Cimetière américain de Nettuno © L'Osservatore Romano

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Guerres: "pas davantage", supplie le pape

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Commémoraison des défunts au cimetière américain de Nettuno

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Le pape François a fustigé cette humanité qui « ne veut pas apprendre » du drame des guerres et qui s’apprête à rentrer encore plus en guerre. « Assez », a-t-il supplié depuis le cimetière américain de Nettuno, près d’Anzio, le 2 novembre 2017, pour la commémoration des fidèles défunts.
Situé à quelque 66 km au sud de Rome, Anzio est le lieu du débarquement allié, en janvier 1944. Le pape y a célébré la messe « pour toutes les victimes des guerres », vers 15h15, en présence de quelque 5000 personnes.
Au début de son homélie, le pape a encouragé chacun à répéter les paroles de Job « dans son cœur » : « Mais je sais, moi, que mon rédempteur est vivant, que, le dernier, il se lèvera sur la poussière » (Jb 19,25). « L’espérance de rencontrer Dieu, de nous rencontrer tous, comme frères, cette espérance ne déçoit pas », a-t-il affirmé.
« Mais l’espérance, a-t-il déploré, naît si souvent et s’enracine dans de nombreuses plaies humaines ; de nombreuses souffrances humaines… et ces moments de douleurs, de plaie, de souffrances, nous font regarder le Ciel et dire : ‘Je crois que mon rédempteur est vivant, mais arrête, Seigneur.’ »
« C’est la prière qui sort peut-être de nous tous, quand nous regardons ce cimetière, a poursuivi le pape : ‘Je suis sûr Seigneur qu’ils sont avec toi, j’en suis sûr – nous disons cela – mais s’il-te-plaît, Seigneur, arrête. Pas davantage… plus jamais la guerre, plus jamais de ces boucheries inutiles… Il est mieux d’espérer sans ces destructions : (ces) jeunes, des milliers, des milliers, des milliers… (ces) espérances brisées… assez, Seigneur. »
La guerre, c’est l’autodestruction
« Aujourd’hui que le monde est encore une fois en guerre et se prépare pour être encore plus en guerre… pas davantage, Seigneur, assez. Avec la guerre, on perd tout », a prévenu le pape avec gravité. Et de citer une grand-mère disant devant les ruines d’Hiroshima : « ‘Les hommes font tout pour déclarer et faire la guerre et à la fin se détruisent eux-mêmes’. C’est cela la guerre, c’est l’autodestruction. »
« Si aujourd’hui est un jour d’espérance, aujourd’hui est aussi un jour de larmes », a souligné le pape François, évoquant les larmes des femmes lorsqu’arrivait le courrier annonçant une nouvelle victime des champs de bataille : « Madame, soyez honorée que votre mari ait été un héros de la patrie, que vos fils soient héros de la patrie. »
« Ce sont des larmes qu’aujourd’hui l’humanité ne doit pas oublier », a-t-il insisté en fustigeant l’« orgueil de cette humanité qui n’a pas appris la leçon et semble ne pas vouloir l’apprendre ».
« Si souvent dans l’histoire, a encore fait observer le pape, lorsque les hommes pensent faire une guerre, ils sont convaincus d’apporter un monde nouveau, ils sont convaincus de faire un printemps… et cela se termine par l’hiver, mauvais, cruel, le règne de la terreur, de la mort… C’est le fruit de la guerre : la mort. »
Pour conclure, il a invité à prier spécialement « pour ces jeunes, au moment où tant meurent dans les batailles de tous les jours, dans cette guerre en morceaux. Prions aussi pour… les enfants innocents… Et que le Seigneur nous donne la grâce de pleurer ».
A son arrivée au cimetière où sont enterrés 7861 hommes et femmes, le pape a déposé des roses blanches sur quelques tombes, parmi lesquelles celles d’un soldat inconnu, d’un italo-américain et d’un juif. Après la célébration, il devait se rendre aux « Fosses Ardeatine » pour s’y recueillir.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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