Rencontre dans la cathédrale de Milan, 25 mars 2017, capture CTV

Rencontre dans la cathédrale de Milan, 25 mars 2017, capture CTV

Milan: le diacre permanent, «gardien du service dans l'Eglise»

Une vocation familiale

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Les diacres permanents sont « le sacrement du service de Dieu et des frères », et ils rappellent au Peuple de Dieu cette dimension essentielle du baptême qu’est le service, le diacre est « le gardien du service dans l’Eglise ». Et c’est une vocation « familiale ».
Le pape François a ainsi apporté des indications décisives sur le charisme et la mission des diacres permanents dans l’Eglise en répondant à la question d’un diacre permanent marié, Roberto, en la cathédrale de Milan, ce samedi 25 mars 2017, à l’occasion de la rencontre avec les prêtres, les diacres et les consacrés du plus grand diocèse d’Europe où le pape passe dix heures, à commencer par les familles d’un quartier populaire, les « Maisons Blanches », et en tant que « prêtre au service du peuple ».
Le pape a démonté les idées reçues d’un diacre « demi-prêtre » ou « demi-laïc », pour revenir à l’identité propre du diacre, dès l’institution du diaconat dans l’Eglise primitive comme le rapportent les Actes des Apôtres. Il a au passage rappelé que les évêques justement confient des tâches aux diacres pour être libres pour la prière, leur première mission. Il a par ailleurs réfuté l’image d’un diacre qui serait un « intermédiaire » entre le peuple de Dieu et ses pasteurs.
Surtout, le pape a donné cette définition originale du diacre comme « sacrement du service de Dieu et des frères ». La vocation du diacre est ainsi de rappeler que le service est au cœur de la vocation de tout baptisé, et comme antidote à une société du « cela m’est utile », cela me « sert ». « Il semble qu’aujourd’hui, a constaté le pape, tout doive « nous servir », comme si tout avait pour fin l’individu : la prière « me sert », la communauté « me sert », la charité « me sert ». » Pour le pape, l’identité et la mission du diacre est à l’opposé : « Vous, vous êtes le don que l’Esprit nous fait pour voir que le juste chemin va en sens contraire : dans la prière, je sers, dans la communauté, je sers, par la solidarité, je sers Dieu et mon prochain. »
« Le diaconat est une vocation spécifique, une vocation familiale qui rappelle le service comme un des dons caractéristiques du Peuple de Dieu. Le diacre est, pour ainsi dire, le gardien du service dans l’Eglise. Le service de la Parole, le service de l’autel, le service des pauvres », a insisté le pape qui a mis en garde notamment contre le « cléricalisme ».
Le pape a aussi souligné le lien entre service de l’autel et service caritatif, l’un conduisant « toujours » à l’autre.
Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’allocution du pape François, avec les ajouts faits d’abondance du cœur, notamment, ce qui a fait sourire l’assemblée, la mention des « belles-mères » à propos des « tensions » qui se vivent en famille.
Après avoir rendu visite à des familles d’un quartier populaire de la ville, le pape est arrivé à la cathédrale de Milan accompagné de l’archevêque, le cardinal Angelo Scola. Il est tout d’abord allé se recueillir auprès du Saint-Sacrement et sur le tombeau de saint Charles Borromée (1538-1584). Il a ensuite salué des représentants d’autres confessions présents à la rencontre.
Le pape a répondu aux questions d’un prêtre, d’un diacre et d’une religieuse, au nom de tous les consacrés du diocèse. Il a ensuite prié l’angélus avec la foule rassemblée sur le parvis de la cathédrale, puis il s’est rendu à la prison de San Vitore, pour le déjeuner avec des détenus, et un temps de repos. Il devait ensuite présider la messe de l’Annonciation et rencontrer les jeunes.
AB
Allocution du pape François         
Merci. Vous, les diacres, vous avez beaucoup à donner. Pensons à la valeur du discernement. A l’intérieur du presbytérium, vous pouvez être une voix autorisée pour montrer la tension qu’il y a entre le devoir et le vouloir, les tensions qui se vivent à l’intérieur de la vie familiale – vous avez une belle-mère, pour prendre n exemple! -Et aussi les bénédictions qui se vivent dans la vie familiale.
