Alfie Evans et son père @ Facebook

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Quelques éléments au dossier d’Alfie Evans et de ses parents, par James Gallagher

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Le combat de l’autorité parentale ?

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Jim Gallagher est un journaliste et auteur britannique basé à Londres qui a travaillé pour la presse laïque et religieuse au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il est cofondateur et administrateur d’un projet humanitaire de bienfaisance, Humanae Vitae Projects. Ses biographies ont été publiées en plusieurs langues. Elles comprennent «Padre Pio: le prêtre transpercé», «Maurice Lewis: Enfant de Marie, défenseur des plus faibles», «Mère Teresa», «Le Pape Jean-Paul II: la route de la sainteté», «L’œuvre d’une femme: Chiara Lubich & le Mouvement des Focolari ». Il est également l’auteur de deux livres exposant des erreurs judiciaires – une condamnation criminelle injustifiée – : « Pourquoi moi? La lutte d’une femme pour la justice et la dignité », et « Le crime qui n’a jamais eu lieu: récit de la quête de justice de trois pro-vie ».

Il répond aux questions de ZENIT sur Alfie Evans et le combat de ses parents pour des soins qu’ils souhaitaient pour leur enfant.

ZENIT- Le pape François est intervenu en faveur du petit Alfie, mais son envoyée, Mme Mariella Enoc n’a pas été reçue à l’hôpital de Liverpool: s’agit-il selon vous de distance « idéologique »?

James Gallagher – Le Pape François a personnellement demandé au Dr Enoc de s’envoler vers l’Angleterre pour faire «tout ce qui est possible – et impossible!» pour amener Alfie à l’hôpital Bambino Gesù de Rome afin de lui fournir au moins des soins palliatifs appropriés. Le Dr Enoc a rencontré les parents d’Alfie à l’hôpital Alder Hey, mais les autorités de l’hôpital ont refusé de la rencontrer.

Je dois dire qu’il était évident que les gestes de compassion du pape en faveur des Evans a fait à nouveau affleurer l’anti-catholicisme séculaire de l’establishment libéral et des médias.

On pensait: « c’est une puissance étrangère essayant d’interférer dans nos affaires ». Certains affirmaient qu’Alfie et ses parents n’étaient pas catholiques.

Le pauvre Thomas, un plâtrier âgé de 21 ans dans l’entreprise de construction de sa famille, a dû réitérer devant les médias assemblés – et encore en présence du Saint-Père: « Je suis baptisé catholique. Mon fils est baptisé catholique ». Kate est anglicane.

Donc une distance idéologique ? Oui, vous pourriez dire cela.

Alfie Evans a été traité selon ce que les services de santé britanniques (NHS) appellent « Death care pathway »: en quoi cela consiste-t-il?

Il s’agissait d’une supposée «voie de soins» pour les patients cancéreux en phase terminale qui a été développée à la fin des années 1990 par le Royal Liverpool University Hospital. Elle a rapidement été appliquée à tous les patients jugés proches de la mort. Les hôpitaux ont même reçu des incitations financières de la part du gouvernement pour atteindre les objectifs concernant le nombre de patients décédés sur ce “Liverpool Care Pathway”.

Fondamentalement, cela permet aux médecins de décider qu’un patient est considéré à quelques jours ou à quelques heures de la mort et, à ce stade, de supprimer ou de cesser tout traitement. Le terme «traitement» comprend l’oxygène, la nourriture et l’eau. Le patient affamé et déshydraté devient même incapable de demander de l’aide ou des soins.

Ainsi, la décision du médecin qu’il/elle est proche de la mort devient une prophétie qui s’auto-réalise. Des groupes d’éthique, des travailleurs dun monde de la santé concernés, des experts juridiques et certains médias ont souligné l’inhumanité et l’injustice de cette pratique tout au long des années 2000.

Enfin, en juillet 2013, le ministère de la Santé du gouvernement a annoncé que la politique serait progressivement abandonnée pour être remplacée par une approche individuelle pour chaque patient approchant de la mort.

En effet, le Liverpool Care Pathway vient d’être renommé et a continué à être appliqué dans de nombreuses régions du pays. Aujourd’hui, de nombreuses personnes âgées ont peur d’être admises à l’hôpital ou même dans des hospices par crainte de ne pas en sortir vivant. Le cas d’Alfie Evans confirme que le Liverpool Care Pathway est toujours là et toujours aussi mortel. Les patients ordinaires appellent cela le « Liverpool Deathway ».

Un médecin, Patrick Pullicino, déplore, dans le Daily Mail, que ce protocole ‘tue’ chaque année 130 000 personnes âgées au Royaume Uni: que dit-il exactement?

Le professeur Patrick Pullicino, professeur de neurosciences cliniques à l’Université du Kent, affirme que près d’un tiers, soit 29% des patients (ou 130 000), qui meurent à l’hôpital ou sous d’autres soins du NHS, sont sur le Liverpool Care Pathway.

C’est devenu, dit-il, une «voie de mort assistée plutôt qu’une voie de soins» et elle peut donc être correctement décrite comme l’euthanasie des personnes âgées. Il se réfère à la pénurie de lits d’hôpital comme d’une pression sur les médecins surmenés. Dans un cas, Pullicino lui-même est intervenu.

