« Au cours de ces 250 ans, le cirque moderne a subi de nombreux changements, amenant les personnes du cirque à renforcer leur identité et leur fidélité à leur propre mission, les conduisant à lire les signes du temps, en accordant aussi plus d’attention aux thèmes écologiques, à privilégier le bien-être des animaux et le développement durable », fait observer le cardinal Turkson.
Le cardinal ghanéen Peter K.A. Turkson, préfet du Dicastère pour le développement humain intégral, a en effet adressé un message au monde du cirque à l’occasion de la 9ème Journée mondiale du cirque, samedi 21 avril 2018.
Cette Journée ou « World Circus Day » est célébrée chaque 3ème samedi d’avril depuis 2009 et elle est déjà relayée dans au moins 36 pays. Elle est promue par la Fédération mondiale du cirque.
Pour le cardinal Turkson, « par son activité et les caractéristiques particulières de leur existence comme l’accueil, l’hospitalité et l’ouverture à l’autre, les personnes du cirque peuvent s’engager en première ligne dans « un nouveau développement culturel de l’humanité ». »
Voici notre traduction intégrale, de l’italien, du message du cardinal Turkson.
AB
Message du cardinal Turkson pour la IXème Journée mondiale du cirque
Monsieur le président,
En qualité de préfet du dicastère pour le service au développement humain intégral, dont les compétences duquel le monde du cirque entre aussi, je vous fais mes plus cordiales félicitations ainsi qu’à toute la communauté du cirque à l’occasion de la IXème journée mondiale du cirque, lancée par la fédération mondiale du cirque, sous le haut patronage de son altesse la princesse Stéphanie de Monaco, célébrée le 21 avril 2018.
Je voudrais rendre hommage et féliciter avec gratitude tous ceux qui se prodiguent pour faire de cette journée un événement culturel et un moment de convivialité et de fête, offrant à la société la possibilité de mieux connaître la valeur culturelle, anthropologique, sociale et pédagogique des arts du cirque.
Deux circonstances, cette année, font de cette Journée un événement particulièrement significatif. En premier lieu, le monde du cirque fête le 250ème anniversaire de la naissance du cirque moderne, qui renvoie à son fondateur, le jeune hussard anglais Philip Astley qui, en 1768, sur une piste circulaire présentait à Londres le premier spectacle équestre. Deuxièmement, l’événement a lieu pendant l’année européenne du patrimoine culturel et il est indéniable que le cirque peut être considéré un bien d’une inestimable valeur humaine et culturelle.
Au cours de ces 250 ans, le cirque moderne a subi de nombreux changements, amenant les personnes du cirque à renforcer leur identité et leur fidélité à leur propre mission, les conduisant à lire les signes du temps, en accordant aussi plus d’attention aux thèmes écologiques, à privilégier le bien-être des animaux et le développement durable. La mondialisation et les crises économiques, ainsi que les transformations de la réalité qui en découlent, les défis du phénomène migratoire et des réfugiés, les menaces du terrorisme qui fomentent peurs et méfiances, sont des facteurs qui provoquent l’isolement, la marginalisation, et il n’est pas rare la fermeture également des cirques. Pourtant, malgré de nombreux changements, entre difficultés et incertitudes, le rôle de l’art du cirque est resté inchangé dans la promotion de la cohabitation interculturelle et interreligieuse, tant dans le dialogue que dans la construction de la paix. Au contraire, de nouvelles possibilités s’ouvrent aux personnes du cirque pour promouvoir la cohésion sociale, la collaboration internationale, surtout le développement humain intégral des personnes.
Il est vrai que le cirque a une importance particulière dans le secteur du divertissement et du temps libre, mais son apport dans le domaine de la socialisation, de l’éducation et de la santé, n’est pas moins valable. Les cirques ont tant de moyens pour corriger certaines formes de détérioration de la qualité de la vie humaine et de dégradation sociale, soulignés par le pape François dans l’encyclique Laudato si’ (cf. Chapitre IV, n. 47). Par son activité et les caractéristiques particulières de leur existence comme l’accueil, l’hospitalité et l’ouverture à l’autre, les personnes du cirque peuvent s’engager en première ligne dans « un nouveau développement culturel de l’humanité » (n. 47), transformant en arènes et grandes tentes les lieux où se créent « de vraies relations avec les autres, avec tous les défis que cela implique », et « entrer en contact direct avec la détresse, l’inquiétude, la joie de l’autre et avec a complexité de son expérience personnelle » (idem).
L’Église, comme une mère, suit les personnes du cirque avec sollicitude et, en reconnaissant la qualité et les valeurs de leurs traditions, les encourage à préserver et renforcer leur propre identité. Le pape François aussi a donné une belle description quand le 16 juin 2016, il leur a dit : « Gens du cirque […] Vous faites de grandes choses ! Vous êtes des « artisans » de la fête, de l’émerveillement ; vous êtes des artisans de la beauté : avec ces qualités, vous enrichissez la société du monde entier, également avec l’ambition de nourrir des sentiments d’espérance et de confiance. Vous le faites à travers des spectacles qui ont la capacité d’élever l’âme, de montrer l’audace d’exercices particulièrement difficiles, de fasciner par l’émerveillement que suscite la beauté et de proposer des occasions de sain divertissement ». « La fête et la joie, a poursuivi le pape, sont les signes distinctifs de votre identité, de vos professions et de votre vie ».
Saint Jean-Paul II a assimilé le monde du spectacle qui voyage à un « laboratoire de frontière aussi pour les grands thèmes de la pastorale, de l’œcuménisme et de la rencontre avec les membres d’autres religions, de l’engagement commun pour construire une fraternité universelle », et c’est dans cette optique que le cirque apporte sa contribution dans la formation d’une culture de paix et dans la création d’une communion entre les personnes et les peuples. En effet, la Journée mondiale du cirque entraine dans cette mission de nombreux cirques et artistes du monde du cirque qui dans un esprit de fraternité et solidarité, apporteront harmonie, amitié et réconciliation, à la terre de Palestine, si meurtrie, au al-Fari’ah Refugee Camp, à Ramallah et à Jérusalem et aux réfugiés à Kaboul en Afghanistan.
Je souhaite plein succès à cette belle initiative, en invoquant la bénédiction divine pour elle, pour les organisateurs et pour les participants.
Cardinal Peter K.A. Turkson
Préfet
CTV - Capture d'écran, 3 février 2016
Message du card. Turkson pour la IXème Journée mondiale du cirque (traduction complète)
Pour un «nouveau développement culturel de l’humanité»