Frère Alois, Taizé © Vatican Media (Archives)

Frère Alois, Taizé © Vatican Media (Archives)

Taizé: frère Alois enregistre un message du pape sur l'avenir de la planète

Entretien à Radio Vatican après une audience

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Frère Alois, prieur de la Communauté oecuménique de Taizé,  a été reçu en audience privée par le pape François ce jeudi matin, 4 avril 2019. Il a évoqué son entretien avec le pape François au micro de Radio Vatican (Marie Duhamel) qui titre: « Après le Synode sur les jeunes, Frère Aloïs exprime sa gratitude au Pape ». Celui-ci a enregistré un message pour les jeunes à propos de la protection de la planète.
Le synode pour les jeunes, l’œcuménisme et l’importance du dialogue interreligieux ont au cœur de leur entretien.
« Comme chaque année, il m’accueille et c’est si important, pour nous de montrer par cette visite fraternelle notre communion avec l’Eglise, parce que comme communauté oecuménique, à Taizé nous n’avons pas de statut canonique: c’est la confiance et la relation personnelle qui exprime notre communion personnelle avec lui et avec l’Eglise. »
La terre est à nous tous, message du pape
Le pape François a enregistré un message vidéo pour les jeunes de Taizé: « C’est très beau, commente fr Alois. Il dit : ‘cheminer seul cela ne va pas très loin. Il faut cheminer ensemble. Et cheminer dans la création, car le monde, la terre, est à nous, mais aussi à Dieu. Elle est à nous tous aussi’. Je crois qu’il touche là un point auquel les jeunes sont très sensibles aujourd’hui. Les jeunes ne sont pas passifs. Nous le voyons maintenant dans toutes ces manifestations des jeunes pour le climat. Et que le pape touche ce point dans son message, je trouve que c’est très fort. Nous allons diffuser ce message pour les jeunes qui viennent à Taizé ».
Le synode pour les jeunes et la fraternité
Les entretiens ont porté sur le synode, indique fr Alois qui insiste sur la participation des jeunes et des représentants d’autres confessions chrétiennes: « Nous avons parlé encore du synode, bien sûr, auquel j’ai participé. Je l’ai remercié pour le synode et pour la participation des jeunes: cela a compté pour le climat, cela a changé le synode. Et aussi la participation de représentants d’autres Eglises qui avaient le même temps de parole que les évêques, et qui ont participé aux « circoli minori », les petits groupes. Dans mon groupe  il y avait un évêque anglican. Au début, c’était « notre ami  de l’Eglise du Kenya » et une heure après c’était « Bishop Joseph » comme les autres. Et il a apporté des contributions vraiment essentielles à la discussion. Donc c’était une toute petite contribution oecuménique à ce synode. Je souhaite que ce soit élargi aux autres synodes. »
Il souligne le besoin de fraternité de la part des jeunes: « Les jeunes ont besoin de fraternité, il y a une soif spirituelle – j’ai dit cela au pape – une soif spirituelle liée à une soif d’amitié, cela va un peu ensemble pour les jeunes. Et en fait l’Eglise est cette « amitié du Christ » que les jeunes cherchent. Nous voyons cela à Taizé: il y a des jeunes qui sont très enracinés dans la foi, il y en a d’autres qui viennent et qui ne savent pas beaucoup, certains ne sont pas baptisés. Mais cette fraternité, c’est plus large que les frontières visibles de l’institution de l’Eglise. Et c’est beau que le pape appelle à élargir cette fraternité. »
Il ajoute, à propos de la pastorale « populaire » que le pape encourage dans sa lettre aux jeunes: « Nous sommes infiniment reconnaissants pour la confiance et le soutien que le pape nous donne en cela. Il dit: « Vous cheminez ensemble ». Et l’unité de l’Eglise – il dit cela souvent – se fait en cheminant ensemble. Il m’a dit : « Mais vous le faites à Taizé ». Donc c’est un encouragement: c’est vital pour nous à Taizé de vivre dans la communion de l’Eglise. Nous avons parlé de notre « pèlerinage de confiance » que nous vivons par des rencontres à Taizé et ailleurs dans le monde, à Madrid, et puis nous étions à Hong Kong l’année passée. Quand j’ai dit cela au pape, il a longuement parlé de la situation des chrétiens en Chine. Et cela lui tient à coeur. C’est vraiment une préoccupation dans son coeur. »
Quelque 700 jeunes de Chine continentale étaient présents.
La rencontre de Beyrouth et le dialogue interreligieux
Il a aussi été question de Beyrouth avec le pape François: « Je lui ai parlé de la rencontre que nous avons eue il y a deux semaines à Beyrouth, avec 12 Eglises différentes. Des jeunes sont venus de Syrie, d’Irak, d’Egypte, de Jordanie. Il a parlé de ses visites aux Emirats et au Maroc. »
A propos du dialogue interreligieux, il a précisé: « J’ai l’impression, que nous avançons dans la même ligne: l’écoute des jeunes, l’accompagnement, l’ouverture, le dialogue, à différents niveaux, même entre les religions. Bien sûr, ce n’est pas facile, c’est délicat, mais il faut vivre ce dialogue pas seulement comme une « contrainte » du monde moderne, mais comme une exigence de notre foi. Le Christ est mort pour tous: qu’est-ce que cela signifie? A Taizé, où nous accueillons des réfugiés, dont des musulmans. Très vite, nous avons lié une profonde amitié avec eux, qui est humaine, mais plus que cela: il y a une dimension spirituelle en cela. Alors j’ai dit à mes frères: « C’est comme si le Christ nous disait: j’ai donné ma vie aussi pour eux. Vous pouvez les prendre comme amis. » Et ensuite le fait qu’il sont d’une religion différente, on ne sait pas comment cela va évoluer. On ne sait pas. Mais déjà les prendre pour amis, c’est une demande du Christ. »
Dynamisme de l’universalité
A propos du dialogue « avec le monde » encouragé par le Concile Vatican II, fr Alois constate que « le monde a changé » et qu’il faut maintenant « revitaliser » ce dialogue « entre les chrétiens, avec les religions, mais aussi avec les sciences » : « Les jeunes vivent dans un monde moderne que les adultes ne connaissent pas maintenant, donc il faut un dialogue, parce que le danger c’est un peu que chacun s’enferme maintenant dans son monde. C’est le danger. On le voit même politiquement, mais aussi parmi les chrétiens. Il y a parfois la tendance à vouloir n’être que dans son groupe, et ce n’est pas l’Evangile. L’Evangile a toujours une dimension universelle. Notre foi reçoit aujourd’hui un nouveau dynamisme par cette recherche d’universalité. Nous le voyons à Taizé, c’est fascinant: il y a des jeunes qui viennent de Chine, d’Afrique, et ce dialogue entre les jeunes de différents continents est une belle image de l’Eglise, de l’avenir. »
 
 
 
 
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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