« Prions pour les médecins et humanitaires présents dans les zones de combat qui risquent leur vie pour sauver celle des autres. » C’est l’intention de prière du pape François pour le mois d’avril 2019.
Voici l’éditorial du p. Daniel Régent sj, directeur national du Réseau mondial de prière du pape en France (RMPP).
Ils risquent leur vie !
Des médecins et humanitaires se rendent dans les zones de combat, pour secourir les vies en danger. Leur engagement remarquable interroge. Pourquoi font-ils cela ? Les raisons qui peuvent être données sont propres à chacun. Elles ne seront jamais à la hauteur pour rendre compte pleinement des actions entreprises qui sont des lumières pour l’humanité entière.
Chrétien, je ne peux pas ne pas penser au Christ qui, envoyé par le Père et en communion avec lui, s’est incarné pour venir au secours de l’humanité. Il savait que le prix à payer serait celui de sa vie. Cela ne l’a pas arrêté. C’est le propre de Dieu de se donner et de se donner totalement dans son acte de création. La recréation par le Salut est l’aboutissement de la Création. Dans cette perspective, je peux comprendre que des chrétiens, pour ressembler davantage à leur Seigneur, se lancent par amour fou au secours de leurs frères et sœurs en péril, au risque de leur vie.
Bien des humanitaires n’ont pas cette référence au Christ pour éclairer leur action. Certains ne le connaissent pas. Par respect pour eux, je n’ai pas à leur imposer cette référence si elle n’est pas la leur. A mes yeux, la valeur de leur geste n’est pas moindre, au contraire même, car je n’ai plus d’explication facile. Leur geste dépasse toute mesure. Cela me ravit et pour une part me confond, moi qui, chrétien, aurais de bonnes raison pour en faire autant. Pour agir ainsi, il faut une détermination et une humanité chevillées au corps. Si la mesure de l’homme dépasse l’homme, alors elle est de se transcender. Se transcender ? Si les images de superman peuvent au départ habiter le désir d’un candidat à l’héroïsme, on peut penser qu’elles seront rapidement mises à mal dans les lieux d’épreuve. Que restera-t-il alors ? La découverte d’une humanité commune partagée ? Car si une communion s’établit avec les personnes secourues, les images de supériorité, de générosité céderont la place à cette rencontre. Le prix de cette relation se dévoile dans ce partage fragile. La vie de l’homme porte en elle une valeur infinie qui se révèle pleinement dans la rencontre. Elle n’appartient ni à l’un, ni à l’autre, elle surgit comme quelque chose d’improbable.
L’humanité véritable n’est pas dans une sortie de soi spectaculaire, mais dans une sortie qui conduit chacun à l’intérieur, dans la reconnaissance que la vie est donnée aux uns comme aux autres et que c’est en la donnant qu’elle se révèle pleinement, commune et cependant unique pour chacun. Les médecins et humanitaires ne prendront pas la place des personnes secourues. Ils continueront leur chemin. Merci à eux de prendre soin de notre humanité par l’exemple qu’ils donnent.
Médecins et humanitaires de zones de combat © flickr
Intention de prière du pape pour avril : médecins et humanitaires en zones de combat
Editorial « Ils risquent leur vie ! »