Le ténor italien Andrea Bocelli chantera au Festival des Familles à Dublin le 25 août 2018, pour le pape François – « quand on s’approche d’une personnalité aussi charismatique que la sienne, on se sent heureux » – et pour les familles du monde entier: il confie sa joie dans un entretien à Vatican News en italien.
Le ténor s’était déjà produit à l’occasion de la précédente Rencontre mondiale des familles, en septembre 2015, à Philadelphie.
Andrea Bocelli chantera pour le pape François et pour des milliers de familles venues de plus de 100 pays, samedi 25 août, au Croke Park Stadium de Dublin, lors de la veillée des familles.
Maître Andrea Bocelli, dans quelques jours, vous chanterez à Dublin : pour le pape, mais aussi pour les familles du monde entier que le pape François a justement appelées à Dublin. Quels sont vos sentiments en ce moment ?
Andrea Bocelli – Je considère que c’est avant tout un honneur d’avoir été impliqué dans cette très noble initiative ; deuxièmement, c’est un privilège parce que chanter devant le Saint-Père est quelque chose qui fait plaisir, ne serait-ce que pour cette sorte de fragilité humaine qui fait que, quand on s’approche d’une personnalité aussi charismatique que la sienne, on se sent heureux. Et puis, c’est aussi une responsabilité, précisément parce que dans ces contextes, on lance des messages, il y a la possibilité de donner des messages ; il faut que ce soit les bons messages. Par conséquent, je chercherai à me trouver prêt, préparé comme toujours, je donnerai le meilleur de moi-même et puis espérons que tout ira bien, que les familles remporteront chez elles un beau souvenir de ce moment musical.
Évidemment, quand la nouvelle de votre participation a été officielle, cela a créé beaucoup d’attente : nombreux sont donc ceux qui attendent de vous entendre à Dublin. Vous, de votre côté, qu’est-ce que vous vous attendez à recevoir, personnellement, de cet événement ?
Dans ce genre de cas – mais je dirais toujours, quand on monte sur scène – on se sent un « do ut des » : si l’artiste réussit à donner le meilleur de lui-même, en général le public lui rend cette sorte d’affection, de gratitude qui est extrêmement enrichissante. C’est ce que j’espère recevoir. C’est aussi parce que le peuple irlandais est un peuple qui m’aime bien et que j’aime bien : c’est pourquoi, de ce point de vue, je suis assez tranquille.
Le pape François demande aux familles d’être la joie pour le monde, croyants et non-croyants. Le chant, la musique, peuvent-ils aider les familles à relever ce défi ?
Tout ce qui se fait en vue du bien peut aider et, de fait, aide ; par conséquent aussi l’œuvre de celui qui chante, comme moi, et qui se donne donc pour objectif de donner de la joie, de donner un moment de légèreté où l’esprit vole et où l’on peut réfléchir, on peut méditer sur le sens de la vie, sur ce qui compte vraiment… le chant, à sa mesure, fait sa part, certainement. Saint Augustin disait que « celui qui chante prie deux fois » ! J’aime beaucoup croire à cela parce que si c’est vrai, alors, dans ma vie, j’ai beaucoup prié.
Vous citez Saint Augustin… pour celui qui croit, une voix comme la vôtre est un don de Dieu. Quelle place a donc la foi dans votre extraordinaire talent musical qui est un don, mais évidemment c’est un don qu’il faut nourrir ?
Partons du point de départ : le chant, la voix, comme tous les talents de ce monde, est un don de Dieu, sur ce point il n’y a aucun doute. Dans l’homme, il n’existe pas de mérite parce que tout ce qu’il réussit à réaliser dans la vie, l’homme le fait à travers des dons, des talents qu’il a reçus ; par conséquent, il n’y a pas de raison de se sentir orgueilleux, dans ce sens. Il faut remercier et c’est tout.
La foi est un chemin que l’on fait dans la tentative de saisir, de comprendre le sens de la vie. Je crois que tout le monde a déjà eu l’occasion de s’arrêter pour se demander quel est le sens de la vie. Alors, ou on pense que l’on est l’enfant du hasard, et je pense qu’au-delà de tout, c’est un accident intellectuel, parce que se considérer comme un enfant du hasard, c’est un peu comme se trouver devant la Pietà de Michel-Ange et ne pas croire à la paternité de cette sculpture, c’est-à-dire penser que la Pietà a été trouvée un beau jour sur les Alpes Apuanes comme cela, par hasard, parce que le hasard l’a taillée comme cela. Celui qui n’a pas la foi est un peu semblable à cela. Pour moi, cela a aussi été un parcours rationnel : j’ai pensé que le monde ne pouvait être que le fruit d’une volonté intelligente, bien plus que la nôtre et à partir de ce moment, j’ai aussi espéré que c’était une volonté d’amour, une volonté qui nous aimait vraiment !
Parce qu’il y a deux manières d’avoir la foi : celle du chrétien qui met en Dieu toute l’espérance et la confiance possibles, et celle de Iago, dans l’Othello de Shakespeare, qui disait : « Je crois en un Dieu cruel qui m’a créé semblable à lui ». On peut aussi croire de cette manière. C’est toujours plus logique que de ne pas croire !
© Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat