Mgr Bernardito Auza 13/12/2017 © Oss_romano

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Moyen-Orient : s’engager dans un dialogue honnête et ouvert, par Mgr Auza

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Débat du Conseil de sécurité de l’ONU sur la question palestinienne

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Il faut éviter de « transformer ce qui est un conflit territorial et politique en un conflit sur la religion et l’identité », avertit Mgr Auza. Il invite les autorités israéliennes et palestiniennes à « reprendre le dialogue » en vue de la paix dans cette région du Moyen-Orient et « ceux qui occupent des fonctions politiques » à user « de leur autorité de manière responsable, surmontant les différends en s’engageant dans un dialogue ouvert et honnête ».

Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, est intervenu lors du Débat ouvert du Conseil de Sécurité sur la situation au Moyen-Orient, en particulier la question palestinienne, le 22 janvier 2019, à New York.

En outre, a expliqué le nonce apostolique, le Saint Siège cherche à « avoir des garanties internationales pour la ville sainte de Jérusalem tel que le recommande la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947 ». Mgr Auza a enfin évoqué « la situation humanitaire à Gaza et dans les autres territoires occupés » : « Un projet politique responsable ne ménage aucun effort pour protéger la vie de tous les citoyens, créant les conditions nécessaires à un avenir digne et juste pour tous », a-t-il souligné.

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza.

HG

Intervention de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège remercie la présidence de la République dominicaine d’avoir organisé ce débat ouvert sur la situation au Moyen-Orient, en particulier Israël et la Palestine.

Dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix 2019, centrée sur le thème de La bonne politique au service de la paix, le pape François a comparé la paix à « une fleur délicate cherchant à fleurir sur la terre pierreuse de la violence » (1).

Cette image saisit parfaitement la situation persistante entre Israël et la Palestine, où nous savons combien la paix est fragile et combien son existence précaire est constamment menacée par une rhétorique, des provocations et des attaques dangereuses, des violations des droits humains et des actions unilatérales qui entravent les efforts de résolution, causant une souffrance indicible et la mort de civils innocents et sans défense.

Dans un tel contexte, le Saint Siège continue d’appeler avec ferveur les autorités israéliennes et palestiniennes « à reprendre le dialogue et à entreprendre un chemin de paix qui puisse mettre fin à un conflit qui, depuis plus de soixante-dix ans, déchire le pays » (2), qui n’est pas seulement le foyer de ces deux peuples, mais qui est aussi d’une grande importance historique et culturelle pour le monde entier et la maison spirituelle des trois religions monothéistes du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Étant donné sa signification religieuse, le Saint Siège cherche à avoir des garanties internationales pour la ville sainte de Jérusalem tel que le recommande la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947.

Malgré l’importance fondamentale des lieux saints, il y a un risque de transformer ce qui est un conflit territorial et politique en un conflit sur la religion et l’identité. Cela doit être évité afin de ne pas compromettre davantage la recherche d’une solution politique indispensable. Il demeure donc essentiel que ceux qui occupent des fonctions politiques usent de leur autorité de manière responsable, surmontant les différends en s’engageant dans un dialogue ouvert et honnête pour assurer une paix authentique et durable, plutôt qu’en maintenant simplement une paix illusoire qui n’est par essence qu’ « un équilibre entre le pouvoir et la peur » (3). D’autre part, la paix authentique et durable est « le fruit d’un projet politique fondé dans la responsabilité mutuelle et l’interdépendance d’êtres humains » (4), qui va au-delà des difficultés qui caractérisent ces temps de « méfiance enracinée dans la peur des autres ou des étrangers, ou  dans l’angoisse de sa propre sécurité personnelle » (5).

Un projet politique responsable ne ménage aucun effort pour protéger la vie de tous les citoyens, quelle que soit leur origine ou leur affiliation religieuse, créant les conditions nécessaires à un avenir digne et juste pour tous. À cet égard, il importe de ne pas perdre de vue la situation humanitaire à Gaza et dans les autres territoires occupés et de souligner la réponse généreuse de la communauté international au déficit financier de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) l’année dernière. L’assistance à ceux qui sont les plus démunis doit toujours passer avant les considérations politiques et l’aide aux réfugiés palestiniens doit pouvoir continuer sans entraves tant que la situation n’est pas réglée.

S’agissant des graves crises humanitaires qui affectent plusieurs régions du Moyen-Orient, il semble opportun, dans cette enceinte, de réitérer les remarques du pape François en référence à l’accueil généreux et à la solidarité rendus possibles non pas par les excédents, mais par les sacrifices de leurs citoyens, offerts par le Liban et la Jordanie pour soulager les souffrances de ceux qui sont touchés par les conflits dans la région, notamment les réfugiés palestiniens.

Monsieur le Président,

Dans son récent discours au Corps diplomatique à l’occasion du traditionnel échange de vœux du Nouvel An, le pape François a déclaré : « Le Saint Siège souhaite aussi que le dialogue entre Israéliens et Palestiniens puisse reprendre, afin qu’il soit possible enfin de parvenir à une entente et de donner une réponse aux légitimes aspirations des deux peuples, garantissant la coexistence de deux États et l’instauration d’une paix longuement attendue et désirée. L’engagement unanime de la Communauté internationale est plus que jamais précieux et nécessaire pour atteindre cet objectif, comme aussi pour favoriser la paix dans toute la région » (6). Puisse ce Débat ouvert du Conseil de Sécurité contribuer à la réalisation d’une solution durable et mutuellement acceptable à la question palestinienne.

Merci, Monsieur le Président.

  1. Pape François, Message pour la célébration de la Journée mondiale de la paix, 1 janvier 2019, 2.
    2. Pape François, Message « Urbi et Orbi » (à la Ville [Rome] et au monde) pour Noël, 25 décembre 2018.
    3. Pape François, Message pour la célébration de la Journée mondiale de la paix, 1 janvier 2019, 6.
    4. Pape François, Message pour la célébration de la Journée mondiale de la paix, 1 janvier 2019, 7.
    5. Pape François, Message pour la célébration de la Journée mondiale de la paix, 1 janvier 2019, 5.
  2. Pape François, Discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint Siège, 7 janvier 2019.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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