Les organisations confessionnelles sont « non seulement pertinentes mais cruciales pour l’aide des migrants et des réfugiés, mais aussi pour le travail des États qui s’en occupent », déclare Mgr Auza qui demande leur reconnaissance dans les « Pactes mondiaux ».
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a prononcé le discours d’ouverture de l’événement parallèle intitulé « Partage du parcours des migrants et des réfugiés : une perspective interconfessionnelle sur les Pactes mondiaux » aux Nations Unies, à New York, le 3 mai 2018.
Les organisations confessionnelles sont « uniques dans leur portée et leur présence à tous les stades du voyage migratoire », a insisté Mgr Auza. Elles comblent souvent « des lacunes dans les services aux migrants que les gouvernements et d’autres acteurs de la société civile sont incapables de combler – ou sont réticents à le faire – par leurs propres moyens ». Il a souligné « l’efficacité avérée des organisations confessionnelles dans l’assistance aux réfugiés et aux migrants ».
« Le rôle clé qu’elles jouent dans l’accueil, la protection, la promotion, l’intégration et le partage du voyage des migrants et des réfugiés doit être noté et érigé en exemple pour l’ensemble de la société civile – et faire l’objet d’une référence explicite dans les Pactes mondiaux. »
Voici notre traduction du discours de Mgr Auza prononcé en anglais.
HG
Discours de Mgr Bernardito Auza
Eminences et Excellences,
Mesdames et Messieurs les Intervenants,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue à l’événement de cet après-midi : « Partage du parcours des migrants et des réfugiés : une perspective interconfessionnelle sur les pactes mondiaux », que la Mission permanente d’observation du Saint-Siège patronne avec Caritas Internationalis et sa campagne Share the Journey.
La communauté internationale est maintenant engagée ici à New York dans des négociations intergouvernementales en vue de l’adoption d’un Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière et, à Genève, dans des consultations intergouvernementales avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. C’est une occasion unique de montrer notre solidarité avec les millions de personnes, dans différentes parties du monde, qui ont été déracinées de leurs lieux d’origine et qui font souvent face à une épreuve désespérée. C’est l’occasion, par la coopération internationale et le partage des responsabilités, de trouver des solutions durables et à long terme, parmi toutes les parties prenantes, aux causes profondes de ces grands mouvements de population et d’accroître la capacité des pays d’origine, de transit et de destination d’une manière qui respecte leur dignité et leurs droits humains ainsi que la souveraineté nationale.
Le pape François a été très impliqué dans ce processus. Dans son Message pour la 104ème Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés, qui a eu lieu le 14 janvier de cette année, il a souligné que la solidarité avec toute personne forcée de quitter son pays à la recherche d’un avenir meilleur doit être concrètement exprimée à chaque étape de l’expérience migratoire, au départ, pendant le voyage et jusqu’à l’arrivée et le retour. Il a dit que notre réponse commune peut utilement être articulée par quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer.
Ces quatre actions comprennent le travail tenté et accompli par les parties prenantes à tous les niveaux, mais dans la mesure où l’événement d’aujourd’hui se concentre sur le travail et la motivation des personnes de foi et des organisations confessionnelles à travers le monde, nous devons mettre en lumière la manière dont les organisations confessionnelles fournissent une grande partie de l’infrastructure pour l’hospitalité et le logement immédiats et à long terme, défendent les droits et la dignité des réfugiés et des migrants indépendamment de leur statut légal, assurent par l’éducation, l’inclusion professionnelle et sociale qu’ils réalisent leur potentiel en tant qu’êtres humains, et les enrichit ainsi que les sociétés qui les accueillent à travers l’échange de talents et de culture.
