Clavier d'ordinateur © Wikimedia Commons / Reategui12

Clavier d'ordinateur © Wikimedia Commons / Reategui12

Cybercriminalité : Mgr Urbanczyk plaide pour la protection des enfants

Il est possible de limiter et de diriger la technologie

Share this Entry

Si le Saint-Siège « salue le travail entrepris par les États » pour améliorer la prévention du crime et la justice pénale dans le monde, « il reste beaucoup à faire pour protéger les enfants contre les activités criminelles », déclare Mgr Urbanczyk. En effet, « le nombre d’enfants parmi l’ensemble des victimes détectées a considérablement augmenté ces dernières années », explique-t-il.
Mgr Janusz S. Urbanczyk, chef de la délégation du Saint-Siège, est intervenu à la 27e session de la Commission pour la Prévention du Crime et la Justice pénale, qui se tient à Vienne, du 14 au 18 mai 2018.
« Nous sommes appelés à unir nos forces », a conclu le représentant du Saint-Siège en citant le pape François « en réalisant que nous avons besoin les uns des autres pour rechercher et trouver les bons moyens et les approches nécessaires pour des réponses efficaces (…) Nous avons la liberté nécessaire pour limiter et diriger la technologie ; nous pouvons la mettre au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Urbanczyk.
HG
Discours de Mgr Janusz S. Urbanczyk
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège est heureux de participer à cette 27ème session de la Commission pour la Prévention du Crime et la Justice pénale, et le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat, a déclaré dans sa lettre au nom de Sa Sainteté à cette session : « le pape François offre ses meilleurs vœux et sa prière pour le succès du travail de la Commission et envoie ses salutations cordiales à tous les participants ». (1)
Ma délégation voudrait en outre vous féliciter, Monsieur le Président, ainsi que le Bureau de la Commission, pour les efforts considérables que vous avez déployés pour préparer et maintenant pour diriger cette session.
Protéger les enfants contre les activités criminelles
Dans sa Déclaration de Doha, le 13ème Congrès des Nations Unies pour la Prévention du Crime et la Justice pénale a souligné la nécessité « d’intégrer les questions relatives aux enfants et aux jeunes dans nos efforts de réforme de la justice pénale, reconnaissant l’importance de protéger les enfants contre toutes les formes de violence, d’exploitation et d’abus, en adéquation avec les obligations des parties découlant d’instruments internationaux pertinents ». (2)
Ces appels à l’intégration de la protection des enfants dans les efforts visant à améliorer la prévention du crime et la justice pénale dans le monde sont des plus louables, et le Saint-Siège salue le travail entrepris dans ce domaine par les États, attestant que « la dignité et les droits des enfants doivent être protégés par des systèmes juridiques comme des biens inestimables pour toute la famille humaine ». (3)
Dans le même temps, la communauté internationale continue de faire face à des preuves indéniables qu’il reste beaucoup à faire pour protéger les enfants contre les activités criminelles. À cet égard, et dans le contexte de la discussion thématique sur la cybercriminalité qui aura lieu au cours de cette session, le Saint-Siège aimerait présenter quelques points en guise de contribution à ces discussions.
La traite des enfants et l’exploitation sexuelle des enfants
Le Saint-Siège reste profondément préoccupé par le phénomène néfaste de la traite des êtres humains, où des hommes, des femmes et des enfants sont vendus dans des formes modernes d’esclavage par différentes sortes de groupes et de réseaux criminels. (4) Il est également déconcertant que les données sur la traite des êtres humains montrent que le nombre d’enfants parmi l’ensemble des victimes détectées a considérablement augmenté ces dernières années. (5)
Un autre sujet de profonde préoccupation pour le Saint-Siège est le crime odieux d’exploitation sexuelle des enfants. Cette grave violation « dirigée contre ces créatures humaines les plus sans défense » (6) continue de se transformer en des formes de plus en plus troublantes qui révèlent la capacité choquante du mal qui se trouve dans le cœur des auteurs.
Le rôle des technologies de l’information et de la communication
Au cours des dernières décennies, des progrès notables ont été réalisés dans les technologies de l’information et de la communication qui, « si elles sont correctement utilisées, peuvent être très utiles à l’humanité ». (7) De plus, ces avancées technologiques se sont avérées utiles dans les secteurs de la prévention du crime et de la justice pénale, en ouvrant de nouvelles voies et en fournissant de nouveaux outils pour l’application de la loi, la coopération internationale et la collecte de données.
Cependant, malgré ces conséquences positives bien connues des technologies de l’information et de la communication dans les domaines relevant du mandat de la Commission, les aspects négatifs et profondément problématiques de l’internet, en particulier des médias sociaux, et l’accès aux technologies de communication sont profondément préoccupants. Il devient de plus en plus évident que les trafiquants d’êtres humains utilisent Internet non seulement pour recruter leurs victimes, mais aussi pour gérer l’achat et la vente d’hommes, de femmes et d’enfants. Dans le cas des enfants, le « grooming » et l’exploitation en ligne sont des caractéristiques importantes de la traite des enfants.
De plus, les nouvelles technologies et applications de l’information et des communications sont également « détournées pour commettre des crimes d’exploitation sexuelle des enfants et… les développements techniques ont permis l’apparition de crimes tels que la production, la distribution ou la possession d’images d’abus sexuels, audio ou vidéo, l’exposition des enfants à un contenu préjudiciable, le « grooming », le harcèlement et l’abus sexuel des enfants ». (8)
Le pape François, parlant de la nécessité de protéger les enfants dans le monde numérique, a souligné que le nombre toujours croissant d’enfants ayant accès à Internet, aux médias sociaux et à d’autres plateformes nous oblige à demander : « Que trouvent-ils sur le net ? Vont-ils trouver ce qui fait avancer leur dignité, leur développement intégral et leur éducation ou vont-ils se confronter aux « crimes graves et épouvantables de la traite en ligne des personnes, de la prostitution et même de la commission et de la visualisation en direct d’actes de viol et de violence contre les mineurs » ? (9)
Permettez-moi de conclure avec l’appel du Pape pour des efforts communs dans la lutte contre ces violations graves de la dignité des enfants : « Mais nous ne devons pas nous laisser envahir par la peur, qui est toujours mauvaise conseillère. Ne nous laissons pas paralyser par le sentiment d’impuissance qui nous submerge devant la difficulté de la tâche qui nous attend.
Au contraire, nous sommes appelés à unir nos forces, en réalisant que nous avons besoin les uns des autres pour rechercher et trouver les bons moyens et les approches nécessaires pour des réponses efficaces. Nous devons être convaincus que « nous pouvons élargir notre vision. Nous avons la liberté nécessaire pour limiter et diriger la technologie ; nous pouvons la mettre au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral ». (10)
En conclusion, le Saint-Siège assure cette Commission de son désir de collaborer avec tous les efforts pour fournir un avenir plus sûr et plus sécurisé pour tous les enfants, et attend avec impatience les discussions pendant cette 27èmesession.
Merci, Monsieur le Président.

  1. Cardinal Pietro Parolin, Lettre à la 27ème Session de la Commission sur la Prévention du Crime et la Justice pénale, Vatican, 8 mai 2018.
  2. Déclaration de Doha sur l’intégration de la prévention du crime et de la justice pénale dans le programme des Nations Unies pour relever les défis sociaux et économiques et promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international Niveaux et participation publique, 5e.
  3. Pape François, Discours aux participants au Congrès sur «La dignité de l’enfant dans le monde numérique», 6 octobre 2017.
  4. Cf. Pape François, Message pour la Journée mondiale des migrants et des réfugiés 2016, 12 septembre 2015.

5 Cf. 27ème session de la Commission sur la prévention du crime et la justice pénale, Tendances mondiales de la criminalité et questions et réponses nouvelles dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale. Note du Secrétariat (E / CN.15 / 2018/10), p. 5-8.

  1. Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n. 245.
  2. Concile Vatican II, Décret sur les moyens de communication sociale, 4 décembre 1963, n. 2.
  3. Conseil économique et social des Nations Unies, résolution 2011/33, Prévention, protection et coopération internationale contre l’utilisation des nouvelles technologies de l’information pour abuser et / ou exploiter les enfants.
  4. Pape François, Discours aux participants au Congrès sur « La dignité de l’enfant dans le monde numérique », 6 octobre 2017.
  5. Ibid.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Share this Entry

Hélène Ginabat

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel