participants à la IIIe Réunion mondiale du Forum des peuples autochtones, 15 février 2017.
6 Déclaration de l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, New York, 20 avril 2010.
7 Synode pan-amazonien. Document de travail pour le Synode des évêques, N.141.