Les organisations confessionnelles sont uniques dans leur portée et leur présence à tous les stades du voyage migratoire, comblant souvent des lacunes dans les services aux migrants que les gouvernements et d’autres acteurs de la société civile sont incapables de combler – ou sont réticents à le faire – par leurs propres moyens. En janvier, lors d’un symposium sur l’importance des acteurs confessionnels dans le processus de négociation des Pactes mondiaux, la secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Amina Mohammed, a déclaré : « Partout dans le monde, les organisations confessionnelles se trouvent en première ligne des crises fournissant nourriture, abri, éducation et soutien médical et psychologique aux migrants et aux réfugiés. Elles travaillent sans relâche pour affirmer les droits humains et la dignité des migrants et des réfugiés, indépendamment des intérêts politiques nationaux et régionaux. » Au nom des Nations Unies, a-t-elle souligné : « Nous comptons sur les organisations confessionnelles pour maximiser cette opération. «
Aujourd’hui, nous entendrons des dirigeants de différentes religions parler des nombreuses raisons pour lesquelles les organisations confessionnelles sont si efficaces pour prendre soin des millions de personnes qui se déplacent. Les migrants de confessions particulières ont une confiance particulière dans leurs institutions religieuses et parfois, bien avant d’être en mesure d’accéder aux services fournis par les gouvernements et les organisations internationales, ils viennent aux églises et aux organisations caritatives de leur tradition religieuse pour un soutien dans leurs besoins fondamentaux. Mais même lorsqu’ils sont d’une foi différente de celle des organisations d’aide, beaucoup connaissent la réputation des organisations confessionnelles qui offrent des soins à ceux qui en ont besoin en raison des principes de charité, de miséricorde et de solidarité qui découlent de cette foi.
Les organisations fondées sur la foi partent non pas de perspectives politiques ou économiques, mais de l’affirmation de la dignité humaine de tous avant tout le reste. Cette approche centrée sur la personne, bien qu’elle ne soit pas unique aux organisations confessionnelles, est au cœur de tout leur travail. Elle inspire également une approche plus holistique de l’assistance des migrants et de leurs familles. Plutôt que de traiter la migration simplement comme un problème politique ou économique, les organisations confessionnelles répondent généralement aux besoins de chaque personne, en tant qu’individu en communion avec les autres et avec le bien commun de toute la société.
Il existe de nombreuses façons de mettre en évidence l’efficacité avérée des organisations confessionnelles dans l’assistance aux réfugiés et aux migrants et d’aider les gouvernements à s’acquitter de leurs responsabilités à leur égard. Je vais me concentrer sur un seul exemple. Aux États-Unis, neuf organismes aident le Département d’État des États-Unis à réinstaller les réfugiés. Parmi ces neuf organisations, six sont des organisations confessionnelles : Church World Service, Ministères des migrations épiscopales, Lutheran Immigration and Refugee Services, World Relief Corporation, Hebrew Immigrant Aid Society et les Services Migrants et Réfugiés de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis. Ensemble, elles aident à placer des réfugiés dans 190 communautés à travers les États-Unis. Elles sont impliquées dans le travail parce qu’elles sont motivées par leur foi ; elles se voient confier ces responsabilités par des gouvernements comme les États-Unis, en raison de l’efficacité avérée de leur travail.
Au cours des négociations sur les Pactes mondiaux, il a été question du rôle des organisations confessionnelles. Certains ont remis en question leur pertinence, mais comme l’événement d’aujourd’hui espère le montrer, elles sont non seulement pertinentes mais cruciales pour l’aide des migrants et des réfugiés, mais aussi pour le travail des États qui s’en occupent. Le rôle clé qu’elles jouent dans l’accueil, la protection, la promotion, l’intégration et le partage du voyage des migrants et des réfugiés doit être noté et érigé en exemple pour l’ensemble de la société civile – et faire l’objet d’une référence explicite dans les Pactes mondiaux.
Avant d’inviter nos distingués panélistes à nous faire part de leurs réflexions sur le sujet, j’aimerais terminer avec un mot du pape François. Dans son message pour la Journée mondiale des migrants et des réfugiés cette année, il a déclaré : « Au Sommet des Nations Unies, qui s’est tenu à New York le 19 septembre 2016, les dirigeants du monde ont clairement exprimé leur désir de prendre des mesures décisives pour soutenir les migrants et les réfugiés. sauver leur vie et protéger leurs droits, partageant cette responsabilité au niveau mondial. À cette fin, les États se sont engagés à rédiger et à approuver, avant la fin de 2018, deux Pactes mondiaux, l’un pour les réfugiés et l’autre pour les migrants. À la lumière de ces processus actuellement en cours, les mois à venir offrent une occasion unique de défendre et de soutenir les actions concrètes que j’ai décrites avec quatre verbes [accueillir, protéger, promouvoir et intégrer]. » Il a ensuite invité « tous les acteurs politiques et sociaux impliqués (ou qui cherchent à être impliqués) dans le processus qui conduira à l’approbation des deux Pactes mondiaux » à travailler ensemble pour montrer le type de solidarité modélisé par les organisations confessionnelles que les migrants et les réfugiés méritent et que la communauté internationale désire et exige. Nous donnons suite à cette invitation cet après-midi.
Merci à vous tous d’être venus !
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat