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Synode pour l'Amazonie: traduction de la Bible dans les langues des peuples

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Et à leur demande

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La « traduction de la Bible dans les langues originales de l’Amazonie » retient l’attention de Marcelo Figueroa dans L’Osservatore Romano en italien des 6-7  juillet 2019 qui titre: « La Terre, mère de tous ». La traduction en français est de Zenit (Hélène Ginabat).

Marcelo Figeroa est le rédacteur en chef de l’édition argentine, hebdomadaire, de L’Osservatore Romano, lancée en 2017.
Mais c’est aussi spécialiste de la bible, car il a dirigé la Société biblique argentine et c’est d’ailleurs dans ce cadre qu’il a rencontré l’archevêque Bergoglio. Il a animé une émission de la TV diocésaine de Buenos Aires où le futur pape discutait bible avec son ami le rabbin Abraham Skorka.

Figueroa relève cette suggestion de l’Instrument de travail pour le synode sur l’Amazonie d’octobre prochain: « La suggestion d’ « encourager la traduction de la Bible dans les langues originales de l’Amazonie », contenue dans l’Instrumentum laboris du synode (n.139, cap.vi), semble plus qu’opportune et urgente. En outre, le fait qu’elle soit insérée dans le chapitre intitulé « Dialogue oecuménique et interreligieux » non seulement lui donne un contenu écologique intégral religieux et linguistique, mais permet aussi qu’elle soit fondamentale pour le soin de notre maison commune, dans une perspective anthropologique et de subsistance pour les communautés aborigènes amazoniennes ».

Il souligne aussi le défi spécifique des traductions: « La science de la traduction biblique a dû effectuer un chemin d’intégration, inclusif et oecuménique, du point de vue théologique et missiologique, pour revenir aux racines culturelles du Verbe incarné (Jean 1,14) et, en même temps, elle a dû suivre d’autres chemins, pour chercher « à partir des saintes Écritures […] à donner un témoignage commun » d’une évangélisation sans conquêtes. Des anciennes traductions réalisées par les missionnaires, qui s’efforçaient d’apprendre les langues d’origine, on est passé à la tâche incontournable des références linguistiques de ces peuples, pour qu’elles servent comme base et développement du texte traduit. »

Il souligne l’importance de l’inculturation : « La litteralité dans la traduction a dû laisser place à la dynamique et à la vitalité idiomatique de chaque ethnie, conservant sa vision du monde, ses coutumes, son habitat et sa culture. Dans cette tâche, le rôle de la femme aborigène est fondamental, elle qui sert de réserve idiomatique de sa communauté et de garantie de la conservation linguistique dans le temps, utilisant sa propre langue en s’occupant de ses enfants. La conservation et le développement du guaraní en est un exemple type, grâce au rôle joué par les femmes paraguayennes qui, survivant à la guerre du Chaco, ont opposé une résistance à la conquête de la langue de leur coeur, jetant ainsi les bases pour que la langue aborigène devienne la langue officielle du Paraguay. »

Il insiste sur l’importance pour ces peuples de la « distribution communautaire des biens de la terre »: « L’admirable interaction des habitants des communautés aborigènes amazoniennes avec la création se révèlera fondamentale pour la traduction correcte de l’immense variété et quantité d’éléments de la faune, de la flore et du cosmos présents dans les récits bibliques qui, dans les langues aborigènes, sont le propre d’un habitat d’origine très différente. D’autre part, le concept de distribution communautaire des biens de la terre – qui a rendu difficile, pour de nombreuses traductions bibliques, la compréhension et la traduction du terme « jeûne » signifiant privation de la nourriture que l’on reçoit par grâce de notre Mère la Terre – est un merveilleux défi pour les traducteurs. Les deux concepts, celui de bien-être communautaire solidaire et celui d’une Mère Terre généreuse et accueillante, exprimés dans une traduction, suffiront à eux seuls à arrêter l’avancée de certaines théologies apocalyptiques, dominionistes et de prospérité individuelle qui « ont un impact négatif sur les groupes amazoniens » (n.137). »

La traduction de la bible est aussi un avantage pour ces langues dont elles représenteront un dictionnaire »: « Par ailleurs, le fait que « d’autres groupes soient présents au milieu de la forêt amazonienne près des plus pauvres, exerçant une activité d’évangélisation et d’éducation » et leur permettant « de diffuser la Bible traduite dans les langues d’origine » (n.138), présente au moins deux défis et contributions socio-culturelles. En premier lieu, les milliers de vocables nécessaires pour traduire le texte biblique – qui, soit dit en passant, ne dépassent souvent pas l’immense richesse idiomatique de ces communautés – deviendront, comme le montre l’expérience avec d’autres traductions aborigènes, une sorte de dictionnaire imprimé. »

La traduction de la bible aide donc à la fois la conservation des langues et la diffusion de l’écologie « intégrale »: « Cette valeur bibliographique serait un apport fondamental dans la préservation et la définition de la langue aborigène, dans le concert de l’écologie idomatique et un renforcement linguistique dans sa défense historique de sa liberté et de son indépendance culturelle. En outre, il serait incontournable d’affronter les traductions aborigènes en format d’audio-écriture. Cela non seulement contribuerait à faire reconnaître la valeur des langues orales ou agraphiques, avec leur univers culturel, mais cela s’insèrerait aussi dans les racines mêmes des sciences bibliques, qui reconnaissent la transmission orale comme commencement et source de la conservation des récits sacrés. C’est pourquoi, le fait que les biblistes, les théologiens et les agences bibliques de toutes les confessions chrétiennes commencent à tracer des lignes de travail dans cette direction, comme le suggère le document cité ci-dessus (ibidem, n.139), se révèlera fondamental afin que ces traductions, toujours réalisées à la demande des communautés aborigènes, deviennent des ponts de rencontre et d’intégration dans l’écologie intégrale exprimée dans les termes du premier paragraphe de cet article. »

Traduction d’Hélène Ginabat

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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