Il est neurologue consultant pour les hôpitaux de l’East Kent. De retour au travail un lundi, il a découvert qu’un patient de 71 ans souffrant de pneumonie et d’épilepsie avait été placé sur le Liverpool Care Pathway par un médecin suppléant qui était de service le week-end. Le patient était devenu insensible et sa famille était fâchée car ils n’avaient pas accepté de le placer sur le LCP.

Le Professeur Pullicino a déclaré que « malgré une résistance significative » de l’hôpital, il a retiré le patient du Liverpool Care Pathway. Quatre semaines plus tard, le patient – guéri de sa pneumonie et sous contrôle de ses crises – a été renvoyé chez lui dans sa famille.

L’hôpital de Liverpool a été impliqué, dans les années 90 dans un scandale d’organes (et de foetus) prélevés sans le consentement des parents : n’est-ce pas dans les deux cas un déni de l’autorité parentale qui s’est installé?

On a découvert que des organes d’enfants décédés – et d’enfants vivants, pendant des opérations (glandes du thymus, par exemple) – ont été prélevés sans le consentement parental. Et on a découvert plus de 400 fœtus. Tout cela a fait partie d’un scandale de vente illégale de tissus humains. Ce comportement a été récemment dénoncé aux États-Unis dans les cliniques abortives du Planned Parenthood.

Mais ici en Angleterre, à l’hôpital Alder Hey, c’était au sein de notre célèbre National Health Service! À mon avis, cela révèle à quel point la médecine s’est éloignée de ses racines nobles et du serment d’Hippocrate. Au Royaume-Uni, dans beaucoup d’hôpitaux, on se plaint de l’arrogance de certains médecins notamment dans leur façon de s’adresser aux patients. C’est le syndrome : “Le docteur sait mieux.”

On retrouve quelque chose de cela dans leur attitude envers Thomas et Kate. Les cas de prélèvement et de trafic d’organes et de conservation des bébés morts, il a révélé le pouvoir total du NHS Big Brother. Cela semblait révéler cette attitude : « les enfants nous appartiennent maintenant; vous, les parents et les tuteurs, avez seulement des droits subsidiaires, le cas échéant ». On retrouve cela dans le traitement d’Alfie.

Cela pose des questions: pourquoi priver les parents de leur droit d’avoir Alfie chez eux pour y vivre ses derniers jours (et probablement y mourir) – ou de le faire dans un lieu où Alfie et toute la famille pourraient être à l’aise et toujours sous surveillance médicale? Au lieu de cela, une fois qu’ils ont décidé qu’il devait mourir, Alder Hey a fait appel à la police pour empêcher les parents d’apporter tout ce dont Alfie (et Kate et Thomas) pouvaient avoir besoin.

La famille était fouillée physiquement au cas où ils tenteraient de faire passer de l’eau en cachette. La première nuit « sans traitement » Thomas a partagé sa propre salive avec son petit garçon pour tenter de le garder hydraté. Alors, l’hôpital enleva même le petit divan de la chambre d’Alfie où Thomas ou Kate pouvaient se reposer. Ils ont été obligés de dormir par terre.

Oui, à l’heure actuelle, les droits parentaux sont très peu nombreux.

Des nouvelles de Thomas et Kate Evans ? On avait l’impression, dans la dernière déclaration de Thomas Evans qu’un accord avait été conclu avec l’hôpital…

La dernière déclaration publique de Thomas Evans donnait l’impression qu’un otage lisait un message écrit par ses ravisseurs. La langue utilisée n’était pas typique de Thomas. Et plusieurs phrases étaient presque identiques à celles trouvées dans la déclaration de l’hôpital. En tout cas, Thomas a demandé aux membres de «l’armée d’Alfie» de se retirer et de retourner chez eux. Alfie est mort 36 heures plus tard … La petite famille était ensemble dans la chambre d’hôpital d’Alfie (pas chez eux comme les parents l’avaient demandé). Selon des sources anglaises et italiennes, encore à vérifier, des médicaments auraient été donnés au petit garçon, par une infirmière, dans la nuit. Rien d’officiel pour le moment.

Nous avons appris que Thomas a opéré un bouche-à-bouche à son fils – comme il l’avait fait plus tôt dans la semaine quand l’hôpital avait enlevé le respirateur d’Alfie et avant que  finalement l’hôpital cède et lui donne accès à un peu d’oxygène. Seulement cette fois les poumons et le cœur d’Alfie n’ont pas répondu aux efforts de son père pour continuer à vivre.

Et Kate et Thomas ont dû laisser Alfie retourner au Ciel. Et nous savons que c’est là qu’il est, parce que c’était un enfant baptisé avant l’âge de raison.

Jusqu’à présent, il n’y a pas de nouvelles d’obsèques publiques. J’imagine que l’hôpital Alder Hey redouterait un tel événement. L’hôpital a-t-il permis aux Evans d’emmener le corps de leur petit enfant? A-t-il prélevé des organes? A-t-il permis à un médecin indépendant de procéder à une autopsie? Pour le moment nous ne savons rien, c’est le silence.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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