Don Primo Mazzolari © Fondazione Mazzolari

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UNESCO: "Le message et l’action de paix de don Primo Mazzolari (1890-1959)"

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Un colloque à Paris le 29 novembre 2018

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Un colloque sur le thème « Le message et l’action de paix de don Primo Mazzolari » est organisé à Paris, le 29 novembre 2018, sous le patronage de l’UNESCO, par la Mission d’Observation Permanente du Saint-Siège auprès de l’UNESCO et le Diocèse de Crémone (Italie), en collaboration avec la « Fondation DON PRIMO MAZZOLARI », annonce le site des Amis du Saint-Siège auprès de l’UNESCO.
« Si au lieu de nous dire qu’il y a des guerres justes et des guerres injustes, nos théologiens nous avaient appris que l’on ne doit tuer pour aucune raison, que le massacre est toujours inutile, et s’ils nous avaient formés à une nette, précise et audacieuse, opposition chrétienne, au lieu de partir pour le front nous serions descendus sur les places », disait « don Primo ».
Parmi les intervenants, notons le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, depuis 2013 ; Mgr Francesco Follo, originaire du diocèse de Crémone, Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO depuis 2002 ; Mgr Antonio Napolioni, évêque de Crémone depuis 2015 ; Mme Mariangela Maraviglia, membre du Comité scientifique de la Fondation don Primo Mazzolari ; le p. Bruno Bignami, président de la Fondation don Primo Mazzolari; M. Guy Coq, agrégé de philosophie, président d’honneur de l’Association des « Amis d’Emmanuel Mounier ».
Hommages de Benoît XVI et du pape François
Benoît XVI a rendu hommage au p. Primo Mazzolari lors de l’audience générale du 1er avril 2009 : il voyait en lui un modèle pour l’Année sacerdotale.
Don Primo Mazzolari est né à Crémone le13 janvier 1890 et il est décédé à Bozzolo il y a bientôt 50 ans, le 12 avril 1959. Prêtre et écrivain, le fameux curé de Bozzolo, charismatique et prophétique, a aussi été un grand résistant.
« Chers amis, a dit le pape Benoît XVI, que le 50e anniversaire de la mort de don Mazzolari soit une occasion opportune pour redécouvrir son héritage spirituel et promouvoir la réflexion sur l’actualité de la pensée d’un protagoniste aussi significatif du catholicisme italien du XXe siècle ».
« Je souhaite, a-t-il ajouté, que son profil sacerdotal limpide d’une humanité élevée et d’une fidélité filiale au message chrétien et à l’Eglise puisse contribuer à une célébration fervente de l’Année sacerdotale ».
Le curé de Bozzolo a beaucoup écrit, notamment sur « l’Eglise des pauvres », la liberté religieuse, le « dialogue avec ceux qui sont loin », non sans susciter des polémiques en particulier avec son livre « Le Christ compagnon » (« Il compagno Cristo »). On lui interdit même pendant un moment de prêcher en dehors de son diocèse.
Il était considéré comme « peu commode », ce que l’on peut traduire par très libre spirituellement. En effet, il s’est opposé de façon claire et décidée au fascisme et à toute forme d’injustice et de violence. Pendant la guerre, il a caché des juifs et des anti-fascistes et après la guerre, des personnes liées au fascisme mais injustement persécutées.
Il a été cité le vendredi 7 avril 2006 par le prédicateur de la Maison pontificale, le P. Raniero Cantalamessa, capucin, dans sa troisième méditation de carême du vendredi, au Vatican. Plus précisément, il a cité une des homélies de don Mazzolari pour le Vendredi saint intitulée : «  Judas, notre frère ».
Le 20 juin 2017, le pape François s’est rendu en visite à Bozzolo (Italie). Dans l’église paroissiale, il s’est recueilli devant la tombe du p. Primo Mazzolari, prêtre connu comme « l’ami des pauvres ».
Le pape François a rendu hommage à don Mazzolari comme le “prêtre des lointains”, qui n’a pas défini « une méthode d’apostolat valide pour tous et pour toujours » mais a proposé « le discernement comme chemin pour interpréter l’âme de chaque homme ».
Ce regard prend en compte la « gradualité », a-t-il souligné : le prêtre « n’exige pas la perfection, mais aide chacun à donner le meilleur ». Et le pape de citer le curé de Bozzolo : « Contentons-nous de ce que peuvent donner nos populations. Ayons du bon sens ! Nous ne devons pas massacrer les épaules des pauvres gens ».
Il s’agit aussi se laisser déranger par les pauvres qui doivent être aimés « comme ils sont » : « sans faire des calculs sur leur pauvreté, écrivait don Mazzolari, sans prétention ni droit d’hypothèque, sans non plus les faire citoyens des cieux, et encore moins des prosélytes ».
« Qui a peu de charité voit peu de pauvres ; qui a beaucoup de charité voit beaucoup de pauvres ; qui n’a pas de charité ne voit personne », estimait encore le prêtre du XXe siècle.
Le curé de Bozzolo, a poursuivi le pape François, « a vécu comme prêtre pauvre mais pas comme pauvre prêtre ».
Le Résistant, face au fascisme
Don Primo Mazzolari est né le 3 janvier 1890 à Boschetto, dans la province lombarde de Crémone, dans le nord de l’Italie, d’une famille de paysans. Il eut très tôt la vocation sacerdotale, et à 10 ans à peine entra au petit séminaire de Crémone, où il restera jusqu’à son ordination sacerdotale, le 24 août 1912. Le jeune homme fut nommé vicaire à Spinadesco, puis il fut rappelé au séminaire de Crémone, pour enseigner les Lettres.
Entre-temps la première guerre mondiale éclata et don Primo s’opposa tout de suite à la « mentalité » militaire allemande. La guerre le marqua comme homme et comme prêtre. Il comprit que la paix devait être recherchée à tout prix. Il quitta l’armée en 1920, quand il fut nommé curé de paroisse à Bozzolo, dans la province de Mantoue. Deux ans plus tard, il fut nommé curé à Cicognara où, en dix ans, il forgea son style de « prêtre du social », organisant une école du soir pour les paysans et ouvrant une bibliothèque.
En 1932, il fut rappelé comme curé à Bozzolo. Pendant cette période, don Mazzolari a écrit de nombreux ouvrages, dont beaucoup mal perçus par le Saint-Office et par les autorités fascistes. Son opposition au fascisme se manifesta par divers refus : refus tout d’abord de chanter le Te Deum pour l’attentat échoué contre Mussolini ; refus de voter pour la liste unique des fascistes qui déclenchera la colère des intéressés. Ceux-ci tirèrent trois coups de revolver sur sa fenêtre, mais sans le toucher. Don Primo, dans son opposition, n’épargna personne, même le clergé qui restait « tiède » devant les agissements dictatoriaux et fascistes. En 1924, il écrivit : « Je sens le devoir de me déclarer ouvertement pour les opprimés ».
Après la chute du fascisme et son adhésion à la Résistance, il fut obligé de vivre dans la clandestinité jusqu’à la Libération. En 1949, il fonda un magazine Adesso (« Maintenant »), dont la diffusion sera « suspendue » en 1951, à la demande du Saint-Siège.
Parmi tous ses écrits, il publia en 1955, sous anonymat : « Tu ne tueras point ». Il y souligne la nécessité d’une paix qui soit enracinée dans la vie du chrétien, où il ne doit y avoir aucune place pour la violence. Il écrit : « Ainsi tombent les différences, entre les guerres justes et injustes, défensives et préventives, réactionnaires et révolutionnaires. Toute guerre est fratricide, un outrage à Dieu et à l’homme ».
Ami des futurs papes et saints
En 1957, il est appelé à prêcher à Milan par le cardinal Giovanni Battista Montini, futur pape et saint Paul VI. Paul VI, lui-même, successivement, en parlant de don Primo dira : « Il avait le pas trop long et on avait du mal à rester derrière lui. Il a donc souffert et nous avons souffert nous aussi. C’est le destin des prophètes ».
Don Primo, qui laissait toujours la première place à la parole de Dieu, fut bien accueilli par le cardinal Giuseppe Roncalli – futur saint Jean XXIII – qui, devenu pape, l’appela « trompette de l’Esprit Saint ».
Il eut pour amis également le fondateur de Nomadelfia, don Zeno Saltini; le prêtre poète David Maria Turoldo; le maire de Florence Giorgio La Pira et l’écrivain Luigi Santucci.
Don Primo Mazzolari mourut le 12 avril 1959 à l’hôpital « San Camillo » de Crémone. En 2015, sa cause de béatification a été ouverte.
Il laissa derrière lui de nombreuses œuvres comme : La plus belle aventure (1934); Le samaritain (1938); Les lointains (1938); Entre la berge et le bois (1938); Temps de croire (1941); Engagement avec le Christ (1943).
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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