P. Francesco Patton, custodia.org

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Terre Sainte: "Que cesse le langage de la violence", par le p. Patton

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Réaction à l’appel de Rabat pour Jérusalem

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« Que cesse le langage de la violence »: c’est le voeu exprimé pour Jérusalem par le p. Francesco Patton, custode de Terre Sainte, au lendemain de la signiature, à Rabat (Maroc) d’un appel pour Jérusalem, signé par le pape François et le roi Mohammed VI, rapporte Vaticna News dans une interview de Giada Aquilino.
Pour un langage non-violent

Il exprime ce « souhait répété depuis longtemps »: « le désir que cesse le langage de la violence et que l’on réussisse à parler un langage non violent, sachant que c’est difficile lorsque l’on a derrière soi des centaines de morts ».

Il invite au courage: « Mais il faut avoir ce courage des deux côtés, car le langage de la violence ne produira que d’autres violences. Tant que l’on n’aura pas le courage d’interrompre, même unilatéralement, la logique du coup pour coup, ce sera très difficile d’arriver à s’asseoir autour d’une table en vue d’une paix à long terme. Parce que la paix produite par la violence est inévitablement une trève dans l’attente que changent les rapports de force. »

A propos de cet appel commun pour Jérusalem « Ville sainte et lieu de rencontre », le Custode souligne l’importance de « confirmer la ligne souvent réaffirmée ces dernières années, i.e. rappeler la signification qu’a Jérusalem pour les trois religions d’Abraham : judaïsme, christianisme et islam ».

Au-delà des catégories politiques

Il s’agit aussi, ajoute-t-il de « réaffirmer que, quand on parle de Jérusalem, il faudrait aller au-delà des catégories politiques pures et simples et comprendre la valeur de cette ville, ville symbole pour les trois religions et, au niveau local, ville symbole pour deux peuples, le peuple juif et le peuple palestinien. Quand on touche à Jérusalem, on touche une réalité extrêmement délicate. »

Pour ce qui est des répercussions sociales et politiques sur le terrain, il ajoute: « On connaît très bien les répercussions politiques. D’un côté, d’une certaine façon, la revendication d’avoir un peu une exclusive sur la ville de Jérusalem et de l’autre, une revendication analogue. Éviter le langage des revendications exclusives, pour apprendre à employer un langage que j’appellerais de la proposition, d’une gestion partagée de cette ville qui a justement une valeur particulière. C’est ce que rappelle constamment le Saint-Siège : une ville partagée entre 2 peuples et 3 religions. »

Un statut multi-religieux

Face à la réaffirmation du statut « multi-religieux » de la Ville sainte, il y a aussi de nouvelles tensions possibles, par exemple du fait du transfert à Jérusalem de quelques ambassades. A ce propos le p. Patton parle ne homme de terrain: « Tout déséquilibre, toute situation délicate peut avoir des répercussions. Aujourd’hui, dans le monde entier, la politique se passe comme si on était toujours en période de campagne électorale. C’est vrai en Italie, ici aussi et dans d’autres pays. Il faudrait parfois employer le ton de la diplomatie, avec la capacité de tisser des modalités de rencontre, plutôt que d’affrontement. »

Il évoque la « souffrance » du fait du manque d’universalité de la Ville sainte: « A Jérusalem on perçoit toujours une certaine tension d’un côté et un certain désir de l’autre. En ce temps de Carême, arrivent des milliers de pèlerins. Pendant le Ramadan, surtout les vendresis, nous voyons des dizaines de milliers de pèlerins musulmans. Et la même chose de la part des juifs lors de leurs fêtes religieuses. Cette année, Pâques coïncidera pratiquement avec leur Pâque, il y aura donc un grand mouvement. Ici, nous souhaitons que tous les croyants des 3 religions puissent venir en paix, prier en paix et, si j’ose dire, apprendre à vivre sa foi dans le respect de la foi des autres. »

Orienter la volonté

Il ajoute, dans le sillage des propos du pape François dans l’avion de Rabat, qu’il faut « des désirs pour pouvoir orienter sa volonté »: « Nous savons que le poids d’une intention, d’un désir manifesté par le Saint-Père et par une autorité comme le roi du Maroc peut orienter la volonté. C’est aussi un désir qui oriente la volonté de la précédente rencontre entre le pape et le grand imam d’Al-Azhar. Ce sont les désirs de chefs de deux grandes religions, le christianisme  dans sa forme catholique et l’islam sunnite; ce serait beau qu’il y ait aussi l’implication du judaïsme. Plus on parviendra à exprimer ces désirs à plusieurs voix, plus il y aura la possibilité d’orienter aussi des volontés capables agir sur le plan concret, politique, y compris local. »

Avec la traduction d’Hélène Ginabat

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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