Musique sacrée © ZENIT

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La musique sacrée et la théophanie des célébrations liturgiques (traduction complète)

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50 ans de Musicam sacram, congrès international

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La musique sacrée a pour  mission d’« incarner » et de « traduire la Parole de Dieu en chants, en sons, en harmonies », explique le pape François qui invite à une bonne formation des prêtres dans ce domaine. Il déplore « une certaine médiocrité, superficialité et banalité » qui a pu se développer dans la musique liturgique.
« Avant tout, dit-il, il s’agit de participer intensément au Mystère de Dieu, à la ‘théophanie’ qui s’accomplit dans toutes les célébrations eucharistiques. »
Le pape s’est exprimé ainsi en recevant au Vatican, samedi 4 mars 2017, les participants du congrès international sur la musique sacrée, organisé pour le 50e anniversaire de l’instruction Musicam sacram, de 1967, par le Conseil pontifical pour la culture et par la Congrégation pour l’éducation catholique, en collaboration avec l’Institut pontifical de musique sacrée et l’Institut pontifical liturgique de Saint-Anselme. Une rencontre à la fois interdisciplinaire et œcuménique, pour approfondir le rapport existant entre la musique sacrée et la culture contemporaine, le répertoire musical de la communauté chrétienne et les tendances musicales.
Voici notre traduction intégrale, de l’italien, de l’allocution du pape François.
 AB
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de tous vous rencontrer, réunis à Rome de différents pays afin de participer au congrès sur « Musique et Église : culte et culture 50 ans après Musicam Sacram » ; organisé par le Conseil pontifical pour la culture et par la Congrégation pour l’éducation catholique, en collaboration avec l’Institut pontifical de musique sacrée et l’Institut pontifical liturgique de l’Athénée Saint-Anselme. Je vous salue tous cordialement, à commencer par le cardinal Gianfranco Ravasi, que je remercie de son introduction. J’espère que l’expérience de rencontre et de dialogue vécus pendant ces journées, dans la réflexion commune sur la musique sacrée et particulièrement sur ses aspects culturels et artistiques, se révèle fructueuse pour les communautés ecclésiales.
Un demi-siècle après l’Instruction Musicam Sacram, le congrès a voulu approfondir, dans une optique interdisciplinaire et œcuménique, le rapport actuel entre la musique sacrée et la culture contemporaine, entre le répertoire musical adapté et utilisé par la communauté chrétienne et les tendances musicales dominantes. La réflexion sur la formation esthétique et musicale du clergé comme des religieux et des laïcs engagés dans la vie pastorale et plus directement dans les scholae cantorum, a été d’un particulièrement importante.
Le premier document émanent du Concile Vatican II fut justement la Constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium. Les Pères conciliaires percevaient bien la difficulté des fidèles à participer à une liturgie dont ils ne comprenaient plus pleinement le langage, les paroles ni les signes. Afin de concrétiser les lignes fondamentales tracées par la Constitution, des Instructions ont été publiées, parmi lesquelles, justement, celle sur la musique sacrée. Depuis lors, bien que de nouveaux documents du Magistère n’aient pas été produits sur ce sujet, il y a eu diverses interventions pontificales significatives qui ont orienté les réflexions et l’engagement pastoral.
L’introduction de l’Instruction mentionnée est toujours d’une grande actualité : « L’action liturgique revêt une forme plus noble lorsqu’elle est accomplie avec chant, que chaque ministre y remplit la fonction propre à son rang et que le peuple y participe. Sous cette forme, en effet, la prière s’exprime de façon plus pénétrante; le mystère de la liturgie, avec ses caractères hiérarchique et communautaire, est plus ouvertement manifesté ; l’unité des cœurs est plus profondément atteinte par l’union des voix ; les esprits s’élèvent plus facilement de la beauté des choses saintes jusqu’aux réalités invisibles ; enfin la célébration tout entière préfigure plus clairement la liturgie céleste qui s’accomplit dans la nouvelle Jérusalem. » (n. 5).
En suivant les indications conciliaires, le Document met plusieurs fois en évidence l’importance de la participation de toute l’assemblée des fidèles, définie comme « pleine, consciente et active », et souligne aussi très clairement que la « la véritable solennité d’une action liturgique dépend moins d’une forme recherchée de chant ou d’un déploiement magnifique de cérémonies que de cette célébration digne et religieuse » (n. 11). Donc, avant tout il s’agit de participer intensément au Mystère de Dieu, à la « théophanie » qui s’accomplit dans toutes les célébrations eucharistiques, pendant lesquelles le Seigneur se fait présent au milieu de son peuple, appelé à participer réellement au salut réalisé par le Christ mort et ressuscité. La participation active et consciente consiste, donc, à savoir entrer profondément dans d’un tel mystère, à savoir le contempler, adorer et accueillir, dans la perception de son sens, grâce en particulier au silence religieux et à la « musicalité du langage par lequel le Seigneur nous parle » (Homélie à Sainte-Marthe, 12 décembre 2013). C’est dans cette perspective que se situe la réflexion sur le renouveau de la musique sacrée et sur son précieux apport.
A ce propos, il émerge une double mission que l’Église est appelée à poursuivre, spécialement à travers ceux qui travaillent à des titres divers dans ce secteur. D’une part, il s’agit de sauver et valoriser le patrimoine riche et multiforme hérité du passé, en l’utilisant avec équilibre dans le présent et en évitant le risque d’une vision nostalgique ou « archéologique ». D’autre part, il est nécessaire de faire en sorte que la musique sacrée et le chant liturgique soient pleinement « inculturés » dans les langages artistiques et musicaux de l’actualité ; qu’ils sachent incarner et traduire la Parole de Dieu en chants, sons et harmonies qui fassent vibrer le cœur de nos contemporains, créant aussi un climat émotif opportun, qui dispose à la foi et suscite l’accueil et la pleine participation au mystère qui est célébré. Certes la rencontre avec la modernité et l’introduction des langues parlées dans la Liturgie a créé de nombreux problèmes : de langage, de forme et de genres musicaux. Parfois a prévalu une certaine médiocrité, superficialité et banalité, au détriment de la beauté et de l’intensité des célébrations liturgiques. C’est pourquoi les différents protagonistes dans ce domaine, musiciens et compositeurs, chefs et choristes de scholae cantorum, animateurs de la liturgie, peuvent apporter une précieuse contribution au renouveau, surtout qualitatif, de la musique sacrée et du chant liturgique. Pour favoriser ce parcours, il faut promouvoir une formation musicale adéquate, aussi à ceux qui se préparent à devenir prêtres, dans le dialogue avec les courants musicaux de notre temps, avec les instances des divers espaces culturels, et dans une attitude œcuménique.
Chers frères et chères sœurs, je vous remercie encore pour votre engagement dans le domaine de la musique sacrée. Que la Vierge Marie, qui dans le Magnificat a chanté la sainteté miséricordieuse de Dieu, vous accompagne. Je vous encourage à ne pas perdre de vue cet important objectif : aider l’assemblée liturgique et le peuple de Dieu à percevoir et participer, avec tous ses sens, physiques et spirituels, au mystère de Dieu. La musique sacrée et le chant liturgique ont le devoir de nous donner le sens de la gloire de Dieu, de sa beauté, de sa sainteté qui nous enveloppe comme une « nuée lumineuse ».
Je vous demande, s ‘il vous plaît, de prier pour moi et je vous accorde de tout cœur la Bénédiction apostolique.
© Traduction de ZENIT, Hugues de Warren

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Hugues de Warren

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