34 évêques du Chili ont rencontré le pape François, à 16h, ce 15 mai 2018, dans la petite salle de la Salle Paul VI au Vatican. Ces réunions, prévues sur trois jours, ont pour but d’échanger sur les scandales d’abus sexuels commis par des membres du clergé.
Dans une lettre publiée le 11 avril, le pape reconnaissait qu’il avait « commis de graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation, notamment en raison d’un manque d’information véridique et équilibrée », au terme de l’enquête menée par son envoyé spécial, Mgr Charles J. Scicluna, président du Collège spécial d’appel dans les cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de clercs – au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi – sur le cas de Mgr Juan de la Cruz Barros Madrid, évêque d’Osorno, accusé par des laïcs de son diocèse d’avoir été au courant des abus sexuels commis par son ancien mentor, le p. Fernando Karadima.
C’est dans ce cadre que le pape a reçu trois victimes d’abus le 25 avril, et a convoqué les évêques : une rencontre doit encore avoir lieu dans l’après-midi du 16 mai et deux rencontres le 17 mai, précise un communiqué du Saint-Siège au terme de la première journée. Le pape a remis à chacun des évêques – 31 évêques diocésains et auxiliaires et 3 évêques émérites – un texte contenant des thèmes sur lesquels méditer, les invitant à la méditation et à la prière jusqu’au lendemain.
Le 14 mai, les évêques du Chili ont souligné que la demande de pardon devait être réellement réparatrice. Durant une conférence de presse à Rome, Mgr Fernando Ramos, évêque auxiliaire de Santiago et secrétaire général de la Conférence épiscopale du Chili, et Mgr Juan Ignacio Gonzalez, évêque de San Bernardo, ont témoigné de leur « douleur » et de leur « honte » dans des propos rapportés par Vatican Media en italien : « Douleur, parce qu’il y a malheureusement des victimes, a souligné Mgr Ramos : il y a des personnes qui sont victimes d’abus et cela nous cause une douleur profonde. Et la honte, parce que ces abus se sont vérifiés dans des environnements ecclésiaux qui sont précisément ceux dans lesquels ce type d’abus ne devrait jamais avoir lieu. »
L’évêque a expliqué : « En premier lieu, nous sommes venus à Rome pour recevoir les conclusions du rapport de Mgr Scicluna sur sa visite au Chili et aussi pour faire un discernement pour trouver des mesures à court, à moyen et à long terme pour restaurer la communion et la justice. C’était les deux grands thèmes auxquels le Saint-Père nous a invités dans sa lettre… Nous devons demander pardon 70 fois 7 fois. Je crois que c’est un impératif moral très grand pour nous. L’important est que la demande de pardon soit réellement réparatrice ». Et de conclure : « En toute humilité, nous écouterons ce que le pape nous dira » ; c’est « un moment très important » pour le renouveau de l’Église chilienne.
« Le cadre de ces rencontres, a poursuivi Mgr Ramos, se réfèrera à des questions d’abus de pouvoir, d’abus de conscience et d’abus sexuels qui se sont vérifiés ces dernières décennies dans l’Église chilienne, ainsi qu’aux mécanismes qui ont conduit dans certains cas à la dissimulation et aux graves omissions à l’égard des victimes. Le second point consistera à partager les conclusions que le Saint-Père a traitées à partir du rapport de Mgr Scicluna. Et le troisième point est l’invitation du pape à faire un long processus synodal de discernement pour voir les responsabilités de tous et de chacun dans ces terribles blessures que sont les abus et chercher les changements nécessaires pour que cela ne se répète plus. »
Pour sa part, Mgr Gonzalez a dit que les évêques chiliens voient le pape François comme un exemple pour avoir admis ses erreurs, demandé pardon et rencontré les victimes. Le point central, a-t-il répété, ce sont les victimes et c’est pourquoi l’Église au Chili doit faire œuvre de réparation, avec humilité et espérance, en suivant l’enseignement de Jésus.
D’après le Bureau de presse du Saint-Siège, il n’est pas prévu que le pape François fasse une déclaration ni pendant ni après les rencontres qui se dérouleront dans une confidentialité absolue.
Avec une traduction d’Hélène Ginabat