La communauté internationale doit soutenir les pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés, demande Mgr Jurkovic: mais cela ne signifie pas « “sous-traiter” la responsabilité de la protection à certains pays » proches des régions instables. Il faut une « véritable coopération et solidarité internationale », estime-t-il.
Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, est intervenu lors de la deuxième discussion thématique sur un Pacte mondial sur les réfugiés, intitulée « Comment pouvons-nous aider les États à accueillir un grand nombre de réfugiés de manière sûre et digne ? », le 17 octobre 2017, à Genève.
Pour Mgr Jurkovic, il s’agit d’ « élargir l’espace pour l’asile, pour éviter que les couloirs humanitaires ne durent trop longtemps et pour que les familles soient regroupées », de promouvoir des « alternatives à la détention », d’ « adopter des politiques et des pratiques qui garantissent la liberté religieuse » et de « sensibiliser l’opinion publique aux causes politiques sous-jacentes et à la recherche de solutions pacifiques et de coexistence ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Jurkovic donnée en anglais.
HG
Déclaration du représentant du Saint-Siège
Monsieur le Modérateur,
Les réactions généreuses et admirables des pays qui, malgré leurs difficultés, ont gardé leurs frontières et leurs cœurs ouverts à l’accueil des réfugiés, devraient recevoir un soutien tangible et rapide de la part de la communauté internationale. En effet, sans cette solidarité, il serait impossible d’assurer « l’exercice le plus large possible de leurs libertés et droits fondamentaux » auxquels ils ont droit (1).
La Convention de 1951 stipule clairement que les réfugiés sont une responsabilité commune de la communauté internationale. En conséquence, la communauté internationale doit assumer collectivement la responsabilité d’aider les réfugiés. Ainsi, dans la distribution des ressources financières pour le développement par les institutions internationales, une attention particulière devrait être accordée aux pays accueillant les réfugiés, aux projets bénéficiant aux réfugiés mais aussi « récompensant » la générosité des familles et des communautés locales. Après tout, ce sont des « investissements » dans l’humanité et la paix pour le bien commun.
En même temps, tout en assurant une meilleure préparation aux grands mouvements de réfugiés, cela ne devrait pas servir de prétexte pour « sous-traiter » la responsabilité de la protection à certains pays, simplement en raison de leur proximité géographique avec des zones instables. Cela ne devrait pas non plus être une justification du « confinement » de la circulation des réfugiés, mais devrait vraiment être l’expression d’une véritable coopération et solidarité internationale.
Monsieur le Modérateur,
Comme le rappelle le pape François, « défendre les droits inaliénables des réfugiés, garantir leurs libertés fondamentales et respecter leur dignité sont des devoirs dont personne ne peut être exempté » (2).
Un accueil responsable et digne des réfugiés « commence par leur offrir un logement décent et approprié. L’énorme rassemblement des demandeurs d’asile et des réfugiés n’a pas donné de résultats positifs. Au lieu de cela, ces rassemblements ont créé de nouvelles situations de vulnérabilité et de difficultés ». (3)
Permettre aux États de recevoir un grand nombre de réfugiés de manière sûre et digne, c’est élargir l’espace pour l’asile, pour éviter que les couloirs humanitaires ne durent trop longtemps, pour que les familles soient regroupées, pour la réinstallation et d’autres solutions durables ; cela implique également la promotion d’alternatives à la détention ; adopter des politiques et des pratiques qui garantissent la liberté religieuse ; sensibiliser l’opinion publique aux causes politiques sous-jacentes et à la recherche de solutions pacifiques et de coexistence (4).
Cela signifie également développer des partenariats et des synergies efficaces pour aider à fournir des services médicaux, éducatifs et sociaux à l’arrivée. À cet égard, il est important d’inclure la société civile, les institutions religieuses et les communautés confessionnelles, car elles peuvent répondre facilement aux arrivées et fournissent souvent des secours d’urgence.
En somme, comme l’a déclaré le premier haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, le Dr Gerrit Jan van Heuven Goedhart : « L’essentiel est de trouver un petit endroit qui ne soit pas seulement un toit au-dessus de la tête, pas seulement un lieu où vivre. C’est […] une série d’éléments qui ensemble constituent l’indépendance de l’homme et donc sa liberté et sa dignité » (5).
Je vous remercie, Monsieur le Modérateur.
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NOTES
1. Cf. Préambule de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.
2. Discours du pape François au Forum international sur la migration et la paix, 21 février 2017.
3. Discours du pape François, ibid.
4. Répondre aux réfugiés et aux migrants : Vingt points d’action, Section des migrants et des réfugiés, Dicastère du Saint-Siège pour la promotion du développement humain intégral.
5. Discours de M. Gerrit Jan van Heuven Goedhart, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Oslo, 12 décembre 1955.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat