Il faut « faire respecter les instruments juridiques adoptés qui peuvent contribuer de manière importante à la cause des pêcheurs exploités dans la pêche », a demandé l’Observateur du Saint-Siège à la FAO. Il a aussi exprimé la préoccupation du Saint-Siège pour l’environnement.
Mgr Fernando Chica Arellano est en effet intervenu, le 3 octobre 2017, à Vigo (Espagne) au Congrès international sur les changements climatiques et la pêche (3-5 octobre 2017), organisé à l’initiative des organismes des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, IFAD, PAM) et du Conxemar, l’association espagnole de grossistes, importateurs, transformateurs et exportateurs de produits de la pêche et de l’aquaculture.
Il s’agissait en particulier de la session consacrée au thème du travail digne dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture. Un thème qui a fait l’objet d’une réunion, en novembre dernier, au siège de la FAO, à Rome, pour la Journée mondiale de la pêche 2016 : le cardinal secrétaire d’État, Pietro Parolin, y est intervenu.
« Le développement économique et les bénéfices liés au secteur ne peuvent compromettre la sauvegarde de l’environnement », a fait observer le représentant du Saint-Siège.
La pêche et l’aquaculture sont « essentielles pour la prospérité économique de nombreuses régions et en particulier pour les communautés côtières dans beaucoup de pays en voie de développement », a-t-il rappelé.
Mgr Chica a condamné fermement les abus : « La dignité et le caractère central de l’homme, exprimés à travers le travail, ne sont souvent pas reconnus ou sont violés et de nombreuses personnes sont contraintes à vivre dans des “périphéries existentielles” d’où il est très difficile de partir. Ceci est vrai dans de nombreux secteurs économiques et sociaux, mais c’est particulièrement vrai dans certaines parties du secteur de la pêche où l’on rencontre de graves violations des droits humains des pêcheurs. »
L’observateur permanent a rappelé l’attitude constante du Saint-Siège, sans mâcher ses mots, contre la « traite » : « Le Saint-Siège a fait entendre sa voix en défense des pêcheurs qui, malheureusement, sont victimes de la traite, du trafic et du travail forcé. »
Mgr Chica Arellano a aussi rappelé ce que signifie, pour la communauté internationale, un « travail digne » : « La communauté internationale accorde une attention particulière à la notion de travail digne, mais ce concept est souvent analysé uniquement dans sa dimension objective, en référence au développement et à l’application de normes relatives à la sécurité, à la rétribution, à la santé et à d’autres garanties similaires, alors que parler d’un travail digne signifie reconnaître surtout le caractère central et la dignité de la personne humaine. »
Il cite les statistiques : la pêche et l’aquaculture fournissent du travail, au niveau mondial, à environ 57 millions de personnes, dont 19% de femmes, auxquels s’ajoutent les employés de la chaîne de production, soit en tout presque 200 millions de travailleurs.
Des chiffres qu’il traduit en termes : la pêche et l’aquaculture sont « essentielles pour la prospérité économique de nombreuses régions et en particulier pour les communautés côtières dans beaucoup de pays en voie de développement, où les activités liées à la pêche artisanale sont effectuées par des femmes dans cinquante pour cent des cas ».
L’envoyé du Saint-Siège recommande donc « d’offrir un soutien aux pêcheurs exploités et privés de leur dignité pour faciliter leur réhabilitation et réinsertion », mais aussi d’« assurer le respect par les États et les gouvernements des normes internationales en vigueur en matière de pêche et plus spécifiquement sur le travail dans le secteur de la pêche », et de « mener la lutte contre la traite des êtres humains, y compris par des mesures coercitives, pour faire respecter les droits humains fondamentaux ».
Mais il cite aussi les rapports de la FAO : « Cette discussion n’est pas complète, déclare Mgr Chica Arellano, si l’on ne se rappelle pas de la dénonciation contenue dans certains rapports de la FAO : au niveau mondial, un tiers du poisson est pêché sans tenir compte du respect des temps nécessaires pour garantir sa reproduction à des niveaux biologiquement durables ». Il tranche: « Cette razzia doit être interrompue ».
Quant à la question de la préservation de la Création, il ajoute : « Le développement économique et les bénéfices liés au secteur ne peuvent compromettre la sauvegarde de l’environnement et que l’on ne peut oublier les exigences des prochaines générations ». Pour le Saint-Siège, et la référence à l’encyclique Laudato si’ est implicite, le travail de l’homme ne doit pas causer de graves dommages à l’environnement : il est « nécessaire de comprendre la profonde connexion entre environnement humain et environnement naturel ».
Mgr Chica Arellano rappelle qu’en 2007, l’Organisation internationale du travail (OIT) a adopté la convention sur le travail dans le secteur de la pêche (n. 188) qui « offre une série de garanties en faveur des pêcheurs en ce qui concerne, par exemple, l’âge minimum du travailleur, les soins médicaux ou les périodes de repos réguliers, la présence d’eau et de nourriture suffisants sur le lieu de travail, l’hygiène et l’habitabilité du logement ».
Et, à ce propos, il indique une direction: « Il s’agit de fournir des informations précises sur le recrutement des travailleurs et la conclusion du contrat de travail afin d’éviter les abus ».
En général, il s’agit de « faire respecter les instruments juridiques adoptés qui peuvent contribuer de manière importante à la cause des pêcheurs exploités dans la pêche », conclut le Saint-Siège.
Vague sur l'océan, Wikimedia commons, Jon Sullivan, domaine public
Le Saint-Siège défend la cause des pêcheurs exploités
Intervention de Mgr Chica à Vigo