La traite des êtres humains représente quelque 36 millions de victimes dans le monde : une « ignominie » pour le Saint-Siège qui secoue une nouvelle fois les consciences et appelle travailler à l’élimination de ce trafic.
Mgr Bernardito Auza, Observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU à New York est en effet intervenu une nouvelle fois sur ce thème le 23 février 2017 à l’occasion de l’inauguration de la Chaire sur les migrations et la mondialisation ouverte par la Fondation Casamarca à l’université catholique Fordham (New York). Le texte, en anglais, a été diffusé le 3 mars.
Le représentant du Saint-Siège a chiffré ce fléau : on estime que 36 millions de personnes sont affectées d’une façon ou de l’autre par ce trafic, avec une croissance du nombre des hommes.
Les formes de ce trafic sont multiples : esclavage du sexe par la prostitution et la pornographie, travail forcé, participation contrainte à des activités illégales, enfants-soldats, mariages forcés et enfants-épouses, adoptions illégales, vol d’enfants de femmes enceintes, prélèvement d’organes, et sacrifices humains.
En même temps la sensibilité à la question a grandi ces dix dernières années dans la communauté internationale, a constaté le nonce, comme en témoignent les nombreuses plates-formes des Nations Unies consacrées au trafic d’êtres humains, y compris dans l’Agenda 2030 pour le développement durable, dans la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants et dans les débats du Conseil de sécurité.
En même temps, si les politiques et l’attention internationale grandissent, il faut aussi travailler davantage, a demandé Mgr Auza, pour déraciner ce « fléau », spécialement pour ce qui concerne les femmes et les petites filles : 80% des victimes de la traite sont en effet des femmes et des enfants. Et ce trafic génère des profits évalués à 32 milliards de dollars par an.
Mgr Auza a fait observer l’esclavage n’est pas une réalité et passé et qu’aucun pays n’est épargné : il s’agit d’un phénomène grandissant, alimenté par les conflits et l’extrême pauvreté.
Mais la traite est aussi liée, a-t-il fait observer, aux conséquences négatives de la globalisation et aux flux internationaux de migrants et de réfugiés dont le nombre était estimé par les Nations Unies à 250 millions dans le monde en 2015, soit une augmentation de 40% par rapport à l’An 2000. Et plus de 65 millions de personnes ont été déplacées en raison de persécutions, de conflits et de violences.
Ces données reflètent souvent les « formes modernes d’esclavage » de millions de personnes « sans défenses et vulnérables », a souligné le nonce.
C’est pourquoi il a appelé la communauté internationale à s’engager pour « éliminer » le travail forcé, comme l’Agenda 2030 le prévoit, à mettre fin aux esclavages modernes et à la traite des êtres humains, pour éliminer cette « ignominie ».
Le pape François a annoncé clairement que c’était une des priorités de son pontificat a souligné Mgr Auza, et, le 25 septembre 2015, il a en effet déclaré à l’ONU à New York : “On doit être attentif à ce que nos institutions soient efficaces dans la lutte contre tous ces fléaux » et l’on doit prendre des mesures « concrètes et immédiates » dans ce sens.
Il a aussi rappelé l’engagement de l’Eglise catholique et sa précieuse contribution à l’élimination de la traite. Il a aussi rappelé les interventions des papes pour condamner ce trafic « honteux ».
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