Mais nous devons être attentifs à ne pas voir dans les diacres des demi-prêtres ou des demi-laïcs. C’est un danger. A la fin, ils ne sont ni ici ni là. Non, on ne doit pas faire cela, c’ets un danger. Les regarder comme cela nous fait du mal et leur fait du mal. Cette façon de les considérer retire sa force au charisme propre du diaconat. Et ce charisme est dans la vie de l’Eglise. Et l’image du diacre comme une espèce d’intermédiaire entre les fidèles et les pasteurs ne va pas bien non plus. Ni à mi-chemin entre les prêtres et les laïcs, ni à mi-chemin entre les pasteurs et les fidèles. Et il y a deux tentations. Il y a le danger du cléricalisme. Je vois parfois quelqu’un qui assiste à la liturgie: il semble quasi vouloir prendre la place du prêtre. Le cléricalisme, gardez-vous du cléricalisme. Et l’autre tentation, c’est le « fonctionnarisme »: c’est une aide qu’à le prêtre pour ceci ou cela..; c’est un garçon qui accomplit certaines tâches et pas pour d’autres choses… Non. Vous avez un charisme clair dans l’Eglise vous devez le construire.
Le diaconat est une vocation spécifique, une vocation familiale qui rappelle le service. J’aime tellement lorsque (dans les Actes des Apôtres) les premiers chrétiens sont allés trouver les apôtres pour se lamenter parce que leurs veuves et leurs orphelins n’étaient pas bien assistés et ils ont fait cette réunion, ce « synode » entre les apôtres et les disciples, et ils ont « inventé » les diacres pour servir. Et c’est très intéressant pour nous aussi, les évêques, parce que c’étaient tous des évêques ceux qui ont « fait » les diacres. Et qu’est-ce que cela nous dit? Que les diacres sont des serviteurs. Puis ils ont compris que dans ce cas, c’était d’assister les veuves et les orphelins, mais servir. Et à nous, les évêques: la prière et l’annonce de la Parole. Et cela nous fait voir quel est le charisme le plus important d’un évêque: prier. Quel est le devoir d’un évêque, sa première tâche? La prière. Second devoir: annoncer la Parole. Mais on voit bien la différence. Et à vous (diacres): le service. Cette parole est la clef pour comprendre votre charisme.
Le service est comme un des dons caractéristiques du Peuple de Dieu. Le diacre est, pour ainsi dire, le gardien du service dans l’Eglise. Chaque mot doit bien être pesé. Vous êtes les gardiens du service dans l’Eglise: le service de la Parole, le service de l’autel, le service des pauvres.
Et votre mission, la mission du diacre, et sa contribution consistent en cela : nous rappeler à tous que la foi, dans ses différentes expressions – la liturgie communautaire, la prière personnelle, les différentes formes de la charité –  et dans ses différents états de vie – laïc, clérical, familial – possède une dimension essentielle de service. Le service de Dieu et des frères. Et combien de chemin il y a à faire dans ce sens! Vous êtes les gardiens du service dans l’Eglise.
La valeur des charismes dans l’Eglise consiste en ceci qu’ils sont un rappel et un don pour aider tout le peuple de Dieu à ne pas perdre la perspective et les richesses de l’agir de Dieu.
Vous n’êtes pas des demi-prêtres ni des demi-laïcs – ce serait « fonctionnariser » le diaconat -, vous êtes le sacrement du service de Dieu et des frères. Et de cette parole « service » découle tout le développement de votre travail, de votre vocation, de votre être dans l’Eglise. Une vocation qui, comme toutes les vocations, n’est pas seulement individuelle mais vécue à l’intérieur de la famille et avec la famille ; à l’intérieur du Peuple de Dieu et avec le Peuple de Dieu.
Pour résumer :
-il n’y a pas de service à l’autel, il n’y a pas de liturgie qui ne s’ouvre au service des pauvres et il n’y a pas de service des pauvres qui ne conduise à la liturgie ;
-il n’y a pas de vocation ecclésiale qui ne soit familiale.
Cela nous aide à réévaluer le diaconat comme vocation ecclésiale.
Enfin, il semble qu’aujourd’hui tout doive « nous servir », comme si tout avait pour fin l’individu : la prière « me sert », la communauté « me sert », la charité « me sert ». Vous, vous êtes le don que l’Esprit nous fait pour voir que le juste chemin va en sens contraire : dans la prière, je sers, dans la communauté, je sers, par la solidarité, je sers Dieu et mon prochain.
Et que Dieu vous donen la grâce de grandir dans ce charisme de garder le service dans l’Eglise. Merci de ce que vous faites.
Traduction de ZENIT

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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