Mgr Ivan Jurkovic © RV

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ONU : faire de la communauté internationale une "famille universelle"

Mgr Jurkovic plaide pour la liberté religieuse dans l’avant-projet pour les réfugiés

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A l’ONU, Mgr Jurkovic a salué « un moment historique » pour « élever l’approche standard de la communauté internationale » à celle d’une « famille universelle ». Se félicitant des « objectifs et de la vision » du « Zero Draft », avant-projet sur les réfugiés, il a rappelé cependant que l’aide au développement doit aller de pair avec l’aide humanitaire.

Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et aux autres organisations internationales à Genève, est intervenu aux Premières consultations formelles pour un Pacte Mondial sur les Réfugiés, à Genève, le 13 février 2018.

« La protection des droits fondamentaux de tous est la clé de l’évolution de la situation des réfugiés et des personnes déplacées », a souligné le représentant du Saint-Siège. Il a dénoncé, dans le Zero Draft, « l’absence de référence à la dimension spirituelle des réfugiés et au droit à la liberté religieuse » et « le besoin de faire davantage pour respecter l’unité de la famille ».

Voici notre traduction du discours en anglais de Mgr Jurkovic

HG

Discours de Mgr Jurkovic

Madame la Modératrice,

La délégation du Saint-Siège exprime sa gratitude au HCR et, en particulier, au Haut Commissaire assistant pour sa direction et sa présentation approfondie de l’avant-projet.

La Déclaration de New York nous a mis sur la voie de la solidarité mondiale avec les réfugiés. Effectuer « un partage plus équitable du fardeau et de la responsabilité de mieux protéger et d’aider les réfugiés et soutenir les États hôtes et les communautés concernées » est une tâche qui dépasse la bonne volonté de chaque pays et appelle à la flexibilité, à la cohérence et à la coopération au sein de la communauté internationale.

Grâce à la présence de tant de délégations dans cette salle, on peut facilement saisir ce moment historique comme une occasion d’élever l’approche standard de la communauté internationale pour protéger, aider et trouver des solutions durables, à celle d’une famille universelle, répondant au noble principe de solidarité et de compassion fraternelle en offrant une réponse globale plus concertée et équitable.

Le pape François rappelle que « défendre les droits inaliénables des réfugiés, assurer leurs libertés fondamentales et respecter leur dignité sont des devoirs dont nul ne peut être exempté » (1). Ma délégation se félicite donc de l’avant-projet dans ses objectifs et sa vision, que nous tous partageons. La tension dialectique entre la réponse idéale et le pragmatisme existentiel est bien connue. Toutefois, compte tenu de ces nobles objectifs, nous ne devons rien négliger pour établir des politiques et des mesures concrètes.

Madame la Modératrice,

L’avant-projet reconnaît les réponses généreuses et admirables de ces familles et communautés locales qui, malgré leurs propres difficultés, ont gardé leurs frontières et leurs cœurs ouverts pour accueillir les réfugiés. Ces sociétés devraient recevoir un soutien tangible et rapide de la part de la communauté internationale. En effet, sans la solidarité, il serait impossible d’assurer aux réfugiés « l’exercice le plus large possible de leurs libertés et droits fondamentaux » auxquels ils ont droit.

Cependant, la volonté politique est également nécessaire pour que la responsabilité de protéger soit suffisamment complète pour englober la prévention des tragédies de déplacement forcé. À cet égard, l’accent mis sur le développement est essentiel, mais cela doit aller de pair avec l’aide humanitaire. À cette fin, nous devons garder à l’esprit que les réfugiés ne sont pas des pions sur l’échiquier de l’humanité. « Ce sont des enfants, des femmes et des hommes qui quittent ou qui sont forcés de quitter leur foyer pour diverses raisons, qui partagent un désir légitime de savoir et d’avoir, mais surtout d’être plus » (2).

La protection des droits fondamentaux de tous est la clé de l’évolution de la situation des réfugiés et des personnes déplacées. À ce stade préliminaire, ma délégation voudrait signaler quelques aspects particulièrement préoccupants pour ma délégation, qui semblent avoir été exclus de l’avant-projet, comme l’absence de référence à la dimension spirituelle des réfugiés et au droit à la liberté religieuse et le besoin de faire davantage pour respecter l’unité de la famille, unité naturelle et fondamentale de la société et droit essentiel du réfugié. De plus, bien que nous comprenions que certains éléments tels que la référence au principe de non-refoulement ont été omis car ils sont déjà énoncés dans l’annexe I, il pourrait être important de les décrire de nouveau dans le Programme d’action.

Madame la Modératrice,

Ma délégation se félicite enfin de l’idée d’évaluer périodiquement les progrès et la faisabilité du Pacte mondial à la lumière des développements ultérieurs et des situations futures, que nous ne pouvons pas maintenant envisager.

Nonobstant sa nature juridique non contraignante, ce document a un fort caractère moralement contraignant. Pour ces raisons, ma délégation souhaite proposer l’insertion d’une clause supplémentaire dans la partie introductive, soulignant deux points: 1) premièrement, que les mesures recommandées soient interprétées comme un collectif indivisible et universel au service, et dans le meilleur intérêt, des réfugiés et des demandeurs d’asile, plutôt qu’une simple liste de meilleures pratiques décousues à partir desquelles puiser ici et là, selon les priorités nationales; 2) en second lieu, que la personne humaine demeure, dans tous les cas, sous la protection des principes de l’humanité et des préceptes de la conscience publique.

Merci, Madame la Modératrice.

  1. Pape François, Discours au Forum international sur la migration et la paix, 21 février 2017.
  2. Pape François, Message pour la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, 5 août 2013.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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