« Joseph Ratzinger continue à être un maître … pour tous ceux qui exercent le don de la raison afin de répondre à la vocation humaine de la recherche de la vérité », a affirmé le pape François lors de la septième édition du Prix Ratzinger qu’il a présidée le 18 novembre 2017, au Vatican. Le pape argentin a remis leurs prix aux trois lauréats : le théologien luthérien allemand Theodor Dieter, le théologien et prêtre catholique allemand Karl-Heinz Menke, et le compositeur orthodoxe de musique sacrée estonien Arvo Pärt.
Durant cette rencontre, le pape a adressé « une pensée affectueuse et intense au pape émérite Benoît » : « Sa prière et sa présence discrète et encourageante nous accompagnent sur le chemin commun ; son œuvre et son magistère continuent à être un héritage vivant et précieux pour l’Eglise et pour notre service », a-t-il déclaré.
Après les introductions du p. Federico Lombardi, président de la Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI, et du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le pape François a salué la provenance œcuménique des trois lauréats : « La vérité du Christ n’est pas pour les solistes, c’est une symphonie : elle demande collaboration docile, partage harmonieux. »
Au cours de la cérémonie, l’œuvre “Pater noster”, qu’Arvo Pärt composa à l’occasion du 60e anniversaire de sacerdoce de Benoît XVI, en 2011, a été interprétée par le compositeur, qui a joué sur un piano ayant appartenu au pape émérite, accompagné d’un jeune soliste des « Voci bianche » de l’Académie nationale de Santa Cecilia.
Voici notre traduction intégrale du discours que le pape François a prononcé lors de cette rencontre.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de vous rencontrer à ce rendez-vous annuel de remise des Prix aux illustres personnalités qui m’ont été présentées par la Fondation vaticane Joseph Ratzinger – Benoît XVI et par son Comité scientifique. Je salue d’abord les lauréats, les membres et les amis de la Fondation, et je remercie le cardinal Kurt Koch et le père Lombardi qui nous ont introduits à la signification de cet événement culminant parmi vos activités, finalisées à la promotion de la recherche théologique et de l’engagement culturel animé par la foi et par l’élan de l’âme vers Dieu.
J’adresse avec vous une pensée affectueuse et intense au pape émérite Benoît. Sa prière et sa présence discrète et encourageante nous accompagnent sur le chemin commun ; son œuvre et son magistère continuent à être un héritage vivant et précieux pour l’Eglise et pour notre service. C’est pour cela que j’invite votre Fondation à poursuivre dans l’engagement, à étudier et à approfondir cet héritage, et en même temps à regarder de l’avant, pour en valoriser la fécondité soit par l’exégèse des écrits de Joseph Ratzinger, soit pour continuer – selon son esprit – l’étude et la recherche théologique et culturelle, y compris en entrant dans de nouveaux domaines où la culture actuelle sollicite la foi au dialogue. L’esprit humain a toujours un besoin urgent et vital de ce dialogue : la foi en a besoin, car elle devient abstraite si elle ne s’incarne pas dans le temps ; la raison en a besoin, car elle se déshumanise si elle ne s’élève pas au Transcendant. En effet « la foi et la raison – affirmait saint Jean-Paul II – sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité » (Lett. enc. Fides et ratio, Proemio).
Joseph Ratzinger continue à être un maître et un interlocuteur ami pour tous ceux qui exercent le don de la raison afin de répondre à la vocation humaine de la recherche de la vérité. Quand le bienheureux Paul VI l’appela à assumer la responsabilité d’archevêque de Munich, il choisit comme devise “Cooperatores veritatis”, “Collaborateurs de la vérité”, tirée de la troisième lettre de Jean (v. 8). Elle exprime bien tout le sens de son œuvre et de son ministère. Cette devise ressort des diplômes des Prix que j’ai remis, pour signifier que les lauréats aussi ont dédié leur vie à la très haute mission de servir la vérité, à la diaconie de la vérité.
Je me réjouis que les illustres personnalités décorées du Prix aujourd’hui proviennent de trois confessions chrétiennes, parmi lesquelles aussi la confession luthérienne, avec laquelle cette année nous avons vécu des moments particulièrement importants de rencontre et de chemin commun. La vérité du Christ n’est pas pour les solistes, c’est une symphonie : elle demande collaboration docile, partage harmonieux. La rechercher, l’étudier, la contempler et la mettre en pratique ensemble, dans la charité, nous attire avec force vers la pleine union entre nous : la vérité devient ainsi une source vive de liens d’amour toujours plus étroits.
J’ai accueilli avec joie l’idée d’élargir l’horizon du Prix pour y inclure aussi les arts, en plus de la théologie et des sciences qui sont lui naturellement connectées. C’est un élargissement qui correspond bien à la vision de Benoît XVI, qui si souvent nous a parlé de façon touchante de la beauté comme chemin privilégié pour nous ouvrir à la transcendance et rencontrer Dieu. En particulier, nous avons admiré sa sensibilité musicale et son exercice personnel de cet art comme chemin pour la sérénité et pour l’élévation de l’esprit.
Mes félicitations, donc, aux illustres lauréats : au professeur Theodor Dieter, au professeur Karl-Heinz Menke et au Maître Arvo Pärt ; et mon encouragement à votre Fondation et à tous ses amis, pour que l’on continue à parcourir de nouvelles voies toujours plus larges pour collaborer dans la recherche, dans le dialogue et dans la connaissance de la vérité. Une vérité qui, comme le pape Benoît ne s’est pas lassé de nous le rappeler, est à la fois, en Dieu, logos et agape, sagesse et amour, incarnés dans la personne de Jésus.
Traduction de Zenit, Anne Kurian
Remise du Prix Ratzinger © L'Osservatore Romano
Prix Ratzinger: Benoît XVI, un "maître" dans la recherche de la vérité
Discours du pape François (Traduction intégrale)