Mgr Bernardito Auza, capture

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Amérique : le trafic de drogue, principal moteur de la migration forcée

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Déclaration de Mgr Auza à l’Organisation des États américains

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Dans de nombreuses régions du continent américain, le « trafic de drogue » est devenu « le principal moteur de la migration forcée », a affirmé Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des États américains.
Le nonce apostolique est intervenu dans la discussion ouverte sur la migration, lors de la 47e session plénière annuelle de l’Organisation des États américains, à Cancun, au Mexique, le 21 juin 2017. Face aux situations d’exclusion sociale et économique qui font de la migration « une nécessité plutôt qu’un choix », il a exhorté à « répondre aux besoins de base de nos frères et sœurs » et à « assurer leur paix et leur sécurité chez eux ».
Mgr Auza a aussi plaidé pour les enfants non accompagnés, demandant d’aborder le problème « à sa source ». Relayant l’appel du pape François, il a invité les gouvernements et les citoyens des pays de transit et de destination à prendre des mesures pour « garantir la sécurité et le bien-être global des enfants migrants non accompagnés ou séparés ».
Il a enfin demandé que « le droit de rester avant le droit d’émigrer soit inscrit dans le Pacte mondial pour les migrations ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza, donnée en anglais.
CR
Intervention de Mgr Bernardito Auza
Monsieur le Président,
Dès le début, le Saint-Siège exprime sa reconnaissance au Mexique pour le rôle de premier plan qu’il a joué et continue de jouer dans les phases préparatoires d’un Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière. Nous souhaitons que le Mexique réussisse car il accueille la phase d’inventaire en décembre 2017, menant aux négociations intergouvernementales qui se dérouleront à New York de février à juillet 2018.
Bien que la question de la migration concerne tout le monde, elle est surtout au cœur des angoisses de nombreux États membres de cette organisation. Le pape François partage profondément ces préoccupations. Il a fait du bien-être des migrants et des réfugiés une priorité déterminante de son ministère pastoral.
L’Agenda pour le développement durable de 2030 appelle à une « migration ordonnée, sûre, régulière et responsable et à la mobilité des personnes, y compris par la mise en œuvre de politiques de migration planifiées et bien gérées » (ODD 10.7).
Un tel résultat nécessite une analyse ainsi que la délimitation et la réalisation effective de stratégies pratiques pour faire face aux facteurs de la migration forcée. Le pape François a exhorté tous les dirigeants gouvernementaux à prendre des mesures immédiates, efficaces, pratiques et concrètes pour s’attaquer aux causes des migrations forcées. En particulier, des solutions durables doivent être mises en œuvre pour arrêter les guerres et les conflits, ainsi que les situations locales violentes souvent provoquées par le trafic de drogue dans de nombreuses régions de ce continent, qui est devenu le principal moteur de la migration forcée, des flux de réfugiés et des déplacements internes massifs de population. L’exclusion sociale et économique est un autre facteur majeur de la migration forcée, car l’extrême pauvreté et l’absence de services publics de base sont à l’origine de l’instabilité mondiale, faisant de la migration une nécessité plutôt qu’un choix. C’est pourquoi notre premier travail, et le plus fondamental, doit être de répondre aux besoins de base de nos frères et sœurs et d’assurer leur paix et leur sécurité chez eux.
Ma délégation souhaite soumettre la grave préoccupation du pape François pour les enfants migrants non accompagnés ou ceux qui sont séparés de leurs parents. La question des enfants migrants doit être abordée à sa source. Cela nécessite, en premier lieu, l’engagement à éliminer toutes les formes de violence qui obligent les gens à fuir ou à envoyer leurs enfants en avant en espérant qu’ils trouveront la sécurité, et finalement une vie meilleure. Des perspectives à long terme sont requises, susceptibles d’offrir des remèdes adéquats pour les zones frappées par les pires injustices, les catastrophesnaturelles et l’instabilité politique, afin que l’accès à un développement authentique puisse être garanti pour tous. Le pape François appelle les gouvernements et les citoyens des pays de transit et de destination à fournir des programmes, des services et des mesures de protection qui pourraient garantir la sécurité et le bien-être global des enfants migrants non accompagnés ou séparés.
Une autre préoccupation prioritaire pour le Saint-Siège est le droit de tous de rester dans leur pays dans la paix et la sécurité économique. Si les conditions d’une vie décente étaient satisfaites et que les moteurs de la migration étaient adéquatement abordés, les gens ne se sentiraient pas forcés de quitter leur foyer. Le Saint-Siège encourage donc les membres de cette Organisation à veiller à ce que le droit de rester avant le droit d’émigrer soit inscrit dans le Pacte mondial pour les migrations. Cela ne signifie pas qu’un droit soit plus important que l’autre, mais qu’en assurant ce droit antérieur de rester, les migrations deviendront volontaires, régulières et sûres, et par conséquent plus faciles à gérer et durables.
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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