Andrea Monda © Vatican Media

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Médias : la liberté va de pair avec la responsabilité, rappelle le directeur de L'Osservatore Romano

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Réflexion en Une du quotidien

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La liberté des organes de presse va de pair avec une « énorme responsabilité », assène le directeur de L’Osservatore Romano Andrea Monda dans l’édition du 24 juillet 2019. Les médias ont « des conséquences directes sur la vie concrète, sur la chair et le sang de personnes humaines ».
Cette réflexion, explique-t-il en Une du quotidien, naît d’une rencontre avec un ex-manager sali par la presse nationale, et dont le blanchiment par la Justice n’eût pas le même écho médiatique : « Le titre d’un journal peut faire très mal, il peut tuer. L’absence d’un titre aussi peut produire le même effet, avertit-il. L’on pense à l’absence (ou à la présence risible) des “démentis”. »
Et le directeur de souligner « l’énorme responsabilité qui pèse sur les épaules des journalistes », en dénonçant les « hurlements » publiés en Une, et les démentis « chuchotés dans les coins les plus obscurs du journal ». 
« Il y a un autre principe, qui va de paire avec la liberté, poursuit Andrea Monda : le principe de la responsabilité. Les éducateurs comme les communicateurs accomplissent un rôle public qui implique une grande responsabilité, non seulement parce qu’ils ont affaire avec l’édification de la maison commune, avec la société de l’avenir, mais aussi parce qu’ils vont avoir des conséquences directes sur la vie concrète, sur la chair et le sang de personnes humaines. »
A la différence de Jésus qui voulait « croiser le visage » des personnes et qui « cherchait à créer une relation authentique, humaine, personnelle » dans les foules, les mass-média peuvent parfois réaliser l’opposé, constate-t-il : ils « désignent un visage dans la foule » pour « le donner en pâture à la masse ».
Depuis sa nomination comme directeur, Andrea Monda confie qu’il a conscience de son “pouvoir” et formule son questionnement à ce sujet : « Quel est mon regard ? Est-ce celui de quelqu’un qui cherche les infos ou qui cherche des visages qui ne soient pas seulement des corps à exploiter ? Avec quel style est-ce que j’interprète et je réalise mon travail : en revendiquant seulement mes droits et en défendant bec et ongles ma liberté ? Ou est-ce que je cherche à avoir le regard de celui qui, en sentant le poids de la responsabilité, et en connaissant la fragilité humaine, considère le monde et les autres avec des yeux de vérité et de miséricorde ? Mon regard est-il celui de Marie qui regarde comme son Fils regarde, c’est-à-dire à partir du cœur ou bien s’arrête-t-il en superficie et au lieu de servir les autres, finirait par s’en servir ? »
« J’aimerais que cette question, qui est très laïque parce qu’elle touche le nœud crucial de la construction démocratique de nos sociétés, soit accueillie par mes collègues pour que tous ensemble nous puissions parler concrètement, pour une fois, non seulement du sacro-saint droit de la liberté de la communication, mais aussi du revers de la médaille », conclut-t-il.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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