« En cette semaine sainte, … en pensant à la Syrie, il faudrait un cri de l’humanité qui brise l’indifférence de ceux qui ont le pouvoir et l’influence dans cette région », a affirmé le cardinal Leonardo Sandri.
Dans une interview à L’Osservatore Romano en italien daté du 12 avril 2017, le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales a également parlé de la situation en Irak, de la récente réouverture de l’édicule du Saint-Sépulcre et de la collecte du Vendredi saint au bénéfice de la Terre Sainte.
« Nous souffrons énormément pour toutes les nouvelles qui arrivent » de la Syrie qui vit « une situation de peur et de violence », a dit le cardinal.
« Le pape prononce continuellement des paroles très fortes en faveur de la paix, a-t-il rappelé, pour défendre ceux qui souffrent et ceux qui sont moins protégés dans cette situation. »
« Devant des bombardements ou des explosions qui ont apporté la mort de tant d’enfants et de civils, vraiment nous ne savons plus que faire ni que dire », a-t-il poursuivi. Et d’appeler de ses vœux un effort de tous pour changer la situation.
La responsabilité de celui qui soutient la guerre
En ce qui concerne l’Irak, le cardinal a rappelé que « la grande bataille pour la libération de Mossoul est en cours, avec des morts quotidiens, des centaines de milliers de civils encore piégés dans certains quartiers aux mains du soi-disant État islamique, et d’innombrables déplacés ». « Les évêques, y compris les évêques syro-catholiques et chaldéens, a-t-il dit, ont visité les zones libérées de Mossoul et ont vu les profanations et les abus commis : des actes contre la foi chrétienne et, plus généralement, contre l’humanité. »
Le préfet a aussi parlé de « l’importance d’un équilibre juste qui doit être maintenu entre les composantes chiites, sunnites et kurdes » et a rappelé « que la nonciature se trouve dans la partie chiite de la capitale ».
Le cardinal a affirmé que celui « qui a soutenu indirectement ou directement la guerre, y compris à travers des alliances de pouvoir basées sur le commerce du pétrole et sur le trafic d’armes, au détriment de la dignité des personnes et des peuples, devra en répondre un jour devant Dieu et devant la communauté internationale, sans les voiles de fausses hypocrisies ».
La valeur mondiale du Saint-Sépulcre
En parlant de la récente réouverture de l’édicule du Saint-Sépulcre, en Terre Sainte, le cardinal Sandri a affirmé que « la valeur mondiale de ce lieu » « dépasse les frontières des États et des intérêts de partie, comme nous le rappellent les saints dessinés sur les colonnes en attente de restauration, qui vont de Olaf de Norvège à Blaise et à tant d’autres saints des différents peuples et nations ».
Plusieurs communautés chrétiennes ont participé à cette « consolidation structurelle de l’édicule », a-t-il noté, soulignant que « la prière œcuménique faite par le pape François en mai 2014 s’est comme perpétuée » à travers ce travail commun.
« Ce signe d’unité veut maintenant continuer, a dit le cardinal, à travers un nouvel accord qui prévoit la restauration du pavement et de la zone qui l’entoure… Celle de la basilique de la Nativité de Bethléem, où Jésus est né, est aussi en cours. »
Vendredi Saint pour la Terre Sainte
Le cardinal Sandri a également expliqué à qui étaient destinés les fonds de la collecte du Vendredi saint au bénéfice de la Terre Sainte : « Par disposition pontificale, a-t-il dit, la collecte est répartie entre la Custodie de Terre Sainte, qui en reçoit 65 %, et la Congrégation pour les Églises orientales, à qui vont les 35 % restants. »
« Dans les deux cas », a-t-il précisé, l’argent est destiné « au maintien des sanctuaires, aux lieux séculaires de pèlerinage et de célébration », « à la formation et à la vie des prêtres et séminaristes, aux œuvres sociales », « sans oublier l’effort éducatif extraordinaire consenti quotidiennement et parfois de manière vraiment héroïque par les écoles catholiques ».
Il a cité l’exemple de l’université de Bethléem, « qui compte 70 % d’étudiants musulmans » : « c’est vraiment un lieu de rencontre, de croissance et de préparation qualifiée : nous lui versons chaque année un million deux cent mille dollars », a dit le cardinal.
Il a parlé aussi de « l’université de Madaba, en Jordanie, qui a vu augmenter chaque année le nombre de ses élèves et qui a besoin de solder ses dettes passées pour reprendre avec un élan confiant le chemin de l’avenir ».
En concluant, le préfet a invité les donateurs à la « générosité ». « Ces dernières années, a-t-il dit, des récoltes extraordinaires ont été activées pour les urgences », mais « quand les urgences seront terminées, nous devrons continuer à aider au quotidien ».
Avec une traduction de Constance Roques
Cardinal Leonardo Sandri, Capture Salt&LightTV
Syrie: briser "l’indifférence de ceux qui ont le pouvoir", par le card. Sandri
Entretien à L’Osservatore Romano