Audience générale du 12 juin 2019 © Vatican Media

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Changement climatique : "ce sont les pauvres qui paient le prix le plus fort", dénonce le pape

Message vidéo au Forum “Planète Amazonie”

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« Faire résonner fortement et clairement que ce sont les pauvres qui paient le prix le plus fort des dévastations environnementales » : c’est la mission que confie le pape François à un forum sur l’écologie intégrale organisé en Italie, à Amatrice, ce 6 juillet 2019.
Dans un message vidéo, le pape s’adresse ainsi au forum “Planète Amazonie”, deuxième initiative de ce genre des Communautés Laudato si’ – mouvement de personnes et d’associations engagées dans la diffusion de la pensée de l’encyclique homonyme, promouvant un style de vie et des valeurs au service de l’écologie intégrale.
« Les blessures infligées à l’environnement, sont inexorablement des blessures infligées à l’humanité sans défense », souligne le pape dans son message, dans lequel il recommande une conversion : « Il n’y aura pas de nouvelle relation avec la nature sans un être humain nouveau. »
Dénonçant « une mentalité aveugle et destructrice qui préfère le profit à la justice » et « l’attitude prédatrice » de l’homme, il plaide la cause de l’Amazonie :  « L’homme ne peut pas rester spectateur indifférent devant ce massacre, et l’Eglise peut encore moins rester muette : le cri des pauvres doit résonner dans sa bouche, comme déjà saint Paul VI le soulignait dans son encyclique Populorum progressio.
Le pape recommande aussi « la louange » : « Face à tant de beauté, avec un émerveillement renouvelé, avec des yeux d’enfants, nous devons être capable d’apprécier la beauté dont nous sommes entourés… la contemplation et la louange conduisent au respect. »
Message du pape François
J’adresse un salut cordial aux organisateurs et aux participants au IIe Forum des Communautés Laudato si’, célébré sur un territoire dévasté par le séisme qui a touché l’Italie centrale en août 2016 et qui plus que d’autres a payé un prix très fort en nombre de victimes.
C’est un signe d’espérance de se retrouver à Amatrice, dont le souvenir est toujours présent dans mon cœur, en se consacrant aux déséquilibres qui dévastent notre “maison commune”. Ce n’est pas seulement un signe de proximité envers de nombreux frères et sœurs qui vivent encore sur le gué entre le souvenir d’une tragédie épouvantable et la reconstruction qui tarde à décoller, mais cela exprime aussi la volonté de faire résonner fortement et clairement que ce sont les pauvres qui paient le prix le plus fort des dévastations environnementales. Les blessures infligées à l’environnement, sont inexorablement des blessures infligées à l’humanité sans défense. J’écrivais dans l’encyclique Laudato si’: « Il n’y aura pas de nouvelle relation avec la nature sans un être humain nouveau. Il n’y a pas d’écologie sans anthropologie adéquate. » (n. 118)
Après avoir affronté l’an dernier le thème du plastique qui étouffe notre planète, vous réfléchissez aujourd’hui sur la situation grave et qui ne peut durer, de l’Amazonie et des peuples qui l’habitent. Vous vous inspirez ainsi du thème du Synode des évêques qui sera célébré au mois d’octobre prochain pour la région panamazonienne et dont l’Instrumentum laboris a été présenté récemment.
La situation de l’Amazonie est un triste paradigme de ce qui arrive à plusieurs endroits de la planète : une mentalité aveugle et destructrice qui préfère le profit à la justice ; elle met en évidence l’attitude prédatrice par laquelle l’homme interagit avec la nature. S’il vous plaît, n’oubliez pas que justice sociale et écologie sont profondément interconnectées ! Ce qui est en train d’arriver en Amazonie aura des répercussions au niveau planétaire, mais a déjà anéanti des milliers d’hommes et de femmes dépossédés de leur territoire, devenus étrangers sur leur terre, dépouillés de leur culture et de leurs traditions, brisant l’équilibre millénaire qui unissait ces peuples à leur terre. L’homme ne peut pas rester spectateur indifférent devant ce massacre, et l’Eglise peut encore moins rester muette : le cri des pauvres doit résonner dans sa bouche, comme déjà saint Paul VI le soulignait dans son encyclique Populorum progressio.
Promues par l’Eglise de Rieti et par Slow food, les Communautés Laudato si’ sont engagées non seulement à faire résonner l’enseignement proposé dans l’encyclique du même nom, mais à favoriser de nouveaux styles de vie. Dans cette perspective pragmatique, je désire vous confier trois paroles.
Le premier mot est doxologie
Face au bien de la création et surtout face au bien de l’homme qui est le sommet de la création, mais aussi son gardien, il est nécessaire d’assumer l’attitude de la louange. Face à tant de beauté, avec un émerveillement renouvelé, avec des yeux d’enfants, nous devons être capables d’apprécier la beauté dont nous sommes entourés et dont l’homme est aussi tissé. La louange est le fruit de la contemplation, la contemplation et la louange conduisent au respect, le respect devient quasiment vénération face aux biens de la création et de son Créateur.
Le deuxième mot est eucharistie
L’attitude eucharistique face au monde et à ses habitants sait toucher le statut de don que tout vivant porte en soi. Toute chose nous est remise gratuitement non pas pour être pillée et phagocytée, mais pour devenir à son tour don à partager, don à donner pour que la joie soit pour tous et soit, pour cela, plus grande.
Le troisième mot est ascèse
Toute forme de respect naît d’une attitude ascétique, c’est-à-dire de la capacité de savoir renoncer à quelque chose pour un bien plus grand, pour le bien des autres. L’ascèse nous aider à convertir l’attitude prédatrice, toujours aux aguets, pour assumer la forme du partage, de la relation écologique, respectueuse et courtoise.
Je souhaite que les Communautés Laudato si’ puissent être germes d’un mode de vivre le monde renouvelé, pour lui donner un avenir, pour en protéger la beauté et l’intégrité pour le bien de tout vivant, ad maiorem Dei gloriam.
Je vous remercie et je vous bénis de tout cœur. Priez pour moi !
Du Vatican, 6 juillet 2019
FRANÇOIS
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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