Clelia Merloni @ Wikipedia

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Béatification de Mère Clelia Merloni : un regard spécial pour les femmes pauvres

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Fondatrice des Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus

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Mère Clelia Merloni (1861-1930) « a eu un regard spécial pour les femmes pauvres et ignorantes, sans formation intellectuelle, parce qu’elle savait qu’elles étaient la partie la plus fragile, vulnérable et exploitée de la société de son temps ».
C’est ce que Mère Miriam Cunha Sobrinha, supérieure générale des Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus, a écrit sur la fondatrice de l’institution – Mère Clelia Merloni– qui sera béatifiée, au nom du pape, par le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, dans la basilique papale de Saint Jean-du-Latran, samedi 3 novembre 2018, indique L’Osservatore Romano en italien.
« C’était une femme émancipée pour son époque et elle avait un regard visionnaire sur l’avenir…Par son action concrète, elle a cherché à faire comprendre que la femme a une dignité qui devait être rachetée », peut-on lire dans cette biographie.
Clelia Cleopatra Maria Merloni est née à Forli, en Italie, le 10 mars 1861. Son père gagnait sa vie comme ouvrier dans la construction du chemin de fer Ancône-Bologne, promue par Pie IX en 1860. Sa mère est morte alors que Clelia avait 3 ans et ce fut sa grand-mère maternelle qui l’éduqua.
Fille unique, son père voulait pour elle une éducation intellectuelle raffinée : elle étudiait le français et l’anglais et suivait des leçons privées de piano et de broderie au fil d’or. Il n’économisait rien pour elle, pourtant, elle considérait « tout cela comme une perte au regard de l’amour du Christ », écrit Miriam Cunha Sobrinha : « Elle renonça à tout pour aimer Jésus de tout son cœur, de toute son âme et de tout son être sans se ménager. »
Malgré l’opposition de son père, Clelia quitte la maison familiale pour fonder à Viareggio une œuvre consacrée au Sacré Cœur de Jésus. Le 30 mai 1894, dans l’église Saint-François de la ville toscane, les frères mineurs présentent à leurs paroissiens Clelia et deux compagnes comme Apôtres du Sacré Cœur de Jésus. « Le nouvel institut était né, raconte Miriam Cunha Sobrinha.  Rapidement une école, une crèche et un orphelinat furent ouverts et aussitôt après une maison pour personnes âgées : tout cela grâce au généreux soutien financier de son père. Au fur et à mesure que le nombre des religieuses augmentait, les œuvres se multiplièrent, y compris en dehors de Viareggio. »
À la mort de son père, en 1895, Clelia se retrouve unique héritière d’un patrimoine considérable, mais la gestion de l’argent est confiée à un homme malhonnête et les sœurs de son institution se retrouvent dans un gouffre financier.
La rencontre de Clelia avec Giovanni Battista Scalabrini – l’évêque de Plaisance, fondateur d’une congrégation missionnaire et béatifié en 1997 – qui accepte le petit groupe dans son diocèse, change la situation pour le mieux.
Cependant, Clelia est victime de calomnies et de jalousies à cause de la faillite et des procès judiciaires qui s’ensuivent. Ne voulant pas accuser publiquement le prêtre qui avait volé l’argent, elle prend sur elle la faute de toute la situation. Les calomnies arrivent jusqu’à Rome, si bien qu’elle est exclue du gouvernement de l’institut.
Le 28 février 1904, le décret de destitution de Mère Clelia est promulgué. Réintégrée un an plus tard, elle est de nouveau destituée de la charge de supérieure générale en septembre 1911. Contrainte à l’exil, elle doit rester loin de l’institut qu’elle avait fondé de juillet 1916 à mars 1928.
Même après avoir eu l’autorisation de rentrer à Rome à la maison généralice, les deux dernières années de sa vie, elle est reléguée dans une chambre loin de la communauté. Elle est morte le 21 novembre 1930.
« Malgré l’éloignement forcé, elle aima son institut pendant toute sa vie, reflet de son amour pour le cœur de Jésus », explique la supérieure générale : « Elle invitait les sœurs à bien se former pour pouvoir à leur tour former des femmes libres et autonomes, capables de construire une bonne famille et de trouver un travail dans la société. Elle voyait l’éducation comme une œuvre de charité et demandait aux sœurs enseignantes de traiter toutes les femmes avec douceur et fermeté pour former des personnalités fortes et tendres en même temps. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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