Père Gérard Berliet

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Divorcés-remariés : le travail de l'association "Miséricorde et Vérité" en France

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Une réponse aux vœux du pape François

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Le Père Gérard Berliet, prêtre du diocèse de Dijon, parle à Zenit du travail de l’association « Miséricorde et Vérité » en France, au service de la pastorale des personnes divorcées et engagées dans une nouvelle union.
Formé à la pastorale des fidèles divorcés engagés dans une nouvelle union par le Père Jacques Nourissat dès la fin des années 90, le p. Berliet a fait partie de l’équipe des fondateurs de l’Association Miséricorde et Vérité et en est devenu président. A ce titre, il a été invité comme expert au synode extraordinaire de 2014 sur « Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». Tout en continuant son activité dans ce domaine, il est actuellement formateur au séminaire interprovincial de Lyon.
ZENIT – Qu’est-ce que l’association Miséricorde et Vérité, initiée par le père Nourissat? 
Père Gérard Berliet – Dans la mouvance du Père Jacques Nourissat[1], décédé en Mars 2014, est né en 2002 un groupe de réflexion formé de prêtres, diacres et laïcs. Il s’est donné pour objectif d’approfondir l’accompagnement pastoral des personnes séparées et divorcées, dans la fidélité à l’enseignement du Christ dans l’Evangile et dans son Eglise.
Ce groupe s’est constitué en une association, placée sous la responsabilité de l’archevêque de Lyon en 2010, sous le nom de Miséricorde et Vérité. Celui-ci a pour objet, dans la fidélité à l’Eglise Catholique et à son magistère :

  • de développer tous les moyens propres à favoriser l’accompagnement pastoral des fidèles séparés, divorcés, en toutes situations.
  • de former les communautés chrétiennes et leurs pasteurs à vivre cet accueil pastoral.
  • de proposer des sessions, récollections, retraites, conférences, en vue d’informer et former baptisés et pasteurs.
  • de développer des outils pédagogiques propres à favoriser les cheminements de conversion à la suite du Christ dans l’Eglise.

Cet accompagnement pourra aussi concerner les personnes non baptisées.
A partir de l’Evangile et des textes du Magistère, particulièrement l’exhortation apostolique de Saint Jean-Paul II Familiaris Consortio et celle du Pape François Amoris Laetitia, quelques principes fondamentaux nous guident :

  • La foi dans le don jamais repris du baptême ;
  • La conviction que tous les fidèles divorcés, remariés ou non, sont appelés par Dieu à aimer toujours plus ; aider à discerner les différentes formes d’amour.
  • L’assurance qu’il existe toujours un cheminement de conversion possible pour eux à la suite du Christ ;
  • La confiance en l’Eglise qui leur offre les moyens d’éclairer leurs nouvelles situations familiales à la lumière de l’Evangile.

Concrètement, l’association organise des temps de formation annuels à Paris et répond par l’entremise de quelques uns de ses membres à des demandes de formation des presbyteriums ou des pastorales familiales diocésaines. Elle offre aussi ses services pour soutenir la mise en œuvre de récollections ou sessions destinées à des fidèles divorcés, le plus souvent, engagés dans une nouvelle union et former des accompagnateurs de groupes. Il arrive que l’association réponde aussi à des demandes de conférence pour des paroisses.
La dernière réalisation de l’Association « Miséricorde et Vérité » est la création d’un premier pèlerinage de fidèles divorcés à Lourdes.
Vous venez de vivre ces derniers jours le premier pèlerinage de fidèles divorcés remariés à Lourdes (du samedi 28 avril au mardi 1er mai), proposé par l’association Miséricorde et Vérité: comment s’est-il déroulé ?
En réponse aux appels du pape François, s’est donc tenu à Lourdes, du 28 avril au 1er mai dernier le premier pèlerinage de fidèles divorcés engagés dans une nouvelle union. L’idée est née dans le courant de l’année 2017, dans les suites bien-sûr de la parution de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia. Nous voulions « Aider chacun à trouver sa propre manière de faire partie de l’Eglise, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde imméritée, inconditionnelle et gratuite ». Conquis par cette intuition, le bureau de l’association « Miséricorde et Vérité », a pris contact avec Mgr Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, et avec le Sanctuaire, pour étudier s’il était opportun de mettre en œuvre un tel projet. Accord fut bien vite donné et une petite équipe composée de Viviane Mugnier – vice présidente de Miséricorde et Vérité – les Pères Denis Metzinger – responsable de la pastorale familiale de Paris – et Gérard Berliet – président de Miséricorde et Vérité – s’est mise à l’ouvrage pour élaborer le canevas du pèlerinage avec le Père Horacio Brito, représentant du sanctuaire de Lourdes.
Modeste, le groupe des pèlerins en situation de remariage était une trentaine venus d’un peu partout en France, et ceux qui les accompagnaient une vingtaine. Le pèlerinage n’en a pas moins constitué un temps fort ecclésial, aussi bien pour les couples accueillis, que pour ceux qui accueillaient. Nous avons tous fait, d’une manière ou d’une autre, et dans un enrichissement mutuel, l’expérience de la miséricorde du Père, conduits en cela par Notre Dame de Lourdes qui nous offrait l’hospitalité, à l’ombre du rocher de Massabielle.
Les pèlerins sont arrivés le samedi 28 avril, en milieu d’après-midi, et ont fait connaissance par petits groupes, aussitôt après leur installation. En soirée, le Père Horacio Brito, qui fut jadis recteur du sanctuaire de Lourdes, nous a introduits au mystère de Lourdes, en évoquant les apparitions durant lesquelles la Vierge Marie s’est entretenue avec la petite Bernadette, exclue sociale et religieuse de son temps, pour la conduire à l’amour du Seigneur Jésus et de l’Eglise.
Le lendemain, dimanche, nous participions à la messe internationale. Et l’après midi, après un nouveau temps de groupe, le Père Gérard Berliet expliquait ce que signifie « discerner » les modalités de la vie baptismale, des chemins du pardon ou de la communion au Christ Jésus dans un cheminement personnel, en intégrant tout à la fois les aspects de la vie personnelle et les repères théologiques et ecclésiaux objectifs. Puis nous nous sommes tous rendus au chemin de croix. Et le soir, nous participions à la procession aux flambeaux.
Tandis que les deux temps forts de la messe internationale et de la procession aux flambeaux nous immergeaient dans le mystère de l’Eglise, le chemin de croix mettait chacun face à la miséricorde du Seigneur en sa source.
Le lundi matin fut consacré aux enfants. Après un nouveau partage de groupe, Bénédicte Lucereau, thérapeute de couple, et membre de la communauté de l’Emmanuel, nous a introduits aux multiples aspects de la souffrance des enfants. Elle nous a expliqué aussi comment les accompagner dans le respect des liens biologiques, pour éviter des confusions relationnelles source pour eux de profonds malaises.
L’après-midi, nous retrouvions le Père Horacio Brito qui nous accueillait dans la nouvelle sacristie proche de la Grotte pour un temps de prière. Ensemble, « nous avons bu à la source et nous y sommes lavés », selon la demande de la Vierge Marie à Bernadette, puis nous nous sommes tous accueillis – dans une joie sensible – comme  frères et sœurs. Joie d’être fils et filles d’un même Père, Dieu, et d’appartenir à la même famille que nous aimons, l’Eglise. Le soir, Bruno et Anny Perrin, tous deux divorcés, mariés civilement depuis 20 ans, ont témoigné de leur chemin de foi, de pardon, d’accompagnement des enfants et petits enfants, de communion spirituelle au Seigneur Jésus et de participation active à la vie de l’Eglise.
Mardi matin nous rejoignait, après un dernier temps de partage en groupe,  Monseigneur Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes. Sa présence signifiait évidemment à quel point l’Eglise est attentive aux fidèles en nouvelle union, veut les accueillir et chercher avec eux leur juste place dans la communauté, tenant compte de leur situation objective devant l’Eglise, des circonstances de leur histoire personnelle, et de leur cheminement unique. Il nous a commenté avec cœur et finesse certains aspects du chapitre 8 de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, soulignant la nécessité de se former un jugement correct sur sa situation personnelle, en recevant avec confiance et humilité la parole de l’Eglise ; rien ne pouvant se faire, dans la vie chrétienne, sans faire face à la vérité. Puis il a présidé la messe de clôture de ce pèlerinage en invitant chacun à progresser dans l’offrande d’une vie eucharistique.
Avez-vous recueilli tel ou tel témoignage?   
Ces trois jours nous ont plongés les uns et les autres dans une double expérience : celle de la miséricorde du Christ vers qui  Marie conduit tous ses enfants avec un amour maternel,  et celle de l’Eglise. Lourdes en ce sens est tout a fait particulier. Les activités proposées par le sanctuaire immergent les pèlerins dans la vie baptismale et ecclésiale. Par ailleurs, les temps d’enseignement ou de partage proposés par « Miséricorde et Vérité » conduisaient à préciser comment vivre en fils ou fille de l’Eglise, la condition de fidèle engagé dans une nouvelle union. La paix et la joie ont été données, abondamment.
Quels sont vos projets à l’avenir ?
Ils s’inscriront pour les mois qui viennent dans la ligne habituelle de « Miséricorde et Vérité » : réponse aux diocèses qui demandent nos services, proposition de formation, élaboration d’instruments pédagogiques qui intègrent l’exhortation apostolique Amoris Laetitia,  et… proposition d’un nouveau pèlerinage à Lourdes en 2019.
[1] Le Père Jacques Nourissat, né en 1917, fut un prêtre du diocèse de Dijon (France). Envoyé comme prêtre « fidei donum » au Québec en 1973, il y resta 25 ans et prit la mesure des souffrances des fidèles divorcés engagés dans de nouvelles unions. Il fut préoccupé de leur proposer un chemin de foi  à la suite du Seigneur Jésus dans un respect total du magistère. De retour en France en 1998, fort de ses 25 ans d’expérience canadienne, il voulut partager et transmettre son savoir faire à un certain nombre de prêtres et laïcs amis.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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