Procès de Mgr Capella 23/6/2018 © Vatican Media

Procès de Mgr Capella 23/6/2018 © Vatican Media

Justice: Mgr Capella condamné à 5 ans de prison

Un procès éclair de deux demi-journées

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Au terme d’un procès éclair, Mgr Capella, ex-diplomate du Saint-Siège est condamné en première instance à 5 ans de prison et 5 000 euros d’amende (contre 5 ans et 9 mois requis et 10 000 euros d’amende) pour détention et échange de matériel pornographique mettant en scène des enfants. Il doit assumer les dépenses du procès.
Le tribunal aura siégé quelques heures, vendredi après-midi, 22 juin, et ce samedi matin, 23 juin 2018. L’accusé a plaidé coupable, reconnaissant les faits établis par l’instruction. Le cas comme la condamnation sont une nouveauté absolue dans les annales du Tribunal du Vatican.
L’audience de ce samedi 23 juin a permis l’audition de la réquisition et de la défense. Après la réaction du procureur, l’accusé a conclu par une déclaration. La délibération a commencé à 12h et la sentence a été annoncée à 13h20.
L’accusé avait été interrogé hier, et, comme précédemment au cours de l’instruction, il avait admis les faits, évoquant une « crise personnelle » déclenchée par son transfert de Rome à Washington.
La sentence précise les accusations: « divulgation, transmission, offre, ainsi que détention de matériel pornographique mettant en scène des enfants ».
La base de la peine était de 4 ans et 4 000 euros d’amende. Mais les circonstances aggravantes ont été retenues (notamment la quantité du matériel), ce qui explique les 5 ans et 5 000 euros, ainsi que des atténuantes (l’attitude de l’accusé pendant le procès) ce qui explique que la réquisition n’a pas été suivie.
Son avocat, Me Roberto Borgogno, a demandé à l’accusé de raconter son parcours sacerdotal. Mgr Capella a répondu par un long exposé: il est âgé de 51 ans, est originaire de Carpi (Émilie-Romagne), et a été incardiné dans le diocèse de Milan (Lombardie), puis ordonné prêtre en 1993. Il a été vicaire en paroisse. Le cardinal Carlo Maria Martini, archevêque de Milan, lui a ensuite proposé de se préparer au service diplomatique du Saint-Siège.
Il a servi en Inde, en 2004, à Hongkong, en 2007, avant d’être appelé à la Secrétairerie d’Etat, à Rome, en 2011. En juin 2016 il a été muté à la nonciature de Washington, il accepté malgré son « malaise », qui a augmenté une fois arrivé aux Etats-Unis: il n’a pas demandé d’aide et a voulu gestir la crise seul, avec des remèdes « spirituels », mais il a commencé à faire un usage « inapproprié » d’Internet. Il en ressent maintenant de la « répugnance ».
Le tribunal a aussi entendu les deux témoins demandés par la défense: M. Gianluca Gauzzi et M. Tommaso Parisi. Cet ingénieur informatique de la Gendarmerie vaticane, a été chargé de l’analyse du matériel qui « ne se trouvent pas facilement en ligne », ayant fait l’objet d’échanges: photos, dessins, vidéos, ou traces montrant des rapports sexuels entre des adultes et des adolescents, mais aussi un enfant très jeune.
Médecin, psychothérapeute et psychiatre, Tommaso Parisi, a Mgr Capella comme patient et il l’accompagne aussi depuis son arrestation. Il a raconté avoir connu l’accusé au début d’octobre 2017, après avoir été en contact avec ses supérieurs. Il lui a prescrit un anxiolytique et il lui a proposé une thérapie deux fois par semaine. Une thérapie qui dure encore actuellement. Le patient est, dit le médecin, « de plus en plus collaboratif et désireux de se connaître lui-même (…). C’est un parcours ouvert ».
Un troisième témoin était absent, le psychologue Luigi Berta, mais son rapport écrit a été versé au dossier.
Le tribunal était composé du prof. Giuseppe Dalla Torre, président; du prof. Venerando Marano, juge; et du prof. Carlo Bonzano, juge. M. Raffaele Ottaviano étant chancelier.
Le bureau du promoteur de Justice (procureur) était représenté par le promoteur, le prof. Gian Piero Milano, et par le promoteur adjoint, le prof. Roberto Zannotti.
Rappelé à Rome le 21 août 2017, sur une note du Département d’Etat américain, et une enquête ayant été menée, Mgr Carlo Alberto Capella avait été arrêté par la gendarmerie vaticane  le 7 avril 2018. Le mandat d’arrêt avait été émis par le juge instructeur du Tribunal de l’Etat de la Cité du Vatican. L’inculpé a été détenu dans une cellule de la caserne de la gendarmerie du petit Etat, à disposition de la Justice.
L’enquête pour « possible violation des règles sur les images pornographiques mettant en scène des enfants » avait été annoncée par le Saint-Siège dès le 15 septembre 2017. Le promoteur de justice s’est appuyé sur une collaboration internationale pour obtenir des éléments relatifs à l’affaire.
Le juge d’instruction a ensuite décidé – suivant en cela les recommandations du Promoteur de Justice -, du renvoi de Mgr Capella devant le Tribunal de l’Etat de la Cité du Vatican. Il a reconnu la « compétence » de ce tribunal, les faits s’étant déroulés dans le cadre d’une mission pour le Saint-Siège.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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