Hogar Buen Samaritano, Panama @ Vatican Media

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Angélus: "Mettez sous le manteau de Marie vos inquiétudes et vos besoins" (texte complet)

« Le visage silencieux et maternel de l’Eglise »

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« Je vous invite maintenant à mettre sous le manteau de Marie toutes vos inquiétudes et besoins, les douleurs que vous portez, les blessures dont vous souffrez afin que, en Bonne Samaritaine, elle vienne à nous et nous porte secours par sa maternité, par sa tendresse, par son sourire de Mère »: c’est l’invitation du pape François à des jeunes du Panama auxquels il a rendu visite avant l’angélus.
Le pape François s’est rendu, à 16h30 (10h30, heure locale) au Foyer pour jeunes handicapés ou malades du sida appelé Hogar Buen Samaritano, à Panama, ce dimanche 27 janvier 2019, dernier soir de son séjour dans ce pays d’Amérique centrale, à l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse de 2019. Au terme de sa visite, le pape a introduit la prière de l’angélus dominical qu’il a prié avec les jeunes et le personnel du foyer.
Le pape a été accueilli par un petit garçon habillé en franciscain qui a chanté la prière de saint François d’Assise: « Fais de moi un artisan de paix ».
Après l’angélus, le pape a prié pour les tragédies qui ont frappé le Brésil, la Colombie, les Philippines, mais aussi pour la situation politique au Venezuela.

Hogar Buen Samaritano, Panama @ Vatican Media

Hogar Buen Samaritano, Panama @ Vatican Media

Après la prière, le pape a reçu différents cadeaux apportés par la communauté du « Hogar ».
Un franciscain de Corée a remercié le pape d’avoir béni des premières pierres de quatre nouvelles maisons « Hogar », mais aussi pour sa prière pour al réunification des deux Corées.
Les soeurs de mère Teresa l’ont remercié de sa visite et lui ont offert un tableau.
Le pape leur a offert une sculpture en marbre représentant Jésus Bon Pasteur.
Le Bon Pasteur, sculpture @ Vatican News

Le Bon Pasteur, sculpture @ Vatican News

Le pape a ajouté, avant de se retirer: « Je vous remercie de ce que vous faites ici, c’est très beau. Et priez pour moi! »
Voici la traduction officielle des paroles du pape François, prononcées en espagnol.
AB
Paroles du pape François avant l’angélus
Chers jeunes,
Estimés directeurs, collaborateurs, agents pastoraux,
Chers amis,

Merci, Père Domingo, pour les paroles que vous m’avez adressées au nom de tous. J’ai désiré cette rencontre avec vous qui êtes ici dans ce foyer El Buen Samaritano, et aussi avec les autres jeunes présents venus du Centre Juan Pablo II, du foyer San José de las Hermanas de la Caridad et de la “Casa del Amor”, de la Congrégation des Hermanos de Jesus Kkottonngae. Etre ici avec vous est pour moi un motif pour renouveler l’espérance. Merci de le permettre.
En préparant cette rencontre, j’ai pu lire le témoignage d’un membre de ce foyer qui m’a touché le cœur parce qu’il disait : « Ici, je suis né de nouveau ». Ce foyer, et tous les centres que vous représentez, sont le signe de cette vie nouvelle que le Seigneur veut nous donner. Il est facile de confirmer la foi de frères en la voyant agir, oindre les blessures, soigner l’espérance et encourager à croire. Ce ne sont pas seulement ceux que nous pourrions appeler les “premiers bénéficiaires” qui naissent ici de nouveau ; ici l’Eglise et la foi naissent, ici l’Eglise et la foi se renouvellent continuellement par la charité.
On commence à naître de nouveau quand l’Esprit Saint nous donne les yeux pour voir les autres, comme le disait le Père Domingo, non seulement comme nos proches de maison – et c’est déjà beaucoup – mais comme notre prochain. Voir les autres comme prochain.
L’Evangile nous dit qu’une fois on demanda à Jésus : Qui est mon prochain ? (cf. Lc 10, 29). Il n’a pas répondu par des théories, il n’a pas fait non plus un discours gentil et élevé, mais il a utilisé une parabole – celle du Bon Samaritain –, un exemple concret de la vie réelle que vous tous connaissez et vivez très bien. Le prochain est une personne,  un visage que nous rencontrons en chemin, et par lequel nous nous laissons déplacer, nous nous laissons émouvoir : déplacer nos schémas, nos priorités, et émouvoir intimement par ce que vit cette personne, afin de lui donner un lieu et un espace dans notre agir. Le Bon Samaritain l’a compris ainsi face à l’homme qui avait été laissé à moitié mort sur le bord de la route, non seulement par des bandits mais aussi par l’indifférence d’un prêtre et d’un lévite qui n’eurent pas le courage de l’aider, et comme vous savez,  l’indifférence, elle aussi, tue, blesse et tue. Les uns pour quelques pauvres pièces, les autres par crainte de se contaminer, par mépris ou dégoût social, ils ne voyaient pas de problème à laisser cet homme étendu sur la route. Le Bon Samaritain, comme toutes vos maisons, nous montre que le prochain est en premier lieu une personne, quelqu’un avec un visage concret, avec un visage réel, et non pas une chose par-dessus laquelle passer ou à ignorer, quelle que soit sa situation. C’est le visage qui révèle notre humanité tant de fois souffrante et ignorée.
Le prochain est un visage qui gêne superbement la vie parce qu’il nous rappelle et nous met sur le chemin de ce qui est vraiment important, et nous délivre de banaliser et de rendre inutile notre suite du Seigneur.
Etre ici, c’est toucher le visage silencieux et maternel de l’Eglise qui est capable de prophétiser et de créer des foyers, de créer des communautés. Le visage de l’Eglise qui normalement ne se voit pas et passe inaperçu, mais qui est le signe de la miséricorde tendre et concrète de Dieu, le signe vivant de la bonne nouvelle de la résurrection qui agit aujourd’hui dans notre vie.
Faire un “foyer”, c’est faire une famille. C’est apprendre à se sentir unis aux autres au-delà des liens utilitaires ou fonctionnels unis de façon à sentir la vie un peu plus humaine. Créer un foyer, c’est faire en sorte que la prophétie prenne corps et rende nos heures et nos jours moins inhospitaliers, moins indifférents et anonymes. C’est créer des liens qui se construisent par des gestes simples, quotidiens et que nous pouvons tous faire. Un foyer, et tous nous le savons très bien, a besoin de la collaboration de chacun. Personne ne peut être indifférent ou étranger puisque chacun est une pierre nécessaire à la construction. Et cela implique de demander au Seigneur de nous donner la grâce d’apprendre à avoir de la patience, d’apprendre à se pardonner ; apprendre tous les jours à recommencer. Et combien de fois pardonner ou recommencer ? Soixante-dix fois sept fois, chaque fois qu’elles sont nécessaires. Créer des liens forts exige de la confiance qui se nourrit tous les jours de patience et de pardon.
Et il se produit ainsi le miracle de faire l’expérience qu’ici on naît de nouveau ; ici, tous, nous naissons de nouveau, parce que nous sentons agir la caresse de Dieu qui nous permet de rêver le monde plus humain et, par conséquent, plus divin.
Casa Hogar Buen Samaritano, Panama © Vatican Media

Casa Hogar Buen Samaritano, Panama © Vatican Media

Merci à vous tous pour l’exemple et la générosité ; merci à vos Institutions, aux volontaires et aux bienfaiteurs. Merci à ceux qui rendent possible le fait que l’amour de Dieu se fait chaque fois plus concret, plus réel, en regardant les yeux de ceux qui sont tout autour, et en nous reconnaissant comme prochains.
Maintenant que nous allons prier l’Angélus, je vous confie à notre Mère la Vierge. Nous lui demandons, en bonne Mère experte en tendresse et en proximité, de nous apprendre à être attentifs pour découvrir chaque jour qui est notre prochain, et de nous pousser à sortir avec diligence à sa rencontre, et de pouvoir lui donner une accolade, un foyer où il trouve refuge et amour des frères. Une mission dans laquelle nous sommes tous engagés.
Je vous invite maintenant à mettre sous son manteau toutes vos préoccupations, tous les besoins, les douleurs que vous portez, les blessures dont vous souffrez afin que, en Bonne Samaritaine, elle vienne à nous et nous porte secours par sa maternité, par sa tendresse, par son sourire de Mère.
Angelus Domini nuntiavit Maria…
© Librairie éditrice du Vatican
Casa Hogar Buen Samaritano, Panama © Vatican Media
Casa Hogar Buen Samaritano, Panama © Vatican Media